A croire les italiens incapables de se détacher pleinement de ce true metal qui leur doit une partie de son regain de force. Même sur un album de hard-rock comme on en faisait plein et comme on n’en fait plus beaucoup, il leur faut laisser cette marque de fabrique typique de leurs contrées. « Ancient Sign Of The Pirates », par exemple, nous sert une rythmique hard-rock, pour éclater sur un refrain que RHAPSODY aurait pu composer. L’Italie qui commence à varier son heavy, cesse de rechercher à tout va dans le metal symphonique, s’essaye de plus en plus à d’autres accords. Mais garde un orteil sur le lopin ensemencé dix ans durant par les emblèmes heavy de la nation. TARCHON FIST, c’est donc du hard-rock avec des guitares heavy bien mises en avant par une production massive. Et les refrains, re-donc, s’inspirent de ce qui se fait à la pelle depuis les débuts de RHAPSODY ou FREEDOM CALL.

TARCHON FIST tire son nom de Tarchon, roi Etrusque. Et puisque les étrusques ont pris Bologne puis lui ont insufflé l’un de ses plus grands essors économiques, puisque Bologne est la ville d’origine de TARCHON FIST, puisque le poing symbolise à merveille le heavy metal depuis ACCEPT, le choix de ce patronyme s’explique tout naturellement. S’il fallait évaluer TARCHON FIST sur ses capacités à composer ou jouer, la mention se montrerait très positive. Les italiens font vraiment preuve de dextérité. Difficile de ne pas reconnaitre l’entrain de « It’s My World », de ne pas reprendre à tue-tête le refrain de « Football Aces », de garder le poing baissé à l’écoute de « Ancient Sign Of The Pirates ». On sent une véritable maturité chez ces musiciens. Pas étonnant dans la mesure où chacun officiait dans diverses formations, notamment Federico Mengoli, guitariste qui a participé à des projets de toutes sortes et Luigi Sangermano, chanteur et frontman d’OLD FLAME, un groupe de reprises de THIN LIZZY. A force de courir le cachet un peu partout, ils ont d’ailleurs réussi à rencontrer convaincre Cliff Evans, guitariste de Paul Di'Anno, puis le convaincre de venir user sa gratte sur ce premier album.

Mais c’est sur la durée que « Tarchon Fist » cède des plumes. Le gros souci, finalement, c’est l’odeur de renfermé qui exsude de chaque compo. Il n’y a rien à découvrir sur « Tarchon Fist ». Presque rien, à vrai dire. L’hymne « Football Aces » qui cache un rêve secret de conquête des stades et le long final « Carved With Fire » scindé en deux (une sorte de prog théâtral et un délire technoïde) tiennent quand même très bien la route. Adroitement composés et nappés d’une touche personnelle, ils s’apprivoisent agréablement tout en passant par un processus, ô combien essentiel, de découverte. Pour le reste, on croirait vraiment avoir affaire à un combo de reprises. Tout ce que proposent les italiens a déjà été entendu. A part les deux titres mentionnés plus haut, rien n’étonne, chaque plan déboule comme on s’y attend. Le seul moyen pour TARCHON FIST de tirer un peu mieux son épingle du jeu aurait été de faire preuve de davantage de personnalité. De ce côté-là, c’est le néant.

Un album bien exécuté, bien ficelé et qui propose quelques titres de bonne facture. Mais des lacunes identitaires pesantes. Si bien qu’une note au-dessus de la moyenne se montre totalement inenvisageable. En tout cas sur ce premier essai. A suivre, tout de même. Les qualités manifestes d’un « Ancient Sign Of The Pirates » ont de quoi espérer un second effort plus soutenu.