Vous vous souvenez de MR. BIG ? Vous savez, ce groupe qui comptait en ses rangs, parmi pléthore de stars, un guitariste incendiaire émoulu de RACER X ? Et bien ce petit pyromane de la six cordes, alias Paul Gilbert, s’est également distingué par une carrière solo pas vilaine. Et ça tombe bien : Mascot Records se propose aujourd’hui de vous en faire un petit résumé avec ce « Best Of » !

Bon, c’est vrai, les Best Of, d’habitude, c’est une compilation de titres archi connus et un pauvre inédit pour ponctionner le malheureux fan ultime qui veut tout avoir de son artiste fétiche, quitte à contraindre son porte monnaie à une cure de Slim Fast. Mais Paul Gilbert, lui, joue les choses avec classe : dix sept titres, dont cinq inédits (pas mal !) et, en bonus, une demi-heure pour dix titres supplémentaires sur un deuxième Cd, le tout au prix d’un album simple. Pas radino, le Paul !

Commençons par le Best Of. Ceux qui me connaissent le savent bien : je préfère amplement une bonne ode au démon à une petite virée ricaine, coude à la portière et cheveux au vent. Et pourtant, c’est avec un vif plaisir que je savoure le Big Rock / Hard FM de Paul Gilbert. Car si la voix du garçon garde des intonations assez charmeuses (mais pas mièvres), la musique est franchement à l’avenant : du vrai bon Rock mélodique qui déménage (le fonceur et festif "I Like Rock", le quasi punk-Rock "Individually Twisted", le tube "My Religion", le pétaradant "Down To Mexico" qui rappelle un peu le "The One To Sing The Blues" de MOTÖRHEAD), du FM pas dégueulasse ("Girl Crazy", "Million Dollar Smile"...), des trucs inclassables ("Girls Watching" et son feeling Rock marqué, la reprise punchy du "Karn Evil #9" composé par Emerson et Lake, l’incroyable instrumental à la DREAM THEATER "Let The Computer Decide")… Paul a le feu sacré, et en fait bien profiter son jeu de guitare ahurissant, mêlant le fun pyrotechnique d’Eddie Van Halen à la dextérité d’un Malmsteen dont on aurait sédaté l’ego. Et Paul Gilbert de témoigner en outre de sa passion manifeste pour J.S. Bach à travers le court "G.V.R.O." et le monstrueux "Gilberto Concerto", tous deux adaptés du maître classique. Du Yngwie, la prétention en moins !

Quant aux cinq inédits, si "I’m Not Afraid Of The Police" est un peu too much pour moi (du gros FM), le groovy "I Feel The Earth Move" (une reprise inédite de Carole King datant des sessions de « Alligator Farm »), le truculent "Superloud", la version alternative de "Girls Who Can Read Your Mind" (avec une intro pianistique inédite) et le bien marrant "The Second Loudest Guitar In the World" (inédit des sessions de « Burning Organ » sur lequel Paul se lâche totalement à la gratte) ne sont pas de vulgaires chûtes de studio, bien au contraire !

Et le deuxième CD, intitulé « Gilbert Hotel » ? Il s’agit en fait d’une sympathique demi-heure d’acoustique pas trop molasson, exercice qui a tendance à me laisser froid… mais pas ici, le talent, la sensibilité et la belle voix de Paul faisant son effet ! A noter d’ailleurs deux nouvelles pièces inspirées par Bach (décidément), à savoir "N.F.R.O." et "W.T.R.O.", une reprise de "The Lamb Lies Down On Broadway" (GENESIS), et un très amusant "Older Guy" (on dirait un mélange entre le générique de "Jeanne et Serge" et la mélodie de "A L'aventure Compagnons" de Pen Of Chaos... ceux qui connaissent ce truc là savent que je suis en train de sourire!).

Bon, c’est certain, si vous carburez au MARDUK et que vous ne pouvez souffrir le Hard à tendance Big Rock / Hard FM, il est possible que vous condamniez ce « Best Of » à l’autodafé… mais pourquoi ne pas prendre la peine de découvrir le talent de song writing et la folie guitaristique de Paul Gilbert ? Ca a bien marché avec moi ! Alors pourquoi pas avec vous ?