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AMBIENT BM / PSYCHE   |  STUDIO

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2010 1 Murmuüre
 

2010 Murmuüre
 

- Style : Urfaust
 

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MURMUÜRE - Murmuüre (2010)
Par ENLIL le 27 Décembre 2010          Consultée 8298 fois

MURMUÜRE est français, sort d'on ne sait où et en l'espace d'une demi-heure fait siffler vos oreilles d'une bienheureuse évidence : on tient là l'enregistrement BM le plus fascinant de l'année. Oui : avec ce premier et dernier essai, d'abord paru sur Cold Void Emanations en format cassette puis judicieusement réédité en format CD sur Paradigms Records, MURMUÜRE fout sa misère aux ¾ des sorties ayant cette année saturé la scène, « traditionnalistes » ou « transversales », mineures (les tombereaux de machins sans intérêt) ou « majeures » (les derniers BURZUM et ENSLAVED, quelconques à s'en taper le cul par terre). Ici, une chose est claire : les pendules sont remises à l'heure, et bien.

C'est pourtant simple quand on y pense : on cherche la hiérarchie, l'excellence sur ce chemin bien borné, défini et conventionnel qu'est le BM, on se retrouve bien malgré nous Mères Thérésa de l'UG (« oui bon c'est qu'un début c'est prometteur quoique pourri hein mais rhooo un peu d'indulgence et de charité chrétienne merde ») et PAF (le chien), ni une ni deux une torgnole venue des Pyrénées vous file droit dans la tronche, portée par le Mac 1 de la désinvolture, du tordu et du lo-fi bien écharpé. J'ai rien vu venir ; j'en suis encore sonné ; et passé les premières impressions un constat s'impose, évident : l'exceptionnalité de ce one-man-band est exemplaire, exemplaire dans sa qualité musicale intrinsèque, son intégrité et, surtout, sa personnalité.

Ouais, c'est aussi et surtout ça le Black Metal : plus qu'un cahier des charges à respecter ou l'allégeance à un traditionalisme confortable, c'est avant tout l'innocence, la désinvolture des tripes crûment étalées à l'air libre, l'insigne je-m'en-foutisme du « qu'en dira t'on », l'impulsion spontanée, viscérale et potache au bordel sonore. Ce pavé dans la mare, cette rafale de fraîcheur est d'un non-conformisme si naturel, touchant et naïf (dans le bon sens du terme), dense mais jamais m'as-tu-vu (garantie zéro prise de tête), qu'il s'inscrit d'emblée en différend avec ce BM pseudo-avant-gardiste, pseudo-original qui, singeant l'esthétique hypertrophiée du grotesque, du théâtral et de la bouffonnerie tels que génialement initiés par ARCTURUS, se complaît bien médiocrement dans le conformisme du « sonner différemment pour sonner différemment », bref : de l'anti-conformisme sot (la bise aux derniers CODE et PENSÉES NOCTURNES).

Cependant, porter plus que de raison l'accent sur l'évidente « typicité » sonore du bouzin risque de nous aveugler sur un fait : somme tout, la singularité de cet OVNI musical porte, à mon sens, (un poil) moins sur le matos utilisé, le support et la nature des sons que l'on réceptionne – riffs fuzzy, rythmique chaotique, distorsion âcre, playschool bien kosmische, dans l'absolu notre oreille est « habituée » à ce matériau – que sur l'utilisation qui en est faite, l'agencement du tout et le process de composition « génétique » qui le rendent si imprévisible, déroutant et déstabilisant à l'écoute, bref : authentiquement novateur. Qu'est-ce-à-dire, au juste ?

Simple : on pourrait qualifier cette orgiasme sonore lo-fi, charnu et généreux, de « bordel hétéroclite intelligemment agencé », où chacun de ses composants – lignes de guitares improvisées, décharnées, aux riffs crus et discontinus se superposant ou s'enrichissant d'ajouts intempestifs ("Reincarnate"), batterie aux résonances tantôt lives, tantôt synthétiques et piscines de claviers enrobant le tout, quand ils n'évasent pas seuls la voûte céleste (les plages d'ambient nocturne bien ficelées des "Torch Bearer" et "Desincarnate" aux dévoilements fascinants) –, tous enregistrés à des moments ou dans des lieux différents, fusionnent, se fondent et se reversent l'un dans l'autre dans une densité psychédélique merveilleusement (miraculeusement ?) convaincante, à très forte teneur hallucinogène.

Mais entendons bien ce terme de « psychédélisme » ! A l'instar d'ALUK TODOLO, de son "Noise-Rock" occulte et de ses patterns rythmiques révélatrices (sur le 7''), apprendre que MURMUÜRE ait, au moins à titre d'inspiration, tâté du Kraut pour la consistance foutriquement étrange, bruyante et viscérale de son météore liminal ne me surprendrait guère ; - météore traversant et illuminant, dans son unique course, le ciel d'un genre bien vide de ce type d'étoiles filantes... et, comme ALUK TODOLO, de clairement se détacher, par son esthétique lo-fi et sa propension aux « bavures », d'une mouvance Post-Black si prompte à se revendiquer de « psychédélisme » dès lors que composer deux-trois riffs bizarres sur quelques liserés au moog passe pour être « psychédélique » ; dès lors que l'on se charge, aussi, de bien ébarber le son à grands coups de compresseurs et de Noise-Gate pour l'éclaircir un maximum (coucou NACHTMYSTIUM). Car la faune metalloïde n'aime l'aventure que sous de multiples conditions : hygiène d'écoute irréprochable, rectitude d'un parcours au demeurant balisé, grosses flèches clignotantes au sol pour trouver son chemin... mais cela, je vous le demande : est-ce encore de l'aventure ?

Chez MURMUÜRE, nous naviguons de guingois dans un univers onirique, instable et cradingue à souhait, émaillé d'épiphanies sonores vraiment, mais alors vraiment bizarres (pour ne pas dire louches), comme l'étonnifiant appel flûté du début de "Primo Vere", suivi de cette inoubliable, génialement équivoque litanie électrique. Toutes viendront vous désarçonner, brouiller vos repères sur le lit d'un riffing abrupt, rêche, aux ressassements nauséeux ("Reincarnate", "Amethyst"), et dont les déflagrations soudaines, grisantes, vous propulseront cul par dessus tête dans l'océan céleste, où les aquariums pourrissants vomissent des étoiles fuchsias en pleine transe rituelle... l'excellentissime "Adieu au Soleil" et ses ornements poignants, dramatiques, émergeant de cette tornade Ambient Black en flux tendu me semble être un bon exemple.

Mais on aura beau s'échiner à retranscrire tous les trésors que renferme cette vaste invocation, à la rapprocher arbitrairement de X ou de Y, que cette dernière continuera à retentir entière à nos oreilles, riche et insaisissable comme une corne d'abondance fantôme, prodigue en fantasmagories sonores obliques, apeurantes mais toujours fascinantes. Pour un coup d'essai, c'est bel et bien un coup de maître.

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   ENLIL

 
   JEFF KANJI

 
   (2 chroniques)



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1. Primo Vere
2. Reincarnate
3. Torch Bearer
4. Amethyst
5. L'adieu Au Soleil
6. Disincarnate



             



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