Je ne sais pas quand la Deuxième Guerre mondiale cessera de fasciner l'humanité. Probablement jamais. Son ampleur, sa violence et ses personnages principaux ont tant marqué que non seulement les livres d'histoire pullulent, mais les artistes de tout acabit lui rendent un hommage à leur façon. La littérature est évidemment très abondante sur le sujet, mais selon moi, une des représentations les plus « réalistes » et frappantes est la guerre couchée sur disque de manière cinglante comme le fait HAIL OF BULLETS, seul héritier à mon sens des Anglais de BOLT THROWER.

Les Néerlandais, tous des vétérans (pas de la guerre, mais on le dirait bien !) n'ont débuté leur campagne qu'en 2006, et déjà, le gratin métallique le tient en haute estime. Atmosphères grises et froides, la guerre en somme, son monstrueux, capacité à peindre pour la millième fois ces images dramatiques dans notre ciboulot, "…Of Frost And War" a su contenter les supporteurs de BT en leur offrant un peu le même style de musique catchy et balèze comme une pluie de tanks. Bien que le sujet n'ait pas été très original (affrontement entre les armées d'Hitler et de Staline, jusqu'à la chute de Berlin), le groupe a démontré des aptitudes incroyables à recréer cette sensation de suffocation, de mort imminente, d'affrontements débiles. Et leur E.P. "Warsaw Rising", sorti un an plus tard a confirmé que la formation serait là pour rester.

Nous arrivons donc à l'automne 2010 avec une armée toute neuve pour un autre chapitre de la WW2, un peu moins connu celui-là : la bataille du Pacifique mettant en scène les Forces alliées – surtout des Américains – contre les Japonais – ceux-là qu'on soupçonne de s'être auto-bombardés au début de la guerre pour envahir la Mandchourie ("The Mukden Incident"). La curiosité est déjà attisée et elle ne sera pas déçue !

Bien sûr, les mordus de jeux vidéo auront eu l'occasion de pénétrer les défenses nippones en tirant dans le tas pour s'instruire, tandis que les cinéphiles auront été témoins de la déconfiture de l'armée du Soleil levant à Iwo Jima ou des Ricains à Pearl Harbor ("Operation Z"), mais pour les autres, ce conflit jugé secondaire à côté d'une Europe mise à feu et à sang, vaut la peine qu'on s'y attarde. Enfin, Martin van Drunen le pense, lui, et hurle à pleins poumons ("The Guadalcannnaaaalllll !!!") cet épisode dévastateur de la WW2, fort différent de celui du Vieux continent. Quiconque s'y connaît un peu sait que les Japonais étaient guidés par un fanatisme à toute épreuve (les kamikazes en sont le meilleur exemple) et que les conditions de combat, plus tropicales qu'hivernales, ont donné lieu à des assauts d'une toute autre nature. Comme "On Divine Winds" est d'une nature plus chatoyante que les précédents efforts du groupe.

Et bien que HAIL OF BULLETS ne se réinvente pas un style (on a encore droit à du Death martial corsé comme un Panzer), il faut admettre qu'un changement de toile de fond a été bénéfique : les Néerlandais ont amélioré, du moins, injecté plus de mélodies et de soli dans leur musique. "…Of Frost And War" s'en approche, certes, les sonorités des guitares sont les mêmes et la batterie alterne toujours entre des cavalcades enflammées ou une lente marche guerrière (spécialité de BT), mais "On Divine Winds" nous montre une facette plus claire du potentiel du quintette. On n'aura aucune misère à distinguer toute les attaques de cet album, les riffs sont plus marquants ("Operation Z", "The Mukden Incident", "Strategy Of Attrition", "Guadalcanal", "Sugarloaf Hills", "Kamikaze") et les soli ne sont pas aussi discrets, ils mitraillent sévère. Et tels des obus tombant lentement du ciel, les bridges aériens de Paul Baayens et Stephan Gebedi sont brillants et rajoutent des couches de napalm sur ce territoire cramé par les bombes et le soleil, où la désolation règne.

HAIL OF BULLETS n'est pas génial, mais il a le potentiel pour graver les tympans comme BOLT THROWER (ne vous inquiétez pas, c'est la dernière fois que je les compare, le prochain album de HOB dressera un rempart entre l'élève et le maître) a su le faire, grâce à un Death aux mélodies grasses et répétitives qui tournent le fer dans la plaie des masochistes. "On Divine Winds" est supérieur à "…Of Frost And War" en ce sens que ses chars d'assaut sont mieux définis. Les deux albums sont très bons, mais ma préfèrence va à ce petit dernier, moins crasseux et plus mélodique.

La guerre est loin d'être terminée.