Petit papa HALFORD
Quand tu redescendras de ton trône,
Avec de vrais compos par milliards,
N'oublie pas ton petit Canard

Les fêtes de fin d’année… Tout ce petit monde qui se force à être gentil à Noël, les sales mioches surexcités et les parents-veaux qui se bousculent dans les magasins. Le cauchemar absolu. Le nouvel an, pas mieux : les mêmes cons qui se forcent à rire dans des soirées sur-blindées, prêts à payer le triple leur foie gras pourri et leur saumon lyophilisé. AU SECOURS !!! S’il y a bien une période dans l’année où j’atteins mon pic de misanthropie sauvage, où ma dépression atteint son Everest, c’est bien durant cette période diarrhéique. L’an dernier, j’avais passé les fêtes enfermé chez moi à jouer à Assassin Creed et le nouvel an sous la couette avec une bouteille de Champagne au pied du lit. Cette année, j’ai prévu de défoncer Assassin Creed 2 et de déboucher un grand Bourgogne. Il me manquait à ma panoplie du « parfait mal embouché de Noël » un album de circonstance et voilàtipas que ce bon vieux Rob HALFORD nous sort un "Winter Songs" de saison. Robinou HALFORDOUNET, c’est le mec sur qui tu peux compter.

Aaaaaaah Rob, mon chanteur de Heavy préféré, ma petite fouine priestienne, mon général du Metal en préretraite à moi. Ce mec est merveilleux. Et il est beau en plus. C’est simple, quand Rob pousse un cri, le ciel vacille. Même quand il ne fait juste que lâcher un pet, je crois savoir que la couche d’ozone se reconstitue. A chaque refrain, le Canard reprend des couleurs et ma foi, dans notre musique de nullos revient au pas de course. Normal, vu que c’est lui, le « Metal God », le vrai - en cuir clouté et des couilles au cul.

Vu ma modération légendaire sur le sujet, rien qu’à l’idée de ce "Winter Songs", je sautillais partout en me disant que finalement, même en cette période de fêtes, la vie pouvait être supportable. Un peu le même genre d’excitation qu’on éprouve lorsque vous matez la super bande-annonce d’un film, qu’on vous passe une BD géniale ou que le jeu vidéo de vos rêves vient de sortir. Je me voyais bien marcher dans la neige avec Rob dans les esgourdes, je voyais aussi un feu de cheminée, la bise qui cogne contre les vitres de mon appartement et Rob qui se lamente délicieusement. C’était parfait. Dans mes rêves.

Sauf que "Winter Songs" est un album de merde. J’hésite même à utiliser le terme d’album, pour ne rien vous cacher. Pourtant, Rob est toujours aussi beau (contemplez-moi cette pochette et prosternez-vous), profond (oh oui Rob fais-moi mal) et son interprétation si caractéristique… Mais je dirais que ce « savoir-faire » et ce « savoir-être » sont autant d’arguments faméliques que seule l’indigence de cette « compile » saurait égaler. Cette phrase est bizarre. Je me relis. Je maintiens.

Évidemment, le problème de fond, c'est les compos. Des titres d’une platitude proche d’une feuille d’alu. Il se passe plus de choses au Conseil des Sinistres ou lors d’un après-midi au Sénat que sur cet album de Rob HALFORD. Un « air » approximatif, une mélodicité à faire passer Francis Lalanne pour du génie pur, quelques arrangements, un bout de guitare qui riffe au loin et HALFORD qui tente de sauver le bazar. Voilà le programme de ce "Winter Songs" aberrant, effroyable de nullité, nul à chier dans la neige. A la limite, ça aurait pu être « nul » mais sympa, délirant, assumé. Mais même pas. Z’ont même osé jouer la carte du « solennel » ("What Child", "Light Of The World") et de l’émotion en plastique ("Winter Songs"). Même quand Rob fait semblant de mettre un peu d’entrain ("Christmas For Everyone"), c’est tellement mauvais que j’en ai le souffle coupé.

Attendez, je reprends un peu ma respiration…

Donc en gros, c’est nul et on s’emmerde. Du coup, la question du « sens » de toussa m’est venue à l’esprit. J’en suis arrivé à la conclusion qu’à la limite, on pouvait écouter "Winter Songs" si comme moi vous êtes amoureux de Rob HALFORD (argument relativement valable je vous l’accorde) pour mieux se désillusionner de tout espoir de qualité dans les environs de JUDAS PRIEST durant les 10 prochaines années. En ce sens, "Winter Songs" est une douche froide façon plongeon dans les fjords gelés, un mal nécessaire qui réveillera votre esprit critique.

Vu que je suis fan du vieux PRIEST et que Rob est toujours irrésistible à mes yeux, je confesse à mon corps défendant avoir pris un plaisir coupable à écouter cette merde et en particulier la poignée de titres les moins vomitifs de l’album (genre "I Don’t Care"). Mais le simple fait qu’un fan d’HALFORD comme moi –le genre de fan prêt à récupérer ses crottes de nez, intéressé par ses slips sales et ses échantillons de transpiration- bref, si même moi je vous dis que c’est nul de chez à chier et que je mets 1/5 parce qu’on ne peut pas mettre de 0/5 sur NIME, ça vous donne une idée de l’immense désespoir qui vous étreindra en écoutant cette galette.

Histoire que pendant quelques minutes, on parle de bonne musique à l’occasion de cette chronique quelque peu négative, je tirerais ma révérence sur le dernier couplet de RENAUD dans "Hexagone" en espérant survivre un hiver de plus à cette horrible période de fêtes :

En décembre c'est l'apothéose,
la grande bouffe et les p'tits cadeaux,
ils sont toujours aussi moroses,
mais y a d'la joie dans les ghettos,
la Terre peut s'arrêter d'tourner,
ils rat'ront pas leur réveillon;
moi j'voudrais tous les voir crever,
étouffés de dinde aux marrons.


Note : 1/5 (point que je dédie généreusement à mon Robinou d’amour)


Morceau préféré : ah ah ah