Ce quatrième disque d’ORANGE GOBLIN, gardien du bastion britannique stoner, voit l’apparition de deux ex-KYUSS : John Garcia et Scott Reeder, respectivement chanteur et bassiste de la formation californienne culte. Sur papier, cette association de graisseux à tout pour mettre l’eau à la bouche. Rendez-vous compte de l’importance de la rencontre de deux groupes leaders du mouvement, sur une galette prometteuse à l’imagerie de comics horrifiques. Il faut dire que Ben Ward, notre vocaliste est un grand fan de films d’horreur américains et transalpins. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un œil sur le site officiel mais également au livret qui accompagne le cd. Nous y retrouvons les noms des grands maîtres que sont Sam Raimi, Romero, Fulci, Bava, Argento ainsi que la bande dessinée italienne méconnue dans nos contrées mais qui mérite que l’on s’y intéresse, j’ai nommé Dylan Dog.

Possédant toutes ces informations, quand on tient l’objet dans ses mains, on place la barre très haute. Trop haute peut-être, à en oublier que nos hommes ne sont que d’humbles artisans. L’album est loin d’être mauvais, nous y trouvons des titres percutants qui en côtoient d’autres plus faibles, minoritaires. Les quatre premiers morceaux sont très rock et possèdent un groove dans la lignée de ce que les anglais nous offrent de mieux.
Les deux titres qui voient l’apparition de John Garcia attirent forcement toute l’attention de l’auditeur. Son timbre de voix si particulier forme le contrepoint idéal pour le chant de Ben Ward. « Made Of Rats » possède un tempo plus lent et plus lourd au point que l’on croirait entendre KYUSS (sur ce titre Ben Ward n’intervient que sur les refrains). « Jesus Beater » est quant à lui un véritable duo. Ces deux chansons sont exceptionnelles et fourmillent de breaks aux arrangements fouillés. On devine que nos lascars ont peaufiné leurs offrandes et nous ne saurions que les en remercier.
Quand à la production de Scott Reeder, on sent bien qu’elle est tenue par un bassiste. L’instrument tient une place prépondérante dans le mixage. Ceci n’étant pas rédhibitoire puisque trop rare et ma foi fort original. Basses et guitares ronflent comme des moteurs au point que l’on se croirait au milieu d’une chevauchée de bikers, on sentirait presque l’asphalte chauffer sous le soleil. STEPPENWOLF n’est jamais trop loin. Au passage, je signale que l’on croise Scott Reeder dans le reportage « Some Kind Of Monster » de METALLICA, le monsieur ayant auditionné pour le poste de bassiste laissé vacant suite au départ de Newsted.
L’album qui reste néanmoins celui d’ORANGE GOBLIN est très aéré, il offre une palette d’ambiances différentes et assurément stoner-rock. L’album se clôt par deux curiosités sympathiques, une reprise punk abrasive des MISFITS « We Bite » joué pied au plancher. Emballé s’est pesé : 1 minute 19. Puis, un petit blues pas piqué des hannetons "Stinkin' o' Gin", exercice de style fort bien exécuté et particulièrement jouissif.

Certes, cette « Dream Team » ne révolutionne pas un genre qui n’en a aucun besoin et surtout, elle n'en a pas la prétention. Ce n’est d’ailleurs pas le but de la manœuvre. Il s’agit simplement d’un petit bijou prétexte à fédérer autour d’une même passion pour la musique. Parce que ces musiciens ont beau avoir des noms, ils n’en respirent pas moins l’humilité. Chapeau bas !!