N.K.V.D. est un sigle que vous n'allez pas oublier de sitôt. Faisant partie bien malgré lui de la mouvance Industrial Black/Death Metal, N.K.V.D. est un coup de trique novateur qui va faire mal par où il passe. Diktatura est un E.P qui a fait grand bruit à sa sortie et que le jeune label français mais de bon goût Those Opposed Records a dans la foulée fait presser – car la Bête en question le vaut bien, et même très bien. Dans son genre je vous le dis, le monstre a fait fort. 21:42 d'un froid glacial, d'un agression sonore quasi physique et quasi constante, d'une violence toute extrême, d'une haine concentrée, de tension exacerbée à la densité submergeante, l'ensemble doté d'une production écrasante et résolument moderne. Et tout cela pour un simple « amateur » ! Mais le bonhomme qui a enfanté l'opus y a mis toutes ses tripes, en bossant sans relâche durant deux mois complets. Avec du matériel de base. Le but à atteindre était dessiné depuis longtemps. Restaient les moyens. L.F, l'homme en question, les a saisit. Résultat : un Diktatura de folie, qui restera dans les annales du (sous-) genre.

N.K.V.D. (Narodnii Komissariat Vnoutrennikh Diél) est l'ancien nom du N.K.G.B., ancien Commissariat du Peuple à l'Intérieur du temps des tortionnaires de l'URSS, soit : la police politique du plus grand pays du monde humain. Cette police d'état en fonction de 1934 à 1946 dirigée par un très grand malade (le Géorgien Lavrentii Beria) créa les inoubliables goulags et extermina quelques millions d'opposants selon des méthodes que les nazis ont du leur envier... Ca devait être la compétition entre eux, enfin bon ! Revenons à la grande Histoire. Le N.K.V.D. deviendra l'historique N.K.G.B. plus politiquement correct en apparence, aux actions plus secrètes durant la guerre froide... Diktatura, comme son nom l'indique, traite de grands dictateurs européens modernes : Hitler, Milosevic, Staline, et le Tchéchène Ramzan Kadyrov, chacun ayant un titre dédié sans les glorifier pour autant. Martial, violent et imparable, Diktatura s'étale sur cinq titres qui sont autant de perles. « Diktatura est juste la mise en lumière de personnages historiques, ou plutôt la mise en musique » (cf. interview sur La Voix des Ombres, où vous trouverez plus d'explications sur le pourquoi de ses choix). Quatre portraits dépeints sous la lumière de la cruauté sonore.

Outre les riffs, menaçants et maléfiques jusqu'à en vomir, qui vous scient la cervelle à longueur de temps, la boîte à rythme super-sonique parfaitement mixée finira de vous violenter en vous martelant de blasts-beats ingénieusement pensés. Dévastateurs, les quatres titres (on laisse de côté l'intro) sont de vraies boucheries qui ne laisseront indifférents ni les oreilles, ni les cervelles. Les samples des discours associés à la monstrueuse production donnent un côté religieux à l'offrande. Après une intro digne d'un film d'horreur, planante et laissant présager le pire, la violence de Kadyrovski Klan vous saisit à la gorge tel le pittbull, sans prévenir. On se demande comment tant de puissance, comment tant de violence est possible et réalisable de la part d'un obscur one-man-band français... On est littéralement aplati, dégommé, rendu muet : impressionnant. Au casque, le volume à fond, on reste pantois et sonné. L'aspect militaire ainsi qu'un évident sentiment historique font également leur apparition avec force. Enfin le discours reproduit ajoute de nous plonger dans ces moments noirâtres de notre Histoire...

La suite est tout autant du même délectable et du même ordre : je ne vais pas vous en dire plus mais Diktatura vaut allègrement les cinq kilos de cahuètes que vous cachez sous votre lit. Ce mini-cd « brutal, lourd et martial » voit également l'apparition d'Eric Syre (THESYRE) aux vocaux sur la quatrième piste – il a également réalisé l'artwork de la galette. La version vinyle verra le jour chez Flamme Noire et la version cassette est sortie chez Mistress Danse Records. Le Montpelliérain à l'origine de ce Diktatura aura la lourde tâche de faire mieux pour l'album à venir, tant il a placé la barre haute. On attend impatiemment la prochaine livraison, qui est déjà à moitié mise en boîte. Un hurleur a été spécialement recruté pour l'occasion...