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LABΫRINTH - 6 Days To Nowhere (2007)
Par BAST le 2 Septembre 2007          Consultée 6435 fois

Le voyageur qui vient de rallier le vaisseau LABYRINTH ne devrait disposer en toute logique que de peu de repères sur son passé artistique. Car apprenant les deux mutations décisives consenties par la formation transalpine, il les imagines sous l’escorte d’une évolution de style importante. Avant de pouvoir tirer ses propres conclusions, le voyageur devra remonter à la source. Celle qui a vu la navire mouiller pour la première fois. Trois longueurs vers l’amont et il aurait l’opportunité de découvrir un pan de l’histoire du heavy italien. Deux de ses figures emblématiques, pour être précis. L’une à la carnation plus étincelante que jamais et nimbée d’une crinière parfaitement adaptée à l’idée romanesque que l’on se fera d’un fils de roi. Fabio Lione. L’autre au teint assombri par le poids d’un engagement injustement gratifié. Olaf Thorsen.

Une formation dépossédé de son chanteur laisse au vent quelques débris, l’expérience l’a démontré. Que lui reste-t-il de son intégrité ou de sa ligne directrice lorsque son principal compositeur emprunte du jour au lendemain une autre voie ? Si le départ de Fabio Lione a été l’occasion pour LABYRINTH d’opérer un virage l’éloignant des courants progs pour lui faire goûter aux vents fougueux du speed mélodique (« Return To Heaven Denied », 1998), il est normal que le voyageur ne se montre pas décontenancé par cette passation de micro. Ce n’est pas la voix qui changea l’identité du groupe mais plutôt l’inclination reconsidérée du propos musical. Par contre, qu’un équipage recomposé parvienne à entretenir le cap choisi par son navigateur fraîchement débarqué (après « Sons Of thunder », 2000) l’étonne davantage. Olaf Thorsen aurait-il apposé sur son carnet de bord quelque recommandation, en chef de bord soucieux que les flots n’aient jamais raison de son premier navire ? Passés l’étonnement et probablement le loisir de deviner une discographie réservant d’autres satisfactions, notre voyageur a même droit à un constat distrayant. Le rêve adolescent de musiciens « seulement » italiens s’est brisé sous l’assaut de la maturité. L’acceptation de leurs origines a jeté à bas les pseudos américanisés. Adieu Rob Tyrant, Anders Rain, Andrew McPauls. Bienvenue à Roberto Tiranti, Andrea Cantarelli et Andrea De Paoli (décision prise en 2002)

LABYRINTH a une âme. A la nostalgie résurgente et toutefois solidement amarrée à son époque. Alors la flamme chevrotante qui l’anime résiste au temps. « 6 Days To Nowhere » lui promet encore quelques années de survivance. Les italiens ont eu la bonne idée de ne pas se contenter de suivre le rythme des flots, optant pour des escales stratégiques dans des ports nouveaux, opulents. LABYRINTH pare effectivement son heavy plus romantique qu’épique d’une dose de fonte propre à communiquer à ses mélodies une plus lourde inertie. Les claviers soyeux, le chant à la délicatesse affirmée, la rythmique douçâtre, tous ces éléments qui se sont amalgamés aux origines pour former une carène bien ajustée ont accepté des torsions ouvrières blacks ou passablement thrash. Disséminées çà et là, il faut parfois tendre l’oreille pour les percevoir. D’autres fois aussi, elles fissurent la digue et jaillissent avec fracas, guitares pachydermiques, nappes de clavier au mimétisme wagnerien (« Wolves’N’Lambs »), grunts à l’haleine de souffre ou courts blast beats au premier rang (« Lost »). Rien de bien définitif, le discours recouvre à chaque fois ses ballotements caressants (« Mother Earth »). Le timbre délicat de Rob Tyrant – pardon Roberto Tiranti – ne se prête de toute façon pas très longtemps à ce genre d’incartade musclée. Il fait bien de ne pas trop insister sur une hargne qui tient surtout du voyou malingre noyant sa virilité pudique sous une séduction indéniable (pour finir sur Roberto, son principal défaut, à savoir un manque de coffre manifeste, n’a toujours pas été réglé).

Seulement, si LABYRINTH ne se fait pas l’urne de tous les suffrages avec ce nouvel album, c’est au superflu qu’il le doit. Le début de l’album accroche facilement. Seulement, l’accumulation de certains plans fatigue. Réduire la durée de « 6 Days To Nowhere » aurait peut-être permis à LABYRINTH de s’extirper du piège. A trop vouloir gâter, le timonier italien laisse au roulis une initiative écœurante. L’expérience tend à montrer que 13 titres aux ruptures abondantes (je ne compte pas la reprise mignonette « Come Together »), c’est 2 ou 3 de trop, en tout cas lorsque l’on s’éloigne du fil conducteur déroulé par un concept consistant. Lesquels ? « Coldness », peut-être, ou « Out Of Control », peu émérite dans ses velléités entrainantes de supermarché. « 6 Days To Nowhere » a tendance à désaltérer avant l’heure, refusant au final pourtant intéressant l’attention des papilles qu’il mérite. Un album a écouter en deux fois : du début au milieu, puis du milieu à la fin. Pour revenir au final, LABYRINTH a choisi de clore son 6ème album sur une reprise de son tout premier single, « Piece Of Time ». Le titre original chanté par Fabio Lione avait le charme naïf de son époque, la reprise se mange comme un amuse-gueule. L’initiative incitera peut-être le voyageur, s’il n’a pas encore choisi de lever les yeux vers le passé, à se frotter aux premiers ouvrages des italiens.

L’aura de reconnaissance qui avait tendance à coller aux cheveux de chaque formation italienne émergeante de la fin des années 90 s’est dépenaillée, le constat s’affermira probablement d’année en année. L’époque n’est plus la même et les festivités ont laissé place à une bataille rangée impitoyable. LABYRINTH a encore de quoi conserver jalousement par devers lui de nombreux fans. Car il les soigne, persévérant dans ce heavy léché, demi-frère d’un KAMELOT éduqué au hard-rock plutôt qu’au classique, et s’essayant à quelques idées empruntées alentours, histoire de ne pas sombrer idiot. Son heavy parsemé de plans intelligents lui permet même de prolonger sa concession. Pour combien de temps ? Peu importe, chaque chose en son temps. Celui-ci en tout cas, on l’apprécie. Sans frénésie, sans emphase, juste comme un guide de saison avec lequel on n’a que très peu de points communs mais qui a su nous montrer des paysages à dévorer des yeux.

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   BAST

 
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- Roberto Tiranti (chant)
- Andrea Cantarelli (guitare)
- Pier Gonella (guitare)
- Andrea De Paoli (claviers)
- Mattia Stancioiu (batterie)


1. Crossroads
2. There Is A Way
3. Lost
4. Mother Earth
5. Waiting Tomorrow
6. Come Together
7. Just One Day
8. What !!!
9. Coldness
10. Rusty Nail
11. Out Of Control
12. Wolves’n’lambs
13. Smoke And Dreams
14. Piece Of Time



             



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