Comme l'a souligné Volthord dans sa chronique de l'album précédent, « River of Tuoni », il est impossible d'écouter AMBERIAN DAWN sans immédiatement penser à NIGHTWISH. La composante vocale du groupe reçoit donc le qualificatif ronflant de « chant lyrique », assurée avec brio par Heidi Parviaien, et la composante instrumentale nous renvoie plusieurs années en arrière, à l'époque où la musique de NIGHTWISH possédait de forts accents « power metal symphonique ». Un nom à retenir : « Wishmaster ».
Difficile donc de ne pas penser à cette période faste du gang carélien mondialement reconnu et suivi par des hordes de copieurs plus ou moins imaginatifs. En écoutant AMBERIAN DAWN, cette étiquette honteuse nous vient à l'esprit, mais l'imposer aux Finlandais serait injuste. Malgré cette paternité un brin encombrante, ils savent tirer leur épingle du jeu et offrir des compositions de qualité pour lesquelles nombre de groupes à chanteuse seraient prêts à se damner.

Sans pour autant révolutionner son style de prédilection, « River of Tuoni » réussissait à dépasser le stade d'album vu et revu à recommander aux seuls fans du genre. Et il en va de même pour son successeur, « The Clouds of Northland Thunder », qui propose le même mélange de power metal nightwishien et de mythologie finlandaise au service de chansons efficaces et concises. En effet, les chansons restent très courtes et il en va de même pour l'album, qui réussit néanmoins à se hisser au-dessus des trois quarts d'heure, là où son aîné dépassait difficilement la demi-heure. Un album à l'ancienne, finalement, là où le chef de file NIGHTWISH s'aventure dans le très long et spectaculaire avec « Once » et surtout « Dark Passion Play ». Ou quand les suiveurs se font gardiens de l'orthodoxie... Au moins, ceux qui ne supportent pas le tournant pris par NIGHTWISH avec les deux albums précités pourront se régaler avec ce nouvel album que le chant de Heidi Parviainen, à l'image de celui du héros Väinämöinen, fait voguer fièrement sur une mer de clones sans âme.
Le groupe, qui prend le pari de garder une formule en tout point similaire, se doit donc d'améliorer ses recettes pour ne pas lasser l'auditeur, ce qui serait dommage après l'expérience positive « River of Tuoni ». Rassurez-vous, AMBERIAN DAWN se rode, profite de l'expérience acquise et nous offre un second album sans nouveauté remarquable, mais toujours aussi agréable à l'écoute. Il faudrait une sacrée dose de mauvaise foi pour nier le pouvoir entraînant de « He Sleeps in a Grove », « Kokko - Eagle of Fire », « Shallow Waters », « Saga » ou encore « Lionheart ». Inutile de citer toutes les chansons, il n'y a aucun canard boiteux dans cet album très homogène. Trop homogène peut-être, mais sa courte durée l'empêche heureusement de tomber dans la répétition.
Un album de power metal ne pourrait exister sans ses hymnes supersoniques, il pourrait difficilement subsister sans ses ballades qui font chavirer les cœurs. « Willow of Tears » et « Birth of the Harp », sont là, « Lost Soul » occupant la place de la traditionnelle « power ballade », elles sont aussi réussies que leurs homologues prestissimo et tout aussi classiques.

Agréable, bien ficelé et d'un bon niveau technique, ce très joli « The Clouds of Northland Thunder » n'apporte donc strictement rien au genre, sinon un album que l'on écoute avec grand plaisir. La conclusion est ici la même que pour « River of Tuoni » : « Qui dira que la Finlande tourne en rond aura sans doute raison pour le coup. Mais admettons-le, c'est un très joli rond. » Le rond est plus joli que jamais, la mission est accomplie de ce côté-là. Mais si AMBERIAN DAWN souhaite un jour se faire une place au soleil, si rare en Finlande, et ne pas passer toute sa carrière en première partie d'EPICA, il lui faudra fournir quelques efforts pour rendre sa musique plus personnelle.