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2020 1 Visitations From Enceladus

CRYPTIC SHIFT - Visitations From Enceladus (2020)
Par T-RAY le 7 Décembre 2020          Consultée 3976 fois

Quand j'écoute "Visitations From Enceladus", je pense à "Meddle", le sixième album studio de PINK FLOYD. "Ouah, rien que ça !", vous entends-je dire devant votre écran. Eh oui, je compare le disque que je chronique à l'instant à l'un des plus grands monuments de l'histoire du Rock Progressif planant, qui se trouve accessoirement être mon longue-durée préféré de la formation londonienne (*). Ça devrait vous donner une idée du niveau et de l'ambition qu'affichent leurs compatriotes britanniques de CRYPTIC SHIFT, venus, eux, de la mal-aimée Leeds. Et je l'affirme sans ambages : ce premier opus studio de leur part s'inscrit sans aucun problème parmi les meilleurs albums de Thrash/Death Technique et Progressif qui soient.

Vous me direz, l'étiquette ne regroupe pas grand-monde et vous aurez raison sur ce point. Cependant, le statut auquel prétend ce disque n'est aucunement usurpé. Et la comparaison avec "Meddle" se tient, comme vous allez le constater. Parce qu'est-ce que "Meddle" en plus d'être un chef-d'œuvre ? C'est un disque qui, d'une face à l'autre, n'hésite pas à montrer un double visage : l'un plutôt léger et diversifié, l'autre d'une ambition débordante et d'une maestria à couper le souffle. Cette face B, celle occupée par ce qui est, selon moi, le plus formidable titre jamais écrit par le FLOYD, "Echoes", connaît justement un écho en 2020 avec ce qui occupe la face A de la version vinyle de "Visitations From Enceladus", "Moonbelt Immolator".

Tout comme "Meddle" pour PINK FLOYD, mais en sens inverse, "Visitations From Enceladus" permet à CRYPTIC SHIFT d'affirmer dans les grandes largeurs tout son talent de composition dans une pièce longue de près de vingt-six minutes, soit presque quatre de plus que n'en comptait "Echoes". Et si l'on ne parle pas ici du même genre de musique, reste que "Moonbelt Immolator" dispose du même genre d'atouts que n'en possédait le superbe titre-fleuve de David Gilmour, Nick Mason, Roger Waters et Richard Wright : en plus de permettre aux musiciens de mettre en avant leurs qualités instrumentales, il nous permet de voyager loin, de planer littéralement et de nous retrouver propulsés dans l'espace.

Et il en faut des qualités aux musiciens que sont Xander et Joe Bradley, John Riley et Ryan Sheperson pour nous transporter d'Encelade à la Terre. Car Encelade - "Enceladus" en anglais - n'est autre qu'un satellite naturel de la planète Saturne et il est réputé pour être susceptible de réunir une bonne partie des conditions nécessaires à l'apparition de la vie. D'Encelade à notre planète, c'est un long et périlleux voyage qui nous attend et c'est exactement ce que révèle "Moonbelt Immolator". Sans jamais retomber vraiment sur ses pattes par le biais de variations d'un même thème ou la réapparition d'une mélodie déjà entendue, comme c'est souvent le cas sur les pièces à tiroirs typiques du Prog, ce morceau, au contraire, nous convie à de constantes péripéties.

L'on pourrait en déduire que CRYPTIC SHIFT ne sait pas tenir en place mais en réalité, il mène parfaitement son aéronef que ce soit face aux vents stellaires parfois très rudes, accusant de nombreuses turbulences, ou sur les flots calmes de l'espace interplanétaire. Et elles arrivent bien vite, ces turbulences : de parties classiquement Thrash ou bien plus alambiquées en sursauts frénétiques de plans dissonants digne du Death Metal le plus technique, la formation anglaise nous en met plein les esgourdes mais heureusement, l'équilibre parfait de la production, qui laisse à chaque instrument le soin d'occuper son espace à lui et de se faire entendre, fait du bien. Ainsi, même dans les accès d'agressivité les plus francs, jamais CRYPTIC SHIFT ne se montre brouillon.

