WATAIN n'a pas inventé la poudre et on ne se caressera pas bien longtemps l'anus à l'écoute de ses sons. Non, mais on s'en tripotera quand même les testicules à plusieurs reprises. Soirée littéraire "bite couilles chattes et bière" donc. Une thématique qui sied parfaitement à ces scandinaves à l'origine aisément identifiable. En bon Suédois, WATAIN a adopté le gros son, les gros riffs, la grosse voix, la grosse grosse caisse. En bon suédois, WATAIN s'est laissé pousser les poils. En bon suédois, WATAIN adopte un discours de méchant imbibé d'alcool. Pas terrible, tout ça. Mais alors, pourquoi donc WATAIN connaît-il un tel succès ? Et pourquoi s'en toucher les couilles ? Facile, WATAIN la joue sale. Plus sale que MARDUK, grand guignol du brutal black lyophilisé. Et on aurait presque envie de croire en une ascendance norvégienne, un grand-oncle fanatique de DARKTHRONE, une tante un peu sensible. Voilà ce qui sauve le groupe des railleries généralement de mise lorsqu'on évoque le cas de trop nombreux artistes de black. Plus que de le sauver, il lui permet d'exister, et de bien exister dans le milieu.

Tout commence par un son. Une production baignant dans la plus stricte orthodoxie. Du bruit, du garage, de la sueur, du crachat sur un sol tâché de sang. Toujours audible et refusant une course aux extrêmes qui se termine trop souvent dans le fossé, l'orchestre parvient à conserver un équilibre réussi entre crudité inécoutable digne des Légions Noires et polissage excessif. Du raw pas trop raw assez raw en quelque sorte. Tout ça manque de personnalité, tout ça manque de risque mais tout ça se révèle fort écoutable.
Puis vient le vécu. WATAIN a mis deux ans avant de s'extirper de la fange de l'amateurisme. Deux ans de travail concrétisés par deux démos, un EP et un étrange album live sur support cassette. Deux ans qui ont permis à l'artiste de gagner la considération de ses pairs, deux ans pour voir un premier vernis se poser sur son poil disgracieux.
Troisième atout maître, l'écriture. Les riffs sont bons, les enchaînements savamment pensés. Si, au royaume du tout visuel, les maquillages outranciers adoptés par les musiciens permettent de couler la troupe dans le moule du banal, ils n'en ont pas pour autant oublié de composer. Bien sûr, ça va vite, très vite, ça ne s'arrête jamais et ça fatigue. Mais en sachant doser son écoute, on s'aperçoit de la richesse de certains morceaux aux multiples couches et on ne peut que s'incliner devant l'efficacité de quelques déflagrations de haine.

Énième suppôt de Satan bas du front, WATAIN, suédois de naissance rappelons-le, possède une fonction, celle de racheter la faiblesse insigne des jaune et bleu face à l'armada voisine teintée de rouge. Au contraire de nombre de ses compatriotes, WATAIN a une âme. Au contraire de nombre de ses compatriotes, WATAIN respecte à la lettre le dogme noir. Au contraire de nombre de ses compatriotes, WATAIN continue à réfléchir quand il déploie sa brutalité de ses ailes de fer. Voilà donc un premier album studio à l'ambition mesurée mais qui permet de transpirer à peu de frais en extirpant sa bile du moment. Et ce, en y prenant un plaisir jouissif, chose rare.