Rappelez-vous de cette scène du chef-d'œuvre "Schindler's List", où Oskar Schindler et sa femme Émilie sont au restaurant. Oskar parle de la fortune qu'il fera dans les prochaines années avec sa manufacture d'émail. Il parle alors d'un facteur déterminant à son succès. « La chance ? », demande alors innocemment Émilie. « La guerre », répond l'industriel en lui baisant la main, le regard perçant. HAIL OF BULLETS, ce groupe néerlandais de Deatheux vétérans est un peu comme Schindler : il n'a pas besoin de chance, car il a du talent, et il n'a eu besoin que de ressortir ses vieilles encyclopédies poussiéreuses pour accoucher de ce premier et fracassant album. Un peu de documentation, de bière et de hargne et bingo !

Je défie quiconque de me trouver un événement qui a influencé autant les artistes que la Deuxième Guerre mondiale. Je n'en connais pas et quand bien même que j'essaierais de me creuser le ciboulot, je ne trouve aucune autre réponse. Merde, si quelqu'un ne sait pas encore qu'Hitler s'est explosé le caisson dans son bunker alors que le mortier s'abattait dans le jardin de la Chancellerie du Reich, que les Russes ont gagné cette guerre haut-la-main en surpassant par dizaines de milliers le nombre de soldats allemands, que le début de la fin de cette offensive allemande a été la défaite à Stalingrad, eh bien, je suis disponible pour des taloches ou un cours accéléré d'histoire. Sinon, z'avez qu'à jouer aux jeux vidéo style "Call Of Duty" pour affiner vos connaissances guerroyeuses, ça en vaut la peine. Vous aurez ainsi l'impression de pénétrer dans une mine historique interminable et foutrement passionnante.

"…Of Frost And War", des Hollandais de HAIL OF BULLETS, est une libre interprétation de l'offensive allemande (« Barbarossa ») et de l'avancée des Russes vers la capitale teutonne, Berlin, entre 1941 et 1945. Bref, un compte-rendu sans merci des années les plus meurtrières et les plus documentées de l'histoire. Du pur Death/War Metal à la BOLT THROWER, mais en plus rapide et en plus cinglant. BT groove plus, trempe ses cordes dans l'huile, alors que les Néerlandais remplissent le casque de grattes rasoir d'un bout à l'autre, comme de gros Panzer traînant leur gros cul à haute vitesse. Effet bœuf que cette formule certifiée WW2, emballée par-dessus le marché par Dan Swanö.

Y a pas à dire, vous êtes au front et vous ne vous poignerez pas les fesses sous le commandement de HAIL OF BULLETS. Pas de « clic » de gâchette dans le vide, on tire pour de vrai, c'est du Death grassouillet et martial bordel de merde ! En ligne, soldat ! Et ne cherchez pas trop de perles rares dans ce « war ensemble », à part peut-être les riffs sales et frits de "Ordered Eastward", "Red Wolves Of Stalin", "Inferno At The Carpathian Mountains" et "Nachthexen" qui sont impossibles à manquer. Et bien entendu, cette foutue basse, si prégnante en Death kevlar. Sur "…Of Frost And War", elle est une boussole ultra précise que l'on suit aveuglément.

Regardez cette tracklist une seconde. Impossible de ne pas être immédiatement submergé par les images… « de gel et de guerre ». La tombe se creuse peu à peu, dès que les « loups rouges » de Staline se faufilent vers l'est sur le terrain accidenté qu'ils connaissent par cœur et qui sera fatal aux Allemands trop gourmands. Des tonnes de cadavres jonchant les berges du lac Ladoga aux affrontements singuliers à Stalingrad, vous êtes imprégnés de cette ambiance combative et funéraire comme il a rarement été possible de l'être. L'expérience des zicos parle d'elle-même, pas besoin de discourir des siècles, ils savent comment déclencher une offensive débile et obèse. Aussi sauvage et violent que ce concept ignoble qu'est la guerre.

BOLT THROWER est sur le carreau ? On s'en tape. Tant que HAIL OF BULLETS sera là pour prendre le relais, les fanas du genre seront rassasiés. Même le cinglé de Martin Van Drunen gueule mieux que Karl Willets, alors ça vaut la peine d'enfiler ses bottines laquées et son casque bardé de balles.

4 coups de feu lancés dans le ciel poisseux.