Ce que les Canadiens de WEAPON possèdent est une arme de laquelle ils ne doivent jamais se départir : un équilibre entre raw Black et Black accessible et mélodique. Je souhaiterais que tous les combos black eussent cette habileté à jongler avec la saleté underground et les couleurs accrocheuses plus mainstream.

Avec "From The Devil's Tomb", sorti un an seulement après "Drakonian Paradigm", nous sommes à des milles de retomber dans l'ennui relatif de ce premier album sonnant le fond de cale et la casserole. Nous sommes si loin que j'ai peine à croire que c'est le même groupe ! Tout y est amélioré : alors que "Drakonian" endossait davantage le rôle d'un charbonnier de l'Enfer de série B (prod' dégueux en prime, évidemment), "From The Devil's Tomb" est plus hétérogène, tire dans tous les sens, est serti de mélodies incroyables, de rythmiques déferlant comme des orages de feu et déverse sa colère dans des atmosphères absolument dantesques.

Je parlais en intro d'équilibre. C'est ce qui frappe le plus sur cet album. Pas trop violent, pas agressant ou énervant à la longue, pas redondant une seconde, pas de longueurs ou presque (la lente procession "Vortex – 1124" est un peu lassante, j'avoue, et que dire cet instru' bancale qu'est la pauvrement intitulée "LEFTHANDPATHYOGA"), un jeu de manette pas trop hollywoodien, des compos solides qui marquent les esprits par leur saveur unique… Quant aux atmosphères étouffantes, remarquables et essentielles en Black, elles témoignent d'une envie chez les Canadiens de plaire à tous les publics, néophytes comme initiés. Je défie quiconque mange du Black au petit déjeuner de ne pas aimer, ne serait-ce qu'un brin, cet opus. Sa profondeur, la variété de ses approches et de ses influences, doublées d'un superbe sens du divertissement, rendent "From The Devil's Tomb" juste… magique.

WEAPON mélange avec adresse l'art de la cavalcade renversante (la pièce-titre est énooooorme), du riff incendiaire et huileux (de là son acoquinement au Death), du solo court mais ravageur, du trémolo nerveux et mélodieux, aux ambiances cauchemardesques et épiques à l'orgue ("The Inner Wolf", "Towards The Uncreated") pige quelques idées à travers le monde – dont le Moyen-Orient sur une plage, à vous de trouver laquelle ! – et bûche, gratte, hurle, se défonce, comme s'il n'y avait pas de lendemain.

WEAPON peut être le plus occulte des sorciers durant un bout de temps (avec la voix, constamment) et sympathique, clair comme le jour, l'instant d'après. L'éventail est d'une envergure à rendre les puristes dingues, mais il contribue à allonger sensiblement la durée de vie de l'album. Si plus de groupes se souciaient de ce point au lieu de se concentrer à respecter une quelconque ligne directrice, sans trop sortir des sentiers battus, l'univers du Black aurait sans doute meilleure presse. À force de craindre le changement, certains s'embourbent, mais pas WEAPON, quatuor capable des plus étonnants exploits.

"From The Devils Tomb" est une bombe, c'est moi qui vous le dis. À écouter de toute urgence pour tous les fans de Metal extrême, car ce Black, j'en mets ma main à couper, a tous les atouts pour attirer de nouvelles souches de Blackeux et rameuter ceux et celles qui faisaient la gueule au genre. Un éclair de génie sur un océan trop peu admiré.

Un gros 4 bien enflé, freiné dans sa croissance par quelques petits accrocs.