REINXEED a trouvé sa niche. Un bon point. Il ne dérive pas d’un iota du style figurant sur son premier essai. Toujours ce Speed Mélodique ultra-solennel, ces orchestrations cheap et pleines de vie, ce chant shooté à l’hélium et ces guitares qui tricotent de quoi habiller pour l’hiver une ribambelle de moutards.
REINXEED a beau faire du Speed Mélodique, il n’est pas à conseiller à n’importe quel amateur. Ici, on est gavé au jusqu’auboutisme. Il y a comme un hommage à la scène transalpine de la fin des années 90, quand elle habillait ses compos de tenues à faire pâlir de jalousie Jean-Paul Gaultier, où la dentelle se disputait aux armatures métalliques, où la chemise à jabot rehaussait des santiags au talon élimé. Et que dire de cette ambiance heroic-fantasy tissée par un homérisme gonflé d’orgueil, que même les formations les moins regardantes tentent à présent de nuancer autant que possible ?

L’auditeur doit être averti, donc. REINXEED, avec son patronyme de médicament qui remet la tête à l’endroit, est bourré de principes actifs à la tolérance aléatoire. Il faut aimer le Speed Mélo, tout le monde l’avait compris. Et surtout ne pas craindre les clichés que les Italiens passent en revue comme soumis à une contrainte d’exhaustivité, au premier rang desquels ces morceaux baptisés avec autant de creusage de cervelle qu’il en faut à Timo Tolki quand il s’agit de ses propres bébés.

"Haunted Mansion" débute les réjouissances dans une déflagration de mélodies. Pour la touche de génie, on repassera. Seulement, force est de constater que le nécessaire se montre bien ordonné, entre l’intro au clavecin, les lignes de chant conquérantes, le refrain hymnique, les courtes orchestrations et le solo hyperactif. Un titre qui fait doucereusement mouche, peut-être en raison d’un chant convaincant parce qu’habité ou de ce refrain aussi simple qu’agréable. Même constat pour son successeur, d’ailleurs. Le refrain, plus mesuré, et les orchestrations disséminées jouent gentiment en sa faveur.

Gentiment, doucereusement. Des euphémismes peu engageants. Mais c’est ça, REINXEED. On adhère sans s’emballer. On hoche la tête et les cheveux restent collés au crane faute d’énergie dans le mouvement. De la même manière que sur son premier opus, REINXEED parcourt la scène Speed Mélodique avec une version adroite et proprette, dénuée de la moindre prise de risque. "Magic Still Remains", titre bien pêchu, "Dragonfly" et ses cuivres dignes d’une cavalcade délurée, l’épique "Higher" ou encore "Reality" et sa mélancolique distillée sur un rythme galopant, constituent de bonnes phases de Speed Mélo. Rien de plus. D’autant que le son se situe à la limite de l’acceptable. Autant le chant est correctement mis en valeur, autant la batterie et le clavier font pâle figure. A croire que les instrumentistes étaient séparés en deux par un mur lors de l’enregistrement.

REINXEED n’a pas lésiné sur le sucre et la décoration. Le problème se situe davantage au niveau du camelot qui lui a refourgué les ingrédients. La couche de moisi n’a pas été rognée et cela se sent. Un album bien fait. Séduisant, même. Mais trop peu de points d’ancrage à mon goût. Le Speed Mélodique de REINXEED souffre d’un complexe double et pesant. De la supériorité dans cette décision de reléguer dans un coin la moindre concession. De l’infériorité dans ce manque de personnalité qui lui ôte toute possibilité de vraiment bien faire les choses.

Note : 2,5 / 5