Formation atypique à bien des niveaux, l’histoire de KARMA TO BURN, groupe de génie, l’est plus encore avec leur premier disque éponyme. Groupe originaire de Virginie, il est composé de trois musiciens proposant un stoner instrumental de facture honnête. Cependant, quand survient l’opportunité d’enregistrer un disque sur le label ROADRUNNER, il leur est gentiment demandé de s’acoquiner d’un chanteur. En label majeur, donc rentable, il est indispensable de tout optimiser, incluant leur investissement sur ce groupe. Ainsi, Jason JAROSZ rejoint Dickie, William et Nathan pour cette aventure éphémère.

KTB est en avance sur son temps d’une bonne dizaine d’années. Le sous genre « stoner » n’existe pas en France, personne n’en a jamais entendu parler. KYUSS, le chef de file du mouvement à déjà produit ses chefs d’œuvres. Après avoir approché sans succès, leur vocaliste John GARCIA pour tenir le micro, il s’ensuivra une amitié réciproque qui provoqua moult tournées américaines à l’incendiaire affiche SLO-BURN/KARMA TO BURN. La filiation du combo ainsi que les amis se retrouvent dans CLUTCH, SIXTY WATT SHAMAN et CORROSION OF CONFORMITY. Leur goût pour la fête et la bibine se ressent dans leur musique. Mais une dimension mystique, quasi vaudou, se dégage de leurs compos. Certains parlaient même de gothique à l’époque mais nous en sommes très loin. KTB délivre un stoner très influencé par le Southern Rock.

Le premier pas dans leur univers musical se trouve plutôt lourd mais guilleret, « Ma petite Mort » nom accessoirement donné à l’orgasme fait évoluer un petit riff entêtant sur des vocaux masculins froids et accompagné de chœurs désincarnés. Les morceaux cherchent des structures peu convenues, sans être démonstratifs ou ennuyeux. Ce morceau d’ouverture avait été choisi par Roadrunner pour accompagner leur compilation « Attitude » et le moins que l’on puisse dire c’est que l’entrée en matière est réussie. Même si KTB proposait une musique atypique par rapport aux autres signatures du label néerlandais.
« Bobbi, Bobbi, Bobbi » swingue au possible, Jason partage le micro avec une chanteuse fort talentueuse du nom de d’Octavia Lambertis. Ce titre faussement léger préfigure l’incantatoire « I’m Not God » poisseux et moite. La dimension envoûtante psychédélique, constante dans la formule du groupe arrive à son apogée avec « Patty Hearst’s Closet Mantra » et le groovesque instrumental «Eight». Partition parfaite pour une bande originale de film. Sans voix aucune, le trio fonctionne à merveille, laissant riffs, breaks de batterie et basse ronflante nous transporter jusqu’aux cieux. « Thirteen » et « Six », les deux autres instrumentaux vous conforterons dans cette idée.

Lourdeur « Sabbathienne » et composition alambiquées que ne renierait pas TOOL, « Appalachian Woman » préfigure la reprise de JOY DIVISION, « Twenty Four Hours », titre le plus faible du disque, lancinant et monotone. A l’image de ses géniteurs.
Ce qui ressemble des chœurs d’enfants venant chantonner : « The lights shudder, reach you Motherfucker » sont tout bonnement attendrissant ainsi que la chanson de poivrot « Twin Sisters And Half A Bottle Of Bourbon ». Fabuleux disque de stoner méconnu et indéniablement visionnaire, ce disque se doit d’être possédé par les puristes.

Deux albums instrumentaux suivront celui-ci, signé chez Spitfire et dans la continuité de « KARMA TO BURN ». Les titres de toutes leurs compositions ne sont que des numéros. Comme ceux présent sur ce disque. Depuis le groupe à splitté, et a vu ses membres rejoindre d’autres formation, par exemple, « YEAR LONG DISASTER » et « SPEEDEALER » et « NEBULA ». Cependant des rumeurs persistantes annoncent une reformation pour les festivals musicaux de l’été 2009. Que du bonheur, « Wait and see ».

Note : 4/5