NOCTURNAL RITES. A s’y méprendre. Il y a bien ce côté enjoué à la FREEDOM CALL qui permet de distinguer DIGNITY de l’ex-groupe d’Anders Zackrisson (« Project Destiny »). Mais dans sa globalité, on croirait se frotter à une nouvelle offrande des Suédois. Plus encore à l’écoute de ce chant, où Jake E, sans pour autant forcer quelque mimétisme que ce soit, a des allures de Jonny Lindqvist.

Alors, après une intro de la sorte, comment justifier cette coloration d’étoiles ? J’avoue. DIGNITY, comme SAINT DEAMON, comme DRAGONLAND, je suis client. Le genre posté avant l’aube devant le rideau de fer, attendant que le marchand d’épopées ouvre un œil sur le nouveau jour et l’imite d’un coup de manivelle, déployant derrière le metal couvert de tags ses trésors de rêves, ses coffres emplis d’ailleurs. Quand la mélodie revêt un costume de sauveur du monde, quand le chant, moitié complainte, moitié revendication, charge chaque syllabe prononcée de toutes les émotions imaginables, comme si la survie de l’humanité en était l’enjeu central, je cède. On ne se refait pas. Même avec l’âge.

Si DIGNITY a rayé toute sa collection de disques estampillés NR à force de la faire défiler dans sa platine, la formation autrichienne propose un premier album qui me plait, pour lui et pour lui seul. Oublions ce premier titre moyennement constitué, un enthousiasme puéril le gâche. Attardons-nous plutôt sur « Arrogance And Rapture », petite merveille de heavy mélodique tiré à quatre épingles. Rien n’est épargné, des frissons dans la voix jusqu’aux couleurs éclatantes jetées par la six-cordes en passant par la rythmique qui résonne comme l’écho d’une cavalcade hollywoodienne. Un joli songe effiloché dans les limbes d’un passé dont on se demande s’il a jamais existé. Et « Cry In Despair », un poil moins réussi, provoque la même discussion nourrie d’échanges transis, d’incitations et d’invitations. Tout comme « Icarus », peinture épique aux teintes laissées par un pinceau façonné dix siècles plus tôt, dont les poils hirsutes pleurent une gouache grasse. Tout comme « The Edge Of The Blade », ballade entre nuages et terre, survol de paysages tour à tour vallonnés et rocailleux, arrondis et déchirés. Tout comme « Inner Demons », broderie de notes dénichée on ne sait où. Chez un antiquaire perdu dans l’espace temps, planté à la fois dans un moyen-âge féérique et une renaissance hallucinée, probablement.

Voila. Une chronique dégoulinante, chapelet d’éloges qu’une levée de contestations jettera aisément à bas. C’est normal. En toute objectivité, DIGNITY tient davantage du colifichet dont l’attrait ne devrait guère résister à force de manipulations. Pour autant, c’est bien ce heavy là dont je ne me lasse pas. Alors rien que pour ça, une constellation d’étoiles, crânement alignées et brillant de mille feux.