Voilà donc le deuxième volet du périple islandais de Cornelius et Lazare. Admettons qu'il manquait à la première partie du voyage une véritable direction. SOLEFALD n'a jamais travaillé au compas et a toujours préféré se laisser guider par son humeur du moment et son intuition artistique. Bien lui en a pris à ses débuts puisque le groupe est, dès sa première sortie publique, devenu une nouvelle icône de l'avant-garde du black metal norvégien. "The Linear Scaffold" a été accueilli à bras ouverts par des critiques ravis de pouvoir renouveler le vocabulaire utilisé pour parler de la plus sombre des musiques, et de quelle façon. L'aventure a ensuite continué, les albums suivants ont souvent plu, parfois dérouté, rarement déçu. Enfin si, quand même. Car, à force d'emprunter des chemins de traverse labyrinthiques, SOLEFALD a peu à peu perdu ses auditeurs. "Red For Fire: An Icelandic Odissey Part One" a vu l'assistance déserté par grappes entières devant l'étonnifiante incohérence de l'ouvrage. Le volume deux sonne-t-il le réveil de grands malades qui se sont laisser bercer par leur propre folie ? Le cauchemar continue-t-il ?
Oui, le duo doit se faire violence, conserver une certaine discipline et un état d'esprit sérieux et travailleur afin d'éviter de se faire dépasser par son œuvre. Il doit gérer et mater ses délires. Faute de quoi…"Black For Death: An Icelandic Odissey Part Two".

Aucun suspense, ce deuxième épisode de la saga islandaise manque de convaincre et tombe dans les exacts mêmes travers que celui qui le précède. Compositions mal construites, à l'écriture trop rapide ou trop peu réfléchie, absence de réelle cohésion d'un ensemble que l'on peine à qualifier ainsi. Et une seule question, pourquoi "Underworld" ? Ce morceau est la tragédie des tragédies, le symbole du ratage. Mauvais (mais alors très mauvais) Frank Zappa, idiote musique d'ascenseur, plate ambiance jazzilénifiante, et introduction à…rien. Car "Necrodissey" ne correspond jamais avec cette ânerie inutile.

Il n'y a guère lieu de pousser plus avant l'analyse de cette incongruité, pas vraiment surprenante de la part d'un artiste qui, bien qu'il essaye par tous les moyens de nager dans les eaux les moins comprises de la musique distordue, ne se meut élégamment que lorsqu'il singe adroitement ARCTURUS, lorsqu'il échange, ne me faites pas dire ce que je ne pense pas, la perversité de l'orchestre de Garm contre une incongruité sympathique. Mais SOLEFALD ne peut se permettre de quitter le rivage de l'épique malsain, car le simple délire asphyxie l'audition et lui ôte toute saveur. Le groupe a été grand, aurait pu devenir immense, il tombe pourtant depuis déjà quelques temps dans la facilité. Il est trop simple de jouer les farfelus pour éviter de penser à son œuvre, la faire divaguer dans les pires sens en prétextant d'un génie insane. Les intermèdes "Lokasenna" veulent nous faire croire à une certaine unité, à un concept, à une ligne directrice ? Bah voyons !

On pourrait longtemps comparer les parties une et deux. Je n'en vois pas l'intérêt et laisse cela aux autres. Et je récupère le je-m'en-foutisme de SOLEFALD, le fait mien et y met tout mon savoir-faire dans cette chronique qui ne dit pas grand-chose. Et alors, ça emmerde quelqu'un ?