Le Viking Metal… une histoire d'amour assez récente mais pas trop, entre lui et moi. Une histoire qui m'a permis d'apprendre des tas de trucs, d'établir mes standards, mes préférences, et de me positionner assez clairement sur ce que je hais ou adore dans ce style. Non pas que je sois spécialiste ou désire le devenir, mais disons que plus j'en consomme et plus ça me donne envie de devenir copain-copain avec le Dr Brown, vous savez le genre d'ami dont on n'a pas peur d'emprunter la voiture(*)… Bref, je me demande bien sans pouvoir le savoir si ces temps anciens dépeints sur les albums de Viking, tels que cet excellent "Asa", étaient aussi grisants qu'il y paraît. Ou si ces tableaux épiques sont strictement issus de l'imaginaire des musiciens, de ces tisserands de sagas magiques et guerrières.

VOLUSPAA, projet solo du jeune Norvégien Freddy Skogstad (épaulé en studio par deux chanteuses, dont une joue du violon), est un fier représentant de cette ligue de pousseur de rêves évanouis, d'époques lointaines immortalisées par des contes, des populations s'étant transmis les histoires de génération en génération et, bien sûr, l'UNESCO et toutes ces instances officielles qui gèrent des sites où nos gros et grands barbus ont débarqué. VOLUSPAA, usant du riff tranchant, d'ambiances intenses et de chœurs guerriers comme vous en entendrez peu, qui est à la fois sensible et imperturbable dans ses narrations.

"Asa" est une sacrée baffe, je vous le dis haut et fort. Cette musique venant du large à bord d'un vaisseau taché de sang est foutrement rafraîchissante et délassante. Jonglant à merveille avec le lyrisme des paysages, les uppercuts des confrontations et la fierté orgueilleuse des barbares, Skogstad est une autre preuve qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Je disais la même chose d'Elliot Vernon (WINDRIDER) et ces deux lascars ne sont pas les seuls à mener à bien leur projet solo. Mais je dirais que VOLUSPAA est un des plus impressionnants, de par l'incroyable profondeur des morceaux.

Prenez "Hennes Røst" et "Reis Deg Min Herre" par exemple ; dès le départ, Freddy affiche ses couleurs en variant son registre vocal, de beaux passages atmosphériques près du recueillement et des parties plus véloces, épiques. La voix douce de Hildr Valkyrie et les cordes du violon de Sareeta font aussi leur apparition, pour soutenir les muscles saillants du chef d'orchestre. C'est aussi ça le Viking Metal, le penchant plus délicat (la sublime "Mens Månen Lyser Opp" et dans une moindre mesure "Ei Folkevise") amené par la mort, le deuil et la présence féminine. Ça fait rudement du bien et ça « déconstipe » le Black Viking aimant rudoyer nos tympans sans vraiment les charmer.

Or, VOLUSPAA en est l'expert en la matière. Trois spécimens éloquents me viennent à l'esprit, trois des meilleures pièces de l'album en frais de tueries : "Hvorfor", "Min Plikt Som Far" et "Vandring" et leurs riffs de malade qui valent à eux seuls l'écoute du skeud. Mention spéciale aussi pour la dernière pièce, dont la mélodie n'est pas à renier. Saloperie qu'on voyage, c'est pas croyable, on a envie de foncer dans le tas et de trancher du membre. Oh que si ! Tout comme le goût de voguer vers l'horizon avec ses frères d'armes.

"Asa" est tapissé de cette mixture martiale, parfois très Black ("Djupet") mais toujours avec ces envolées ou ce renfort au clavier, essentiel à la teneur en feeling de l'album. Certes, la majorité des frissons nous parviennent grâce à la guitare finement affûtée de Freddy ou de ses chœurs, mais il ne faut pas oublier ses pianotages car lorsqu'ils fusent de nulle part, on les accueille volontiers.

Un des plus marquants albums de Viking des dernières années pour ma part. Avec MISTUR l'an passé, ce VOLUSPAA est une vraie trouvaille de génie, une pépite plus brillante que les autres.


Note : 4,5/5.


(*)Si vous n'avez pas compris cette incartade complètement inutile, je ne vous en veux pas.