Avec « Far Away From The Sun », premier album longue durée de la formation suédoise, SACRAMENTUM s’éloignait quelque peu du Dark Metal de "Finis Malorum", estampillé « rejeton de DISSECTION », pour arpenter avec talent les sentiers d’un Black mélodique de haute volée. A l’image de la peinture de Necrolord (responsables de pochettes d'EMPEROR, DISSECTION, DARK FUNERAL...) en ornant la facade, l’édifice SACRAMENTUM se consolidait ainsi sur de plus belles bases, celles d’un Black superbement mélodique, excellemment produit par ailleurs.

Point trop violent, mais ne versant jamais non plus dans le commercial de mauvais aloi, SACRAMENTUM réussit avec « Far Away From The Sun » à se donner une totale légitimité Black, le tempo et les riffs montrant une belle agressivité, tout en enveloppant sa musique d’une brûme bleutée et envoûtante. Les bases brutes aperçues sur « Finis Malorum » sont belles et bien là, le groupe ne ménageant pas ses efforts pour développer une musique assise sur une moisson conséquente de blast beats, le bassiste chanteur Nisse Karlen se chargeant de vociférer de son timbre plus Death que Black, répercutée par une sorte d’écho qui lui donne un intéressant caractère fantomatique. Mais la mélodie reste au coeur de cette tourmente - qui s’exonère d’une brutalité à la MARDUK - les riffs si typiquement Black suédois de Anders Brolycke s’affirmant comme les plus efficaces pourvoyeurs d’atmosphères qui soient.

En résulte donc une musique qui, pour agressive et véhémente qu’elle soit (« Blood Shall Be Spilled »…), parvient à distiller le riff brumeux ou le chorus de guitare qui offre à la texture du son ce petit côté gracieux qui fait la différence (« Fog’s Kiss »), et s’épanche même en quelques passages totalement atmosphériques, les guitares se faisant alors mur compact de riffs en suspens, ou même gardiennes de courts solos charmeurs (les excellents « The Vision And The Voice » et « Cries From A Restless Soul »). Et on a même droit à des accalmies en son clair ici et là (« When Night Surrounds Me », « Beyond All Horizons ») !

Beaucoup de personnes n’ont vu en SACRAMENTUM qu’un vulgaire clone de DISSECTION. Je m’insurge contre ce jugement dévidé à l’emporte pièce ! S’il est vrai qu’un ou l’autre passage ne manquera pas de rappeller les monstrueux suédois, SACRAMENTUM possède sa propre identité, et s’applique à le démontrer à travers ce « Far Away From The Sun » moins consistant que celui de DISSECTION - dans son sens descriptif quant aux riffs. Et l’on souffrirait d’une perte conséquente en se refusant d’accorder toute notre considération à ce disque inoubliable pour bien des fans de Black mélodique de très grande qualité.

En conséquent, que celui qui ne craint pas les chants possédés par la rage – le seul point nodal du disque, qui m’empêche par ailleurs de lui coller 5/5, Nisse Karlen adoptant malheureusement, mais ce n’est que mon avis, un style de chant original mais assez fatiguant à la longue, car trop monolithique - ne commette pas l’erreur de passer à côté de cet très bon disque qui a de plus le mérite, avec ses quarante six minutes, de ne point se montrer trop bavard ! La suite de la carrière de cette formation suédoise ne sera pas aussi reluisante, alors autant en profiter…