Il est bien entendu certain que tout fan de rock sudiste ait déjà posé une oreille sur le mythique combo Molly Hatchet, vu comme le successeur de Lynyrd Skynyrd à la sortie de leur premier album vers la fin des 70s. En 1984, nos larscars venant tout droit des profondeurs du continent américain ont déjà roulé leur bosse avec une série de cinq albums de très bonne qualité qui les ont promus au rang de référence de southern rock, rien que ça. Les années 80 ne s'annoncent pas aussi propices que la décennie précédente pour faire du southern, les groupes de hard sudistes subissent des pressions de leur maison de disques qui les obligent à faire une musique plus commerciale, plus facile à faire passer sur les ondes radio... du hard fm! Amorcer un tel virage ne doit pas être sans conséquence pour un groupe qui se sacrifie pour continuer à exister. Pour un groupe de cette trempe, envisager un tel virage, c'est aller droit dans le mur. La descente aux enfers est elle inévitable? Oui...

Déjà souhaitons la bienvenue (à coup de pied dans la face) aux synthés, au son ignoble typique des années 80! Au revoir ô bon son chaud et agréable des guitares sudistes pour une production aseptisée calibrée FM. Pourtant le titre "Satisfied Man" ouvre le disque sur un bon morceau, au refrain mémorisable et au solo qui vaut le coup mais il faut se rendre à l'évidence ce n'est pas une pièce incroyable, sympa mais sans plus. Ensuite la lassitude s'installe, très rapidement on se rend compte que cet ensemble est insipide et inintéressant. L'introduction d'un saxophone sur le morceau "She Does She Does" est plus que détestable, déjà pour un morceau de Molly Hatchet mais de plus pour du hard fm en carton pâte, le solo de saxo étant moyen et inutile. Pourtant ce titre avait un riff de base intéressant mais le manque de pêche et le côté clean, sans relief de cette reconversion en fait une composition mauvaise. La présence de choeurs niais sur "Backstabber" irrite les oreilles, on pense que l'on peut difficilement faire pire...faux! Les choeurs sur "Stone in your Heart" poussent cette fois ci le ridicule à son paroxysme! "NANANANA....", cette chanson (ouais c'est que de la chansonnette) tape sur le système et oblige à appuyer sur la touche "suivant" de son lecteur... dur.

Les morceaux de cet album sont fait pour être mémorisés rapidement, les refrains reviennent souvent et se retiennent facilement. Dans la deuxième moitié du disque les synthés idiots disparaissent au plus grand bonheur de nos oreilles pour des compositions tantôt très médiocres, tantôt symphatiques mais pas transcendants pour un sou. Les titres "Heartbreak Radio" et "Good Smoke and Whiskey" font partie de ces compositions assez sympathiques, ils incorporent un piano au lieu d'un synthé, déjà mieux. La reprise "I Ain't Got you" des Yardbirds est inutile tandis qu'un livide instrumental acoustique sans grande saveur ferme ce disque médiocre.

Malgré une pochette superbe rappellant l'heure de gloire du groupe de hard sudiste, cette reconversion au hard fm en papier mâché est comme prévue: bien foireuse. Certaines compositions sont un tantinet plaisantes mais ne parviennent pas à lever le bas niveau de cet album. Heureusement le groupe se rattrapera l'année suivante avec un excellent live ("Double Trouble Live") montrant que le groupe joue toujours un terrible hard sudiste aux solos exquis mais ce live sera malheureusement plombé par deux titres de cet album qui baisseront son niveau. Un son plat et aseptisé pour une musique commerciale, c'était le passage obligatoire pour tous les groupes de sudistes dans les années 80. Ce sera le seul disque de Molly Hatchet dans cette soupe musicale, le contrat est fait. The Deed is Done...