Il est surprenant de devoir toujours présenter BRANT BJORK après toutes les pépites musicales qui ont jalonnées sa carrière. Ce bonhomme est de nature simple et le mot : « cool » semble avoir été inventé pour lui. Il est le batteur originel de KYUSS, groupe qui a révélé le Stoner à la face du monde dans les 90’s. Il cède sa place en 1993 après avoir enregistré les deux albums phares que sont « Blues For The Red Sun » et « Welcome To The Sky Valley ». Trop à l’étroit dans la formation Californienne où des tensions se font sentir, il part prêter main forte à ses potes de FU MANCHU entre 1994 et 2002. Tout d’abord comme ingénieur du son sur le disque « No One Rides For Free » puis derrière les fûts sur les albums de « The Action Is Go » jusque « California Crossing ». Aux grès de ses humeurs, il enregistre plusieurs disques avec des projets différents sous son propre nom tout d’abord puis un disque avec les OPERATORS, CHE et les BROS. La différence fondamentale de ses dernières collaborations vient du fait qu’il tient à présent la guitare. Encadré des deux rouquins que sont Melissa AUF DER MAUR (HOLE, SMASHING PUMPKINS) et Josh HOMME, Brant assurera également quelques sessions studio pour l’album de la belle canadienne.

De la période Kyuss, il ne resta que le côté hypnotique et lancinant des compositions, la lourdeur et les oppressantes distorsions ne sont plus de mise ici. Avec « Somera Sol », place au désert de sable chaud, au soleil, au farniente et à la bière bien fraiche. Malgré un toucher de guitare qui relève plus du feeling maîtrisé, celui-ci n’a pas la prétention de révolutionner le genre, il y au détour de certaines notes quelques résurgences Hendrixiennes qui se font jour. La basse ronfle tout au long des titres et nous berce jusque la dernière note. Les BROS sont une famille soudée, leur batteur Alfredo Hernandez est un allié de poids puisqu’il a été le remplaçant de Brant dans KYUSS, puis son acolyte dans CHE. Les changements de line-up sont une constante dans ce coin du monde. Ce que les « desert sessions » n’ont fait qu’assumer au point d’en devenir le principe. Dylan ROCHE et CORTEZ sont aussi d’indéboulonnables amis et des musiciens émérites. Certains featuring viennent donner une saveur surprenante au détour de titres comme « Freaks Of Nature » avec une seconde voix contrastant avec celle de Brant, ou la flûte utilisée sur le très relaxant « Lions Wings » voir le saxo jazzy de « Blood In The Gallery », morceau clôturant l’album sur un groove funky réunissant plusieurs chanteurs.

Avec « Somera Sol », BRANT BJORK AND THE BROS réinventent le stoner, repoussant ses limites. Sans dénaturer le style et en se permettant le luxe de lui offrir une saveur caliente. Contrairement aux QUEENS OF THE STONE AGE qui œuvrent désormais dans un registre bien éloignée de la poussière du désert et de son soleil écrasant. Espérons que BRANT BJORK quitte son statut d’illustre inconnu pour enfin accéder à la reconnaissance. Un personnage aussi humble mérite notre admiration et notre soutient. Et la prochaine fois qu’il nous honorera de sa présence au fond du pub parisien O’Sullivan, je souhaite que la place nous manque. Ce sera bon signe.