Debemur Morti m'a rarement déçu. Ce label a du flair pour dénicher des perles noires pas nécessairement vouées aux canaux mainstream. Parmi ses plus illustres montures, on retrouve bien entendu BLUT AUS NORD, mais aussi INFESTUS, SETHERIAL, YEAR OF NO LIGHT et ÆVANGELIST. Ajoutez maintenant à cette liste le duo américain de Black impérial, AKHLYS, dont ce deuxième album vous clouera sur place.

Les amateurs d'extrême sont probablement parmi les plus gâtés de la sphère métallique depuis quelques années ; les nouveaux groupes de qualité pleuvent en orage sur tous les continents, contrairement à certaines niches laissées à l'abandon. Noircissement de la planète oblige, simple coïncidence ? Qu'importe d'où vient cette source de créativité irascible, elle nous inonde de ses fluides comme des rafales d'une tempête.

AKHLYS se positionne avec brio dans ce ressac d'enthousiasme en nous jetant son Black occulte à la figure. Dans le genre, impossible de ne pas songer aux atmosphères de NIGHTBRINGER, formation de tête de cette souche infâme de Black monumental. Un Black qui prend aux tripes et nous emprisonne sous une cloche de verre incassable, le temps de déverser sa mélasse dans nos conduits. Les habitués savent de quoi je parle, pas besoin de décortiquer durant des heures.

"The Dreaming I" impose donc le respect grâce à la lourdeur du climat cauchemardesque qu'il couche sur ses compos. C'est la formule normale syndicale de ce Black ; on l'exige et c'est exactement ce à quoi on a droit.

AKHLYS nous prescrit une véloce et violente débauche en "Tides Of Oneiric Darkness", savamment placée entre le tremplin de choix "Breath And Levitation" et la longue procession qu'est "Consummation", pièce-phare de l'opus. C'est sur ce mastodonte que vous prendrez votre pied, quand les présentations seront terminées et que les Américains démontreront tout leur savoir-faire. Ain se déboîte les articulations à force de battre le rythme comme un forcené et Naas, grand maître de cette messe des morts, nous bourre la gueule de riffs assassins, d'effrayantes notes aiguës et de nappes de synthé scotchantes. Tout un programme ! À se faire péter la tête sur les murs… si vous arrivez à émerger de cette contemplation.

Sérieusement, après "Consummation", on en a pour notre fric. Mais les bestiaux remettent ça avec "The Dreaming Eye", avant la sortie atmo vers les abysses. Une autre déferlante qui reprend des modèles du morceau précédent pour barricader le cercueil afin que jamais ne ressorte cette créature qui hante la pochette et nous toise. Enfin, façon de parler hein, nous ne prierons pas pour qu'AKHLYS nous quitte aussi rapidement, après deux albums… Surtout pas après la dernière minute malsaine de ce "The Dreaming Eye", qui nous occupera l'esprit le temps que le duo revienne s'immiscer dans nos hallucinations.

Préparez-vous à une expérience déstabilisante, dans la veine du dernier NIGHTBRINGER. AKHLYS a le potentiel pour nous foutre la chair de poule pendant très longtemps et faire prospérer cette mutation Black vers les profondeurs, là où le succès des formations extrêmes réside. Oubliez les cieux, leur accès leur est d'ores et déjà interdit. Amen.

Podium : (or) "Consummation", (argent) "Tides Of Oneiric Darkness", (bronze) "The Dreaming Eye",