En 2005, OUTCAST apparaît sur la scène française avec son premier opus « First call – last warning » et ce n'est qu'à la fin de cette année 2008 que le groupe issu de la région parisienne revient faire parler de lui.
En effet, dans le microcosme hexagonal, le groupe avait su se faire un nom, modestement. Mais tenter de passer le cap du second album est une épreuve que tout groupe redoute, en tout cas connaît comme délicate. Personne ne vous dira le contraire: il faut soit confirmer tout le bien que l'on a pu penser de vous ou bien combattre une étiquette nauséabonde qui vous a été attribuée...
Quittant les rivages du thrash pour finalement atteindre ceux du death, « Autonomy in progress » et « Denial of Elapsed Time » balancent d'entrée des riffs mammouth, des growls de tarés et une batterie trop sèche (parfois pénible lors d'écoutes au casque) car abusant de cette méthode de la batterie dite « triggée »... Soyons clairs : le combo assume semble-t-il ses influences plus que visibles comme GOJIRA et MESHUGGAH. Pourquoi s'en plaindre après tout ?
OUTCAST sait surtout semer le trouble et varier les plaisirs. Dès la seconde plage, des éléments prog' font leur apparition en cours de route (petit plan sur « Allegiance »), « Reversal » fait même carrément dans le jazzy : déroutant mais techniquement superbe. A ce sujet, c'est bien ce qui marque le plus ici: la technicité une fois encore des zicos français qui n'ont pas à rougir de leurs origines. L'arrivée du nouveau gratteux Nicolas Soulat ne semble pas étranger à cela !
« Deviance » nous offre même l'intro la plus musicale de l'album (excepté l'instrumental « Materia Prima » bien évidemment), très thrash avant un retour en force de l'armada... Dommage que l'album se termine par un foutu blanc et une éructation sans intérêt aucun (vous l'auriez deviné !)
Autre caractéristique: cette folie actuelle de donner dans la polyrythmies avec « Fellings transgression » en guise d'exemple parfait (*). On alterne ainsi riff furieux, blast de sauvages mais en ménageant comme déjà dit des espaces de « tranquillité » toute apparente !
Wilfried ne se ménage en rien (chant hurlé, growl des cavernes, aucun chant clair – vous êtes briefés !) et impressionne vraiment (matez vraiment ce clip !) sans pour autant être exempt d'un défaut majeur: la linéarité et le manque de variété de ce chant justement.
Les murs de grattes confèrent à l'ensemble la violence et l'effet dévastateur escomptés sans pour autant parfaitement satisfaire les amateurs les plus avertis... Un son résolument moderne qui vient redresser le son trop death de la batterie (caisse claire trop présente à mon goût, ceci n'enlevant rien à la technicité du marteleur de fûts officiant ici !).
Le groupe s’offre même la visite d’invités prestigieux avec les participations (pas toujours très évidentes à l’oreille objectivement car sans information en ma possession, difficile d'en faire la preuve !) de Jeff Waters (ANNIHILATOR), Jochem Jacobs (TEXTURES) et Filip Leo (CORPORATION 187). Au final, beaucoup de bruit pour peu de choses...

Technique, rapide, sans concession et finalement complexe, OUTCAST nous sert ici un second opus fruit d'un travail conséquent et totalement visible. Nos parisiens ne sont pas venus faire ici de la figuration (**). Amateur de belle chose fruit de la créativité dans nos frontières, passez faire un petit tour par ce « Self-Injected Reality » qui pourrait bien satisfaire vos oreilles averties...

Verdict: 2,5/5.

(*) Titre qui donne lieu à un clip visible sur le MySpace du groupe, typiquement dans l'esprit furieux de ce morceau. Sombre, glauque et bien réalisé !

(**) La preuve avec ces quelques dates en première partie de la tournée de GOJIRA !