Le Metal symphonique à chanteuse. Vaste sujet.
Une pléthore de groupes s'y est engouffré avec plus ou moins de succès. Mais que reste-t-il vraiment aujourd'hui dans nos têtes, dans nos esprits ? Sincèrement...

Nous avons bien sur les Finlandais de NIGHTWISH, mais qui depuis le départ de Tarja, n'est plus tout à fait le même groupe, il faut le reconnaître, mais reste tout de même LA référence. Nous avons feu AFTER FOREVER (snif !) avec la délicieuse Floor Jansen et... et... euh, EPICA bien sur avec la très jolie Simone Simons. La bande à Mark Jansen qui semble d'ailleurs prendre l'ascendant sur ses concurrents directs avec un dernier album en date "Design Your Universe" de toute première qualité.

Ensuite... ? Et bien... euh... on a bien les Autrichiens de EDENBRIDGE, sympathiques c'est vrai, mais sans plus quoi ! Les Suisses de LUNATICA, combo fort sympathique aussi et aux compositions très plaisantes à écouter mais qui manquent quelque peu de punch au final.
Sinon, WITHIN TEMPTATION avec la belle Sharon ? Mouais bof... Un peu trop mielleux et pas vraiment assez Metal à mon goût, on oubliera d'ailleurs et assez vite les deux dernières sorties studio particulièrement désastreuses du groupe. Et TRISTANIA ? Mouais, nettement plus gothique que symphonique.

Bon, bah finalement et si on regarde bien, que reste-t-il ? Pas grand monde ou presque. Le Metal symphonique à chanteuse, de qualité j'entends bien, se résume globalement qu'à quelques groupes : les trois premiers cités dans la chronique et basta. Pardonnez-moi si j'en ai oubliés quelques uns.
Mais indubitablement ce sont vraiment ceux qui me viennent là tout de suite à l'esprit quand on me parle de Metal symphonique à chanteuse et de ses plus beaux représentants.

Des représentants auxquels on pourra peut-être (je dis bien peut-être pour le moment ! Il faudra encore attendre pour le savoir) et désormais rajouter un nouveau venu. Car parfois et en cherchant un petit peu, on peut avoir la bonne surprise de l'année, qui surgit là comme ça, de nulle part.
Et c'est en allant me commander l'édition limitée du dernier et succulent album de DIABLO SWING ORCHESTRA que je suis tombé par hasard sur celle-ci : WHYZDOM.
Un groupe parisien signé lui aussi chez Ascendance Records. Quelques renseignements sur le groupe, une écoute sur leur Myspace et hop, ni une ni deux, "From The Brink Of Infinity", était dans mon panier.

Un premier album qui devrait incontestablement satisfaire Sam, un lecteur assidu de Nightfall, au vu de son commentaire sur le dernier album de LUNATICA ("New Shores"). Car, "From The Brink Of Infinity" qui succède à un premier Ep sorti en 2007, "Daughter Of The Night", en impose et force le respect dès la première écoute.

Pourquoi ?

La production pour commencer.

Elle nous pète indiscutablement à la gueule (ce qui n'est pas toujours le cas, loin de là, pour de nombreux groupes évoluant dans le genre) et ce, dès les premières secondes de l'album. Particulièrement monstrueuse, celle-ci sert à merveille l'univers musical de WHYZDOM qui nous sort là véritablement LE grand jeu.

La musique ensuite.

Au programme, 12 compositions pour un peu moins de 70 minutes de Metal symphonique de haute volée avec orchestre philharmonique, des choeurs énormes et majestueux (écoutez moi ce superbe passage sur "The Train" ou encore l'interlude "Freedom"), des arrangements aux petits oignons pour un résultat tout simplement impressionnant pour un premier album.

Le paysage musical de WHYZDOM est particulièrement riche et a plutôt fière allure ne serait-ce qu'à l'image de titres comme "The Witness", le majestueux "Escaping The Ghosts Of Reality" (intro assez spéciale tout de même !) ou encore le point culminant de l'album, j'ai nommé "Everlasting Child" à l'impressionnante et sublime introduction.
Une composition très représentative de ce que peut faire de mieux le groupe parisien : grosses orchestrations, ligne orientale de rigueur, multiples changements de tempo, accélérations rythmiques, breaks intelligents, soli de qualité. L'ensemble associé à une jeune et talentueuse chanteuse, Telya Melane, dont le registre se situe aux antipodes de celui de Simone Simons ou de Tarja Turunen. Exit donc le chant lyrique de NIGHTWISH ou de EPICA, le registre vocal de Telya étant plus "standard" et se rapprochant davantage de celui de Sharon Del Aden (WITHIN TEMPTATION) : assez flagrant sur le titre "Atlantis".

Il n'en reste pas moins que malgré ce chant, WHYZDOM se rapproche plus, stylistiquement et musicalement parlant, d'EPICA que de NIGHTWISH ou de WITHIN TEMPTATION.
Le Metal symphonique de WHYZDOM est en effet particulièrement léché et digeste (assez loin des compositions à tiroir tarabiscotées du semi raté "The Divine Conspiracy"), riche en ambiances (pour certaines sombres et dignes d'un KING DIAMOND comme sur "Daughter Of The Night - Part I"), infiniment Metal (écoutez donc le très puissant "The Seeds Of Chaos", un poil rébarbatif sur le refrain quand même) et fait la part belle à quelques mélodies enchanteresses.
Et à l'instar des Néerlandais, WHYZDOM utilise aussi quelques incursions vocales masculines qui donnent le change à la voix de Telya. Dommage que cette voix masculine parfois murmurante et plutôt orientée "Black" que "Death" n'est pas assez mise en évidence.

On regrettera tout de même une fin d'album un peu ennuyeuse et beaucoup moins accrocheuse que ce à quoi le début pouvait nous laisser penser ("The Seeds Of Chaos", "On The Wings of Time" et ses accents celtiques).

Mais si vous êtes fans d'EPICA, vous serez indiscutablement bluffés par la puissance musicale dégagée par ce "From The Brink Of Infinity". Alors, c'est vrai que l'album manque quelque peu de dynamisme par moments (beaucoup de titres mid-tempo au final) et ne possède pas toute la grâce, la majestuosité d'un "The Phantom Agony" par exemple, ou toutes les qualités d'un "Design Your Universe", mais quand même !
Le résultat reste vraiment remarquable pour un premier album et ne s'apparente pas à du Metal symphonique de pacotille. WHYZDOM possède de toute évidence un gros potentiel et prouve avec "From The Brink Of Infinity" qu'il dispose aussi de gros moyens.
J'attends sincèrement la suite avec impatience.

Note : 3,5/5.