Paul Gilbert, discret musicien n’en est pas à son premier coup d’essai. Guitariste depuis ses cinq ans, autant de ténacité ne pouvait que le faire exploser à la face du monde. Il fait ses premières armes avec le groupe RACER X pour huit albums, il y côtoie le batteur Scott Travis avant son incorporation chez JUDAS PRIEST. Vient ensuite l’aventure importante du guitariste qui fera sa renommée internationale : MR BIG. Paul Brandon Gilbert fait alors équipe avec Billy Sheehan à la basse (ex-DAVID LEE ROTH). Epaulés par Eric Martin au chant et Pat Torpey à la batterie, le groupe fait des miracles, créant le buzz chez les musiciens avant d’accéder à un succès commercial énorme au début des 90’s. Autant au Japon qu’aux Etats-Unis. La valeur ajoutée de la formation américaine vient de la combinaison efficace (mais actuellement affreusement datée) entre technique musicale et machine à hits. Les filles se rappellent certainement de "To Be With You" extrait de "Lean Into It" (1991) qui pour l’exemple ne se révèle pas être d’une technique musicale spécialement impressionnante, si ce n’est pour emballer !!! Il reste aujourd’hui très peu de fans de MR BIG. Des nostalgiques qui ont vu le groupe s’affaisser d’année en année. Ritchie Kotzen (ex-POISON) reprenant la place de Paulo après son départ dés 1999.

Technicien hors pair reconnu pour sa technique particulière du shred, Paul Gilbert entame une carrière solo dés 1998 et livre avec constance des productions estampillées sous son nom propre pour se rappeler à nos bons souvenirs. Depuis la découverte du jeune prodige par les médias, celui-ci quitte rarement les très nombreux classements que les magazines aiment à produire. Ainsi les mensuels dédiés à la guitare ne manque pas de comparer son jeu à celui d’Yngwie Malmsteen et tantôt de le classer parmi les dix plus rapides du monde. Son réel talent provenant de son goût pour des styles aussi différents que le Heavy Metal, le Blues, le Jazz, le Funk, ou encore la musique classique. Il n’y a pas dire, c’est incontestable Paul Gilbert est un virtuose de la six cordes. Et il se prépare une fois encore à le prouver avec "Fuzz Universe", son neuvième album solo et troisième totalement instrumental.

Réticent et on le comprend à livrer des albums purement instrumentaux, c’est suite à la réunion du G3 auquel il a participé que Paulo a décidé de s’y coller. Il s’est immergé dans des styles de musique particulièrement atypiques comme les chants bulgares féminins, pièces baroques au luth et violon, ou encore les BeeGees pour fournir celui-ci. Nous ne ferons pas mentir le gaillard, lui aussi conscient des limites de l’exercice instrumental. Des morceaux tels que "Fuzz Universe" ou "Olympic" s’écoutent sans déplaisir mais bien souvent cette profusion de notes à outrance fatigue. "The Count Juan Chutrifo" gave l’auditeur d’entrée de jeu. Vient ensuite "Bach Partita In Dm" qui comme son nom l’indique provient d’une partition de Jean Sébastien Bach et une autre reprise, "Blue Orpheus" de Todd Rundgren et dont l’intro fait penser au générique du feuilleton télé K2000. Tous les plans de guitare sont ici excellents mais mériteraient de se voir exploités dans le cadre traditionnel de chanson rock. Suggérant un chanteur à coffre par-dessus au lieu d’un pleureur comme Eric Martin. "Don't Rain On My Firewood" est un hommage à peine déguisé à Jimi Hendrix et malgré cette preuve de bon goût, le résultat est sans appel.

Paulo dont la grosse fan base se trouve au Japon, ne manque jamais de les honorer. On reconnaitra le logo à peine camouflé du soleil levant. La femme de Paulo qui accessoirement joue sur l’album est aussi japonaise que les éternelles Ibanez qu’il porte autour du cou. "Fuzz Universe" est d’ailleurs produit par une équipe japonaise. Autant dire que c’est une histoire d’amour et qu’ainsi, il est peut être normal si nous n’y comprenons rien. Paulo est un humble génie, vivement qu’il revienne avec un projet à notre niveau.