On pourra vraiment dire que les années 90 auront été les années du mélange des genres dans le rock et le metal. Le metal fusion de la fin des années 80 / début des années 90, la vague grunge en début de décennie, la nouvelle vague british pop, le neo-punk, le neo-metal dans sa deuxième partie … un gigantesque chaudron mixant ce que la rock music avait mis du temps à décanter depuis le milieu des années 60 jusqu’à la fin des années 80. De cette mixture, les nouveaux groupes ont emprunté les ingrédients en quantité savamment dosées selon le goût de leurs protagonistes donnant depuis maintenant 10 ans des groupes dits neo metal, nu rock ou que sais-je encore.

Les américains de DEAD POETIC font partie de ceux-là, de cette génération qui n’est pas fana des étiquettes et qui préfére laisser exprimer la musique multifacette qui forge leur identité. Et Vices, leur troisième album dont la sortie est prévue pour Janvier 2007 est une très bonne illustration. Avec des racines puisant dans un gros rock lourd aux relents grungy avec des guitares très nineties (le groupe n’hésite pas à citer STONE TEMPLE PILOTS ou PEARL JAM dans leurs influences), dans le hard rock classique (le chanteur Brandon Rike clame haut et fort son amour de LED ZEPPELIN) et dans le nu-metal/rock plus moderne (quelques pointures comme DEFTONES pour certains moments plus éthérés ou encore NICKELBACK), Vices brise les frontières comme l’avait déjà un peu fait New Medicine (2004), l’album précédent qui s’était distingué à l’époque. Un potentiel que Century Media avait déjà flairé.

Un gros rock honnête, une pochette sobre (signée Ryan Clark), la participation de Chino Moreno (DEFTONES) en qualité de co-compositeur, co-producteur et de co-chanteur sur 2 chansons (« Paralytic » et « Crashing Down ») nous conforte et peuvent nous aider à aborder l’humeur dans laquelle baigne le disque. Car justement un côté DEFTONES est assez palpable, surtout vers la fin de l'album. Car on peut distinguer 2 parties principales dans celui-ci :

De « Cannibal vs. Cunning » qui démarre d’emblée avec ses grosses guitares en fusion (puissante entrée en matière) au rentre-dedans « Victim », c’est un album de rock musclé voire de hard rock moderne : le refrain du contrasté « Lioness » par exemple, titre à la basse claquante et alternant passage virulent et plombé, « Narcotic » ou « Long Forgotten ». Contraste qui apparaît aussi par exemple sur « Self-Destruct & Die », « In Coma » ou « Sinless City », morceaux qui paraissent cool mais qui s’envolent sur le refrain. Le fil rouge de tout cela reste une formule où les guitares aux riffs gras et modernes se mêlent à la voix mélodique mais puissante ou émotionnelle teinté de pop de Brandon.

La deuxième partie de l’album met davantage l’accent sur l’aspect émotionnel du combo, du rock « emo » comme on a coutume de dire aujourd’hui. Une facette qu’on peut appréhender dans la première partie déjà (« In Coma »). De « Paralytic » à « Vices », la voix de Brandon est spécialement mise en avant et l’ensemble insiste sur des mélodies plus calmes voire carrément planantes par moment. L’ensemble est plutôt réussi et moi qui ne suis pas accro à ce style, je trouve cet album assez plaisant et sympathique à écouter. C’est varié, pêchu et à fleur de peau. La musique de DEAD POETIC n’est pas vraiment technique mais on sent le souci qu’a le groupe de proposer de bonnes chansons et à faire de son rock un vecteur d’émotions. Et dans ce domaine, le challenge est réussi. Une bonne galette à s’écouter tranquillement.