RAVENHEART joue cartes sur table. En plaquant sur le boitier un visuel épouvantable, en baptisant ce premier album et les titres qui le composent de noms empruntés chez les confrères, les suisses ne trompent personne sur la marchandise embarquée. Et comme pour bien insister, un premier titre placés là comme si RAVENHEART souhaitait mettre toutes les chances de son côté à lever la moindre ambigüité qui aurait eu l’idée de résister on ne sait comment. « Valley of the Damned » (le morceau), c’est du FREEDOM CALL. Chant, chœurs et instruments en excipient de la substance active que forment les mélodies et les arrangements.
Et après ? On navigue entre l’Italie et l’Allemagne. « Reborn » et ses rapports étroits entretenus avec SKYLARK pour la première, « Lords of Power » en bon toutou qui pousse son attachement en se frottant sur la jambe de son maître, FREEDOM CALL et son Allemagne natale, donc. Ni plus ni moins.

Seulement, de manière inattendue, RAVENHEART brouille les cartes. Celles qu’il avait exhibées d’un geste, il les retourne et les mélange avec la même célérité. Pour un tirage à la tournure nouvelle. Le corbeau et son cœur sont passés d’un speed mélodique chaussé de gros sabots à un hard rehaussé d’arrangements tantôt bruts (« Watcher In The Sky », titre épique accrocheur), tantôt sucrés (la ballade « Fly Away » et sa suite en fin d’album, les deux versions proposant des mélodies communes et un refrain différent).

En tout cas, des deux visages proposés par RAVENHEART, le second moins exagérément expressif me convient mieux. Témoin en est « Cry for Tomorrow » avec ce refrain à faire s’hérisser les poils sur la nuque. Au contraire de son confrère « Lords of Power » qui joue des mêmes armes, il fait montre d’un peu plus de sagesse dans sa manière de fédérer. Il n’exige pas qu’on l’accompagne. Il le propose tout gentiment.

Franchement, j’ai mis du temps à cerner ce premier album de RAVENHEART. Non que quelque subtilité s’y cache. C’est juste que les premiers titres, dans leur insistance qui frôle l’autisme à imiter le grand frère FREEDOM CALL avaient tendance à écraser le reste. Et ce reste dont il est question, sans confiner au génie se montre bien plus intéressant car personnel. De ce premier album, toutefois, il n’y a pas assez de matière à sérieusement retenir. En dépit d’un second souffle bienvenu, il demeure encore trop moyen.
A considérer avant tout comme un début de carrière prometteur car détenteur de quelques clés suffisantes à hisser son successeur un bon cran au-dessus. Reste juste à savoir ce que les Suisses décideront.