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MARTRIDEN - Encounter The Monolith (2010)
Par MEFISTO le 6 Septembre 2010          Consultée 11259 fois

J'avouais bien candidement à mes collègues de Nightfall que depuis que "Encounter The Monolith" est entré dans ma vie, je n'écoutais plus rien d'autre, car j'avais peur de me sentir infidèle… Comme si, tout d'un coup, mon esprit réunissait ses mille pensées disséminées à des lieues à la ronde et les enfermait dans une seule pièce en leur disant : « Concentrez-vous sur cette seule et unique chose, elle a besoin de toute votre attention, elle le mérite du moins ». Là, vous crânerez peut-être en prétextant que c'est impossible, vu le nombre d'albums que je vous fais découvrir, mais c'est la vérité. J'étais en panne, car l'envie d'écrire se trouvait enfouie sous des tonnes d'envies d'adorer.

Et le pire dans cette histoire est que ma liste d'écoutes potentielles continuait de s'allonger… Et je savais qu'après l'aventure MARTRIDEN (l'équivalent de "cauchemar" en langue scandinave), quand je reviendrais à la réalité, une masse de boulot se serait accumulée sur le coin de mon bureau ! J'étais dans la merde… Mais ça valait la peine de tout envoyer valser pour ce joyau extirpé par hasard des plaines du Montana, probablement l'endroit le plus idyllique pour composer du Metal de cette teneur ; perdu au milieu de nulle part, de vastes espaces, un coin tranquille où il est facile de s'égarer dans le vortex de son âme dédaléenne et d'halluciner des soucoupes volantes quand on est bourré… Un joyau que des dizaines et des dizaines de critiques de partout dans le monde ont encensé, lui foutant des 4, 4,5 et 5 sans hésiter. Rien en bas de ça, que du 4 en montant (chose difficile à croire et surtout à accepter quand on est dans l'Hexagone, partisan de la critique acerbe par principe...). Faut que "Encounter The Monolith" soit archi balèze pour s'attirer un tel dithyrambe…

Le quatuor y est arrivé grâce à une mixture bien dosée de Black moderne (quelques pincées seulement), de Prog (surtout du côté des bridges éthérés et du clavier féérique style années d'or du Prog en pantalon pattes d'éléphant) et de Death Mélo musclé à la HYPOCRISY. C'est sans doute là sa plus grande caractéristique, mais ajoutez-y une profondeur inouïe creusée à coups de copiés/collés d'idées qui ne vont pas toujours ensemble (je pense à IN VAIN), mais qui, au final, foutent l'amateur sur le cul. En gros, du riff énergique de mammouth digne des groupes de vétérans qui grattent sans peur, des ambiances fantastiques où les ovnis, la guerre, la philo et l'apocalypse jouent au bridge, une production énorme proche d'Hollywood et des mélodies déjà gravées dans le temps.

Je pense notamment à "Heywood R. Floyd" (personnage de fiction de l"Odyssée de l'Espace", oeuvre d'Arthur C. Clarke qui a inspiré le concept de l'album) – la plus mémorable du disque –, la surprenante "Discovery" à l'atmosphère intergalactique, la très HYPOCRISYenne "Human Error?" et la géante "Encounter The Monolith", dont la coupure à un certain moment vous semblera bizarre à souhait… Mais l'après-coupure est trop géniale pour relever ce drôle de choix des Américains. À noter que la voix claire, trop rare sur le disque, s'insère ici avec brio dans un cocon de soie.

Qu'est-ce qui nous attend pour la dernière piste ? Le clavier rétro et rêveur refait surface pour la dernière fois en intro. Ah oui, vous l'accueillez bras ouverts, surtout après cette ambiguë pièce-titre, qui vous a laissé un drôle de goût dans la gueule ! "Death And Transfiguration" est ainsi une instrumentale de près de 10 minutes aux composants divers, la majorité étant vaporeux, progressifs, pas trop méchants. Les chœurs masculins et féminins remplacent ici les vociférations fort agréables de Michael Cook et les guitares puissantes et tranchantes des cinq premières plages laissent leur place à des cordes planantes et traînantes, métamorphosant ainsi en images le champ sémantique douteux que l'on peut cultiver en songeant à la mort et à la transfiguration… Tortueux exercice n'effrayant en rien les Américains, qui scorent vachement haut en osant une dalle progressive comme dernière impression.

"Encounter The Monolith" est un monstre à six têtes. Je ne vois pas meilleure manière de le décrire. Chacune de ces tronches est savante, éduquée, a de la conversation, sait charmer monsieur et tenir la porte à madame, a un potentiel de vie infini et une valeur de revente ou de revenez-y aussi grande qu'à la première consommation. Chacune est indissociable du corps, vaillant et fier monolithe s'enfonçant sans crainte dans les abimes de la découverte. Le récit de ce voyage introspectif est fabuleux et vient en contradiction directe avec cette pochette simple et laide, qui ne pouvait que cacher des artifices…

En tous les cas, MARTRIDEN est non seulement une surprise de taille pour moi, mais c'est un de mes coups de cœur 2010 jusqu'à maintenant (je l'adore encore à chaque écoute !) et un des albums pour lequel j'ai développé une des plus grosses dépendances depuis belle lurette. Sans farce, je me rappelle pas la dernière fois où l'aiguille est resté plantée aussi longtemps. Certes, j'ai croisé d'excellents skeuds, mais j'ai pas accroché autant. Et j'espère que ça vous arrivera. Que ce soit avec celui-ci ou un autre opus, à n'en pas douter destiné pour vous. Comme MARTRIDEN m'était destiné.

Le cerveau et le réflexe de contradiction de l'humain étant ce qu'ils sont, je pencherais plus pour un autre, car après tout ce que je vous ai raconté comme salades, vous vous ferez sûrement un malin plaisir à demeurer sur vos gardes en écoutant cette merveille…

Enfin, si vous ne craquez pas pour "Heywood R. Floyd", je saurai que votre tête est aussi dure que du diamant brut et que rien ne peut vous atteindre.

Note : 4,5/5.

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- Shane Howard (guitare)
- Will Thackeray (guitare)
- Kyle Howard (claviers)
- Michael Cook (chant)


1. The Three Metamorphoses
2. Heywood R. Floyd
3. Discovery
4. Human Error?
5. Encounter The Monolith
6. Death And Transfiguration



             



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