Lorsqu'approchent les neuf minutes, moment où la traversée s'apaise (temporairement) aux alentours de Jupiter, que se dévoilent des guitares clean et que la basse se fait aussi smooth que possible, le quartette a déjà démontré tout son savoir-faire technique et ses capacités à générer aussi aisément de la mélodie que de la dissonance. Oui, les furieuses secousses de ce premier tiers de morceau ont suffi à CRYPTIC SHIFT pour nous éblouir. Mais comme le combo n'a aucune intention de s'en tenir aux confins des géantes gazeuses, il nous invite à poursuivre vers les planètes telluriques et vers Mars, tout d'abord, via la ceinture d'astéroïdes principale. Le trajet s'y corse et le quartette y démontre une agilité rare pour passer de plans plus alambiqués, que ne renierait pas un VEKTOR, à des passages plus contemplatifs.

L'approche de la Terre a lieu vers les dix-neuf minutes, lorsque les premiers bourdonnements de nos émissions électromagnétiques se font entendre. À partir de là, c'est une succession d'accélérations et d'embardées, parfois totalement Thrash, auxquelles on a droit, séparées par quelques stabilisations, jusqu'à cet atterrissage final tout en larsen qui ouvre enfin la voie à ce qui constitue la face B de l'album. Une face qui, à l'instar de la face A du "Meddle" du FLOYD, présente un CRYPTIC SHIFT plus concis et focalisé sur une poignée de morceaux plus courts. Mais que ce soit sur les 7'20 de "(Petrified In The) Hypogean Gaol", les 7'47 de "The Arctic Chasm" ou les 5'30 de "Planetary Hypnosis", le groupe du Yorkshire ne s'y montre pas moins technique ni moins progressif.

Le premier de ces trois "petits" morceaux ferait presque office de modèle réduit de "Moonbelt Immolator" tant il nous invite au voyage spatial, lui aussi. Quoique CRYPTIC SHIFT s'y fait plus léger, plus aérien et nous montre que, lorsqu'il faut se concentrer sur l'aspect mélodieux de sa musique plutôt que sur son côté dissonant et complexe, il sait parfaitement y faire. Et lorsqu'il nous plonge dans des atmosphères presque Doom/Goth, l'espace d'une minute sur le dernier tiers de "The Arctic Chasm", on y suit le groupe sans hésiter, le charme de son Metal ayant de toute façon opéré depuis longtemps. CRYPTIC SHIFT est charmeur, en effet, car même ceux allergiques au côté démonstratif du Prog et à l'aspect hyperactif du Techno Thrash peuvent trouver leur compte sur "Visitations From Enceladus".

Pourquoi ? Parce que cet album est tout sauf incompréhensible. Au contraire, même si ses morceaux n'exploitent jamais des thèmes récurrents, que leurs structures ne sont jamais cycliques et ne comportent jamais d'alternance couplet/refrain, ils conservent en toutes circonstances un côté lisible de par la fréquence des passages plus mélodiques, de par la douceur des parties les plus atmosphériques et parce que, si CRYPTIC SHIFT se fait souvent agressif, il ne se montre jamais violent. "Visitations From Enceladus" est un peu cet album "entre tout", qui peut séduire un maximum de Metalleux : entre le très technique et le très simple, entre le dur et le tendre, entre le complexe et l'évident, entre le barré et le carré. Et pourtant, ce disque est tout sauf de l'eau tiède. Tout comme "Meddle", en somme.

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(*) Et je revendique mon droit à l'hyperbole, bordel de merde.

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   T-RAY

 
   POSITRON

 
   (2 chroniques)



- Xander Bradley (guitare, vocaux)
- Joe Bradley (guitare)
- John Riley (basse)
- Ryan Sheperson (batterie)


1. Moonbelt Immolator
2. (petrified In The) Hypogean Gaol
3. The Arctic Chasm
4. Planetary Hypnosis



             



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