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BRUTAL DEATH TECHNIQUE  |  STUDIO

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2000 Murder's Concept

YATTERING - Murder's Concept (2000)
Par T-RAY le 19 Juin 2008          Consultée 3785 fois

En l'an 2000, le death metal polonais est à la fête. En effet, le metal de mort made in Poland nous offre en l'espace de quelques mois un véritable carré de rois (d'as, cela aurait été exagéré, et de dames, cela aurait manqué de couilles. On parle de death metal là, non ? Bon sang !). Le seigneur VADER ouvre le feu avec l'excellent « Litany ». Les jeunes loups de DECAPITATED l'imitent avec un « Winds Of Creation » diablement réussi. Puis DIES IRAE, formé de trois membres de VADER pas décidés à chômer, entre en scène avec « Immolated ». Enfin, YATTERING, jusqu'ici renommé qu'en Pologne, décide de se dévoiler au monde entier (ouais, bon, d'accord, c'est petit le monde du death...) avec l'aide d'un contrat fraîchement signé avec Season Of Mist.

Après un « Human's Pain » confidentiel, bien qu'inspiré, en 1998, YATTERING réapparaît donc dans la foulée de ses trois compatriotes avec une arme d'un plus gros calibre : « Murder's Concept ». Une arme bougrement destructrice, d'ailleurs. Il suffit de constater l'état de la dépouille représentée sur la pochette (non, pas le bébé !) pour imaginer ses effets. On pourrait aisément croire que YATTERING fait dans la destruction massive. Mais en réalité, c'est plutôt dans la boucherie fine qu'il excelle.

L'on ne s'en rend compte que progressivement car, au départ, c'est la brutalité globale de l'oeuvre qui saute aux yeux, et surtout aux oreilles. Le tout est assez compact, et la voix ultra-caverneuse et presque dénuée d'articulation de Śvierszcz n'aide pas vraiment à occulter cette impression d'excessive brutalité. Mais au fil des écoutes, celle-ci s'estompe pour laisser place à la surprise. Celle, agréable, de constater que l'on n'a pas affaire là à un monolithe néolithique, mais plutôt à une sculpture de qualité taillée dans une roche bien solide et bien dure.

Car les quatre musiciens jouent. Ils jouent fort, et ils jouent bien. Très bien même. On est ici en présence de vrais techniciens. Les guitaristes sont réellement indépendants l'un de l'autre, et n'exécutent que rarement des plans similaires. Ils alternent les parties rythmiques compliquées avec aisance, notamment sur "...An Inanimate", qui débute sur un déluge de plans rythmiquement variés qui s'enchevêtrent. Même lorsque les gratteux multiplient les rythmiques saccadées, voire hachées, ils parviennent à maintenir la continuité des morceaux. Il est d'ailleurs étonnant de voir comment un titre comme "Pleasure", pourtant de haute volée, techniquement et brutalement, parvient à faire taper du pied comme le ferait un bon morceau de rock'n roll. En outre, la capacité avec laquelle le groupe est capable de passer d'un passage très rapide nourri aux blast beats à un passage bien lourd et sombre est très intéressante, et renforce l'intérêt de sa musique.

Mais les deux six-cordistes ne sont pas seulement bons en rythmique, ils sont également remarquables à la lead guitar. Dès "The Murderer", ils démontrent leur science du solo percutant, sans jamais verser dans l'avalanche de notes décousue et incohérente (comme c'est souvent le cas dans le death et dans le thrash). Et ils ne manquent jamais d'expérimenter, comme en témoigne l'un des soli de "Exterminate", qui sonnerait presque comme du honkytonk qui aurait déserté son piano ou sa gratte acoustique pour s'accommoder d'une guitare ultra-saturée. Ou alors cette double partie de guitare sur "Anal Narcotic", ou l'une des deux six-cordes garde son timbre grave quand l'autre maintient une étonnante rythmique dans les médiums, pour un rendu sonore unique. Autre exemple, cette partie du très bon "Life For Life" (rien à voir avec le Stade Français...) qui pourrait être extraite d'un titre d'ATHEIST, et qui montre YATTERING capable de produire un death non plus seulement technique, mais progressif par moments.

Le batteur, lui, n'est pas en reste, puisqu'il contribue également aux rythmiques élaborées de ce disque. Ses breaks nombreux et, pour la plupart, judicieux contribuent souvent à aérer les morceaux lorsqu'ils se font brutaux, ou interviennent à point nommé pour relancer la machine violente que reste YATTERING. Ząbek est d'ailleurs la vedette de "...An Inanimate", qu'il parsème de breaks à contretemps au cours desquels il donne libre-cours à son jeu de cymbales. Un peu comme un groupe de jazz peut prendre le temps, dans ses morceaux, de laisser la parole à l'improvisation ou à un solo prolongé d'un de ses membres, YATTERING n'hésite jamais à laisser ses musiciens s'exprimer. C'est parfois proche de la démonstration technique, mais heureusement, la musique reprend toujours rapidement ses droits. Aussi rapidement qu'un bon blast bien senti, généralement.

Le groupe sait aussi laisser place aux ambiances. De nombreux samples ambient concluent les morceaux, notamment le dernier, "Rescue", un instrumental prenant, beaucoup moins technique que les autres titres, mais sur lequel on se laisse guider par la musique du quartet, qui place subtilement quelques expérimentations avant de laisser s'évanouir la musique dans un long fade out auquel succède de nouveau, et pour la dernière fois l'un des samples précités.

Cette galette d'un haut niveau musical pourrait être davantage appréciée si elle n'était pas desservie par une production incomplète, entendons par là qu'elle ne permet pas à tous les instruments de briller comme il se doit. Ainsi la basse de Śvierszcz n'est que peu mise en avant par rapport aux guitares, et on ne l'entend pas beaucoup. De même, le manque d'ampleur de la production aurait permis de mieux rendre grâce aux efforts déployés par les deux gratteux pour proposer des plans de guitares aussi variés. Enfin question ambiance, le côté malfaisant des textes aurait pu être mieux retranscrit si les interventions de la deuxième voix, plus black, avaient pu être plus audibles, et n'avaient pas ressemblé à un simple son laryngique lointain par rapport à celle, trollesque, de Śvierszcz. Reste que cet album est tout de même un sacré disque de death, qui mérite qu'on lui porte une oreille. D'autant qu'il s'agit du meilleur skeud d'un groupe aujourd'hui disparu.

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   T-RAY

 
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- Œvierszcz (basse, vocaux)
- Hudy (guitare)
- Z¹bek (batterie)
- M³ody (guitare)


1. The Art Of The 20th Century
2. The Murderer
3. The Species
4. Life For Life
5. Exterminate
6. ...an Inanimate
7. Pleasure
8. Anal Narcotic
9. Damaged
10. Rescue



             



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