Les rééditions m'ont toujours laissé de marbre : je ne sais pas toujours pourquoi les labels en font. Bien sûr, il y a des réenregistrements utiles comme DIMMU avec son "Stormblast" nouvelle cuvée ou la compilation des tubes de VADER ("XXV") rejoués, mais les deuxièmes sorties "remâchées", "reléchées" d'un disque sont-elle si profitables ? Est-ce seulement pour faire de l'argent ? Dans le cas de ICED EARTH, c'est compréhensible, surtout après que "Alive In Athens" soit sorti et ait supplanté tous les albums studio des Américains avec sa facture sonore énorme et claire comme le jour. Mais pour un groupe tel que VALKYRJA, quelle est l'embrouille ? N'aurait-il pas été mieux de laisser la chance à un autre groupe ou à un autre opus de la même formation ?

Bon, seuls les labels concernés peuvent répondre à ce genre de question, mais on peut quand même spéculer : la version 2007 de "The Invocation Of Demise" est surtout sortie sur vinyle dans l'indifférence générale et devait être pourrie pour qu'on se sente obligé de reprendre le boulot à peine deux ans après ! De plus, c'est choquant lorsqu'on se rend compte qu'on tient un truc de qualité technique dans les mains, mais que l'enrobage n'est pas à la hauteur ! Aussi abonderons-nous dans le sens de Metal Blade et mettrons-nous tous nos espoirs dans cette galette cuite de nouveau sur CD. Voici "The Invocation Of Demise" version 2, ou comment le Black Mélodique suédois se refait une beauté avec une nouvelle pochette et un bon coup de plumeau sur les pistes.

Le pire, c'est que "The Invocation Of Demise" est le premier effort du quintette originaire de Stockholm, composé notamment du batteur et du guitariste d'ONSKAPT, autre entité noire suédoise. Il fallait que le potentiel des musiciens soit hallucinant pour reproduire le travail de Northern Silence Productions, pour ne pas le nommer. Et à l'écoute de ces neuf morceaux de chair carbonisée (dont deux instrumentales et une courte décharge démoniaque), on comprend. Il est évident que VALKYRJA fera partie du futur paysage luxuriant du Black suédois, comptant dans ses rangs les fondateurs MARDUK, DISSECTION et les pointures plus jeunes comme NAGLFAR. Des blocs de béton souvent lavés par la vague norvégienne, mais qui, dès qu'on s'y attarde, s'avère vachement intéressante.

VALKYRJA est donc un jeune poulain engraissé à toutes ces influences, que l'on retrouvera d'ailleurs dilapidées sur son premier album. Le talent mélodique de NAGLFAR (les planantes "Sinister Obsession" et "Purification And Demise" aux guitares hurlantes), les lents cortèges du MARDUK récent ("The Vigil"), le côté brut et mauvais garçon qui défonce ses fûts du vieux MARDUK ou du premier FUNERAL MIST (les débâcles meurtrières "As Everything Rupture" et "Frostland"), les riffs qui renversent et séduisent instantanément ainsi que des ponts à la guitare sèche à la DISSECTION ("Plague Death"). Ces comparaisons discutables sauront vous mettre sur le bon chemin afin d'entreprendre cette ensorcelante découverte.

Les Suédois détiennent un élixir éprouvé dont les éléments huileux ne peuvent que faire rouler l'engrenage. Ce Black Mélo est d'une profondeur surprenante pour un initial « essai sérieux » après deux démos bien bâties. VALKYRJA semble être né sous les bonnes grâces du Diable, car ce qui devait être un premier pas vers le succès risque d'être un tremplin. "The Invocation Of Demise" a la pêche d'un troisième ou quatrième album, c'est pas des farces ! Je n'emploierai pas le terme « prodige », mais disons que les cinq forcenés infligent une sacrée leçon en 44 minutes, comme quoi l'élève peut s'approcher des maîtres plus rapidement qu'on pense. Dès que les preuves sont là, la hiérarchie naturelle basée sur l'ancienneté, pas toujours sur les performances, s'égrène tranquillement pour retomber en poussière.

Vous entendrez indéniablement la voix torturée de VALKYRJA dans le futur. "The Invocation Of Demise" est trop bon, plein de promesses, il annonce la continuation lors de la prochaine décennie d'un style ô combien délicieux : le Black Mélodique. Vive la Suède !

3,5

Top : "As Everything Rupture", "Sinister Obsession", "Purification And Demise", "Frostland"