Malgré l'excellence de la scène Black/Death Mélodique d'origine suédoise, dont DISSECTION fut le fer de lance, j'ai toujours eu du mal avec celle-ci. J'ai remarqué que je n'étais pas un homme de la mélodie. Je préfère le brut et le morbide, le crade et primaire, le maléfique et le malsain plutôt que les mélodies, la technique, les claviers, les sons trop propres. Je ne doute pas que l'on puisse retrouver les caractéristiques qui me séduisent dans n'importe quel genre musical et dans tous les sous-genres du Metal – mais il est ainsi fait que je préférerais toujours un VORDR à un DISSECTION, un DARKTHRONE à un SACRAMENTUM.

Pour le cas que voici, SACRAMENTUM se pose en fier second des maîtres de la DISSECTION. C'est avec un peu de réticence mais à la demande d'un lecteur que je me suis donc penché sur The Coming of Chaos (1997), deuxième long format des Suédois, expurgé après une première gloire intitulée Far Away From the Sun (1996) et avant un plus sombre Thy Black Destiny (1999). Avant ces trois releases pour ce groupe né en 1990, une seule démo et un E.P : il en aura donc fallu peu pour ce groupe exigeant, perfectionniste et talentueux pour percer, se faire remarquer et être produit... Bien que SACRAMENTUM montre une facette somme toute assez proche de DISSECTION et démontre un talent indéniable pour la composition – comme si les deux groupes étaient les deux faces d'un seul personnage, tel Janus – ainsi qu'une réelle inspiration, montant facilement au niveau de leurs compères, SACRAMENTUM dépeint un univers plus sombre et moins poétique que le combo de Jon Nodtveit. Il n'a, surtout, pas bénéficié de la même exposition médiatique que ce dernier donna à sa formation allant en taule croupir pour assassinat... The Coming of Chaos et ses frères tenteront donc les âmes un peu plus ténébreuses. Pour ma part j'y trouve plus mon compte.

Enfin bon, si vous connaissez DISSECTION vous verrez de quoi il s'agit avec SACRAMENTUM, car c'est du pareil au même. Si vous êtes un maniaque de cette scène suédoise, qui mêle habilement les blast-beats de la batterie, les décrochés Death Metal et autres plans barrés, les mélodies à outrance (on sent l'impact de cette petite scène sur le futur du Death Mélo suédois) et les voix des guitares se superposant, une voix rauque métamorphosée à grand coup de gitanes sans filtre et de mauvais whisky, ainsi que quelques vagues passages plus Black Metal et du synthé discret, eh bien mes amis, si vous appréciez tout cela, vous aimerez je n'en doute pas nos sacrés SACRAMENTUM. Mais voilà, moi, c'est tout ça qui ne me plait pas, même si je suis forcé d'admettre des qualités inaltérables. J'ai trop mangé de cette école quand je découvrais cette scène extrême de Scandinavie recherchant beauté des mélodies, vitesse, technicité et complexité. Comme je l'ai dis, je suis adepte de la laideur musicale. C'est elle qui me fait "tripper". Pas besoin de sentiments doux. Car The Coming of Chaos (immortalisé par Andy LaRocque & Century Media) séduira assurément les poètes un peu violents, mais pas les bestiaux de ma catégorie.

Seulement, on tourne en rond et essayez de tourner sur vous-mêmes : ça saoule. Un peu à la façon des artistes maniéristes, ces Suédois se copient tous les uns les autres : SACRAMENTUM et DISSECTION ont posé des jalons historiques et ont construit des types de mélodies qu'un satané nombre de formations a copiés à l'envie. Les riffs sont reconnaissables entre mille. Il n'y a pas un orchestre de ce pays ou de ce sous-genre qui ne me fasse irrémédiablement penser aux pionniers du style... Je n'en peux plus. Je fais une indigestion. Il y a et aura toujours des amateurs pour ce sous-genre métallique de qualité, ébahis devant tant de recherche, de technique et de beauté sombre. Tant mieux. Je laisse ma place à ces gens et retourne dans mon caveau...
Mention très bien cependant au dernier titre, éponyme, qui porte très bien son nom et est un petit morceau de bravoure.
3,5/5