Metal Blade Records nous avait bluffé avec la réédition du premier album des Suédois de VALKYRJA, "The Invocation Of Demise", un condensé des premières années de NAGLFAR, DISSECTION et compagnie. Du bon gros Black Mélo envoyé sans grande subtilité à la DARK FUNERAL ou MARDUK, avec assez de couleur dans les grattes pour ne pas ennuyer, pour lequel le label a fait signer un contrat pour plusieurs albums au combo. Et attention, on voit déjà des changements de personnel ! Et ça s'entend d'ailleurs…

Quelques mois après ce coup de dé et avoir stratégiquement préparé le terrain, MBR sort le deuxième affront des petits démons pessimistes envers notre futur à tous. Pour eux, le vortex qui nous avalera sera une contamination, soit par un virus mortel à grande échelle ou un poison indétectable que nous confectionnons sans le savoir jour après jour… Même si cela risque d'être moins violent, je ne voterais quand même pas pour la seconde option !

"Contamination" est la suite logique de "The Invocation Of Demise", mais plus malade. Meilleure. Y'a qu'à regarde la pochette : ce squelette émissaire de la mort tenant la Terre entre ses griffes, les moustiques nécrophages tournoyant autour de son capuchon. Ensuite, les titres des morceaux sont assez évocateurs et plongent directement dans l'ambiance morbide que l'on devine d'instinct, qui s'avérera d'ailleurs exacte dès les premiers obus de cette somptueuse et obscure boule de mauvaise énergie diablement trop longue (près d'une heure). Oui, trop longue, ce genre de massacre à la tronçonneuse ne devrait jamais dépasser les 45 minutes selon moi, à moins que ce soit le Black du siècle.

Sans offrir ce joyau inestimable, VALKYRJA inflige une sacrée claque avec cette galette au son immense et fuzzé un brin, une leçon implacable de Black Mélo teintée de mort imminente. Bon, vous connaissez le topo. Mais loin de moi l'idée de dissoudre la hargne de ces grosses bêtes poilues dans la fonderie de mon maître. Jamais. Cet opus déménage trop d'air, pollue trop les cellules, telle une bonne grosse grippe A(H1N1) qui fragilise l'équilibre neurologique mondial en cognant sur la touche « peur ». Ah, cette damnée peur, outil de manipulation des masses moderne, sentiment horrifique et décontenançant que les Suédois dépeignent à coups de machette sur ce "Contamination".

Dès l'intro, "Advent…", on est ailleurs. La vermine s'empare de notre corps et le pousse vers ces "Oceans To Dust", cinglant morceau qui donne immédiatement faim en foutant les boules. Le Black Mélo de Stockholm et ses grattes rapides envahit l'espace putride, les lames de fond percutent les continents. Ça brasse sévère. "The Invocation Of Demise" n'est désormais qu'un vague souvenir. Et si on l'avait vénéré, surtout en réédition, on l'a déjà remisé. Car bon, il était très efficace et « terrifiant », mais "Contamination" est tellement « plus » tout en ayant des gênes semblables. Plus gros, plus technique, les trémolos sont encore plus prenants et Dieu sait que c'est primordial dans ce genre de Black, les parties atmosphériques sont aussi davantage de la partie, ce qui ajoute au climat d'explosion virale qui sévit du nord au sud du globe VALKYRJien. Cette planète balayée par de savantes envolées guitaristiques (celle à la fin de "The Womb Of Disease" glace le sang) et ébranlée par la volée de bois de Wallgren.

On se rend compte également qu'il flotte dans cette "Contamination" une certaine tristesse près du lyrisme, tel que sur "Solstice In Withdrawal" ou le morceau de clôture, "The Adversarial Incentive Within All". Ambiance découlant surtout du thème pressé par le groupe, dont il extrait tout le jus noirâtre en évitant bien d'en gaspiller. Bon, il vous faudra décupler vos dons émotionnels et sortir vos antennes au maximum pour capter tout ça, mais avec un peu d'ouverture, vous y arriverez…

Oui, ça déplace de l'air ce truc, l'année 2010 débute bien je trouve. VALKYRJA a été capable de sublimer ce qu'il avait entrepris et peut prétendre maintenant à devenir un antagoniste de taille pour les Blackeux scandinaves dont il s'inspire. Une grosse baffe, j'ai dit.