Bannkreis était un premier couronnement pour SUBWAY TO SALLY…Herzblut en est le second!
Est venu le temps où SUBWAY TO SALLY Indus-ifie ses guitares, à la fois sans doute pour suivre la mode allemande, également pour évoluer, car jamais la formation n'aura fait d'albums qui se ressemblent et c'est bien là son immense force. Alors évidemment, moderniser la prod' alors qu'IN EXTREMO commence à percer, c'est un peu de l'esbroufe, ça fait copieur, ça fait limite suiveur… mais bon, Herzblut est ce qu'il est : un album peut-être plus conformiste, mais tout de même franchement particulier. Et puis comme qui dirait "c'est le progrès ma poule"… quand on réussit à avancer tout en gardant son savoir-faire, en sachant créer une intensité toute nouvelle à son son, en sachant préserver une palette d'émotions, travailler le filon avec ingéniosité, professionnalisme… je ne vois vraiment pas ce qu'on pourrait avoir à en redire !

"Die Schlacht" ébauche les premières minutes d'un album fort : chant de fond ethnique, ambiance un tantinet mystique, et ton punchy à la clé. "Veistanz", ses chœurs SUBWAY TO SALLYien (ça existe) qu'on connaît, sa mélodie archi simpliste au violon, son riff basique et sa rythmique pêchue, son couplet vivace à la cornemuse confirment le virage annoncé du groupe… qui ne plaira pas franchement à tout le monde… mais à moi si!

Le son de la basse et la guitare ont résolument pris plus de volume, d'ampleur. Les chants féminins sont, comme dans Bannkreis, furtifs mais utilisés avec intelligence, comme dans l'étrange autant que bien vu "Kleid Aus Rosen", où voix helléniques se mêlent à un beat "dance floor" et une toile de fond atmo-acoustique chère au groupe. "Krötenliebe" utilise le même genre de structure, alliant la puissance du Metal Moderne à une orientation folk oscillant entre mélancolie, noirceur et jubilation. Evidemment, comme à l'habitude, l'instrumentation folk (harpe, binious, violons…) s'impose de manière quasi-instinctive, quoiqu'un peu reléguée par des riffs indus qui jouent le beau rôle. Les mélodies sont moins nombreuses mais restent en tête longtemps, gage de qualité oblige!

Surgit une délicatesse toujours inébranlable sur les bouleversants "Das Messer", "Herrin Des Feuers" et "So Rot", grandioses et touchants au possible, ne trahissant pas le fait que SUBWAY TO SALLY est mine de rien un groupe FAIT pour la lenteur, et perpétrant ses plus belles perles dans des univers célestes, et souvent tristes. Les guitares électriques, même dans ces morceaux, sont loin d'être dispensables, privilégiant quelques montées d'obscurité pertinentes. C'est la version "akustisch" de "kleid aus rosen" vient terminer l'album sur des airs qui font davantage lieu de Leitmotiv que de remix dispensable (comme la plupart des versions acoustiques de fin d'album).

Et si Herzblut parait très clairement moins riche dans l'agencement de ses influences que Bannkreis, il s'approprie une véritable couleur, une vivacité nouvelle, une vraie passion (contrairement à un Hochzeit en demi-teinte que j'ai toujours du mal à accepter), et réussit à explorer le versant moderne du Folk Metal aussi brillamment que le ferait le Sünder Ohne Zügel de IN EXTREMO, et différemment.
Il est aussi le digne précurseur d'un Nord Nord Ost parsemé d'étoiles.