En 1990, le nain WALKYIER, petit par la taille mais grand par le talent, décide de quitter précipitamment Andy SNEAP et ses compères de SABBAT, la faute aux sempiternelles divergences musicales qui opposent les deux leaders. Je me souviens qu'à l'époque, si ma mémoire ne me fait pas défaut, Martin qui écrivait pourtant l'intégralité des textes, déclarait qu'il ne parvenait pas à poser sa voix sur les nouveaux titres composés par Andy. Mouais...c'est pas bien ça, ouh le méchant Andy ! Hop ! Ni une, ni deux, voilà mon Martin qui met les voiles pour fonder le fantastique SKYCLAD avec d'autres compagnons de fortune.
Vous savez, c'est un peu comme si Passe Partout faisait un bras d'honneur à Olivier MINE, tout en claquant la grande porte de FORT BOYARD sur les doigts en caoutchouc du Père FOURAS.

En 1991, le remplaçant du lutin-garou à la voix de crécelle est un certain Ritchie DESMOND, un gars qui a du coffre et qui sait chanter, un peu dans le registre de Matthew BARLOW (ex:ICED EARTH).Eh ! Ho! Pas d'affolement, j'en vois déjà plusieurs qui s'agitent au fond ! En effet, notre brave Ritchie a beau nous montrer l'étendue et la puissance de sa voix, son chant devient rapidement horripilant et ferait même se dresser le poil le plus récalcitrant. Dans ce domaine, on atteint des sommets sur la délicieuse "Paint the world black", une power ballade pseudo tristounette, affligeante et crispante à souhait. Ritchounet a composé tout seul les mélodies vocales, et si l'on doit lui reconnaître un talent, ce ne sera certainement pas celui-là, car elles se révèlent toujours poussives, souvent médiocres, rarement intéressantes. La production bizarroïde n'arrange pas notre affaire: le chant en avant, les grattes en arrières, le batteur qui s'éclate et toi qui tiens le choc...Heu nan, ça c'était TENUE DE SOIREE, mais passons. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Monsieur SNEAP n'a pas eu l'ouïe bien fine ce coup-ci.

Et justement quand on parle de Andy, où est donc passé le compositeur génial des fameux "History of a time to come" et "DREAMWEAVER" ? Le Thrash anticonformiste a disparu et SABBAT n'est plus que l'ombre de lui-même, pourtant l'inspiration fait subrepticement quelques apparitions. Le riff principal de "The demise of history" qui ouvre l'album est sympathique, mais on attendra ensuite la deuxième partie du skeud avec "Dreamscape" et son refrain original, ou encore"Without a trace" avec son ingénieuse construction à tiroirs. Ces derniers titres sont d'ailleurs les plus réussis, les vocaux de l'ami Ritchie étant ici un peu plus digestes, et ce n'est pas l'ultime ballade éponyme toute en miaulements qui nous contredira.

Le disque nous laisse une révoltante impression de gâchis lorsqu'on imagine une production adaptée et le chant de Martin en lieu et place de ce naufrage, nul doute que ce "Mourning has broken" aurait sonné d'une toute autre manière. Peut-être un mal pour un bien en fait, n'oublions pas que grâce à cet album, SKYCLAD est né sous son meilleur jour et Andy SNEAP est depuis devenu un producteur réputé. Le feu d'artifice final, serait évidemment que les aficionados du genre se jettent sur les nouvelles rééditions remasterisées 2007 des deux indispensables premières torpilles.