C’est en 1996, un an après sa formation qu’ORANGE GOBLIN enregistre ses premières notes sur un split album dénommé "Our Haunted Kingdom". Ils partagent la galette trois titres avec ELECTRIC WIZARD et se gardent la part du lion puisqu’ils se rendent responsables des deux tiers de la galette. Bel exploit puisque ce split sort sur le label de Lee Dorian (CATHEDRAL), Rise Above, réputé pour sa droiture ainsi que la qualité de son catalogue. Trois bons albums de stoner pur jus plus tard, ils seront adoubés par leurs parrains américains de KYUSS sur l’album "Coup de Grâce". Le disque est produit pas Scott Reeder (bassiste de KYUSS) et John Garcia (vocaliste du même groupe) qui y partage le chant avec Ben Ward sur deux titres. Après la semi déception engendré par "Thieving from the House of God", ORANGE GOBLIN quitte le label Rise Above pour rejoindre Sanctuary Records. Il ne convient pas ici de démêler certains malentendus, s’agissant simplement de business, les besogneux londoniens révèlent à la face du monde "Healing Through Fire", sixième offrande et surenchère de basses fréquences.

ORANGE GOBLIN c’est quoi ? Malgré une filiation évidente avec le stoner désertique américain, le groupe se situe également dans la continuité d’un BLACK SABBATH, c’est à dire jamais trop loin du doom non plus mais capable de solo typique hard rock comme de riffs hypnotiques. En fait, ORANGE GOBLIN est un outsider confidentiel qui mériterait un intérêt croissant du public. Sans compter la voix du chanteur, ultra reconnaissable par son timbre rauque et criard.

En neuf titres, ORANGE GOBLIN remet les pendules à l’heure. Petite intro sur fond de tir au canon, la basse se met à ronfler. Et le groupe enfile les titres comme d’autres des perles. "The Ballad Of Solomon Eagle" est la bande son parfaite pour biker en virée. Un clavier peine à percer au milieu du maelström pour une apothéose guitaristique en conclusion. "Vagrant Song" se fait remarquer par l’intervention de son solo bluesy entre deux vociférations du Sieur Ward, le bedonnant tatoué."Cities Of Frost", retour vers un stoner psychédélique à l’ancienne. Ça sent les rôts de bière à n’en plus finir jusqu’aux arpèges d’inspiration médiévale de "Mort Lake (Dead Water)", courte respiration avant le gros morceau. En effet, "They Comes Back (Harvest Skull)" qui voit l’apparition au chant d’Andrew Hartwell pour une composition épique avant le très typé américain "Beginners Guide To Suicide", guitares sudistes en intro qui sentent bon le désert. Un orgue, encore vient renforcer cette sensation de chaleur rampante et d’étouffement. La voix de Ben se fait plus doom que criarde quelques instants. Pour ne pas trop séduire, la surprise ne dure que quelques secondes. L’harmonica enfonce le clou, comment diable des anglais peuvent reproduire un tel son ? Le morceau évolue sur du blues des familles. Plutôt gras et surprenant de la part d’ORANGE GOBLIN qui ne nous avait plus habitué à cela depuis "Time Travelling Blues". Avis positif concernant ce nouvel opus mais le sentiment qu’ils n’ont pas encore accouché de leur œuvre maîtresse est toujours présent. D’où l’extrême motivation de suivre ce petit groupe de bourrin, grand par leur talent.

Le bonus de ce "Healing Through Fire" n’est pas négligeable. Il s’agit d’un DVD live d’une quarantaine de minutes enregistré dans une sale londonienne au mois de décembre 2010. Les prestations live du GOBLIN sont entrecoupées de minis interviews et de moments de vie prit sur le vif en studio. Le résultat de ces dix titres est de qualité humaine, brut et sans chichi. Par contre aucun choix n’est proposé pour la piste audio. Point barre.

Les quatre musiciens devaient apporter une nouvelle pierre à l’édifice en cette fin d’année 2010. Ben Ward, maître à penser du groupe se ravise. Du matériel a été enregistré, il ne tient cependant pas à se foutre la rate au court bouillon avec des dead lines. Un album devrait voir le jour, mais pour le moment le groupe tourne pour fêter son quinzième anniversaire. Et si c’est Ben qui le dit, autant ne pas le contrarier. C’est le genre de Goblin mutant qui ressemble plus à un ours qu’à un animal mythologique taquin. Fan des bisounours, passez votre chemin.