En 1983, il y eut Kill’Em All, puis quelques mois plus tard, à l’extrême lisière de l’année suivante, Show No Mercy. Et se succédèrent les sorties d’albums estampillés thrash metal. Apparaissaient alors ANTHRAX, EXODUS, FLOTSAM AND JETSAM, MEGADETH, METAL CHURCH, NUCLEAR ASSAULT, TESTAMENT, SACRED REICH, DARK ANGEL et d’autres encore.
Et bien non seulement cette simplification exagérée de l’histoire de la naissance d’un mouvement mérite à peine d’être écrite mais un intrus s’est glissé dans cette liste de formations qui ont en commun une certaine méthode de créations des riffs, un goût prononcé pour la vitesse (quoique SACRED REICH n’ai jamais été fanatique de rythmes trop soutenus) et les soli tranchés. Là encore, la définition est aussi courte que mal foutue. Passons. L’intrus se nomme METAL CHURCH. Premièrement, et même si cela n’est pas explicitement dit dans le premier paragraphe, METAL CHURCH naquit avant METALLICA, SLAYER et tous les autres. Preuve en est un certain Lars Ulrich qui, avant de rejoindre James Hetfield, s’est vu refusé le poste de batteur chez cette formation qui a fait ses premiers pas entre San Francisco et Seattle. Deuxièmement, et il y a fort à parier que ce deuxièmement découle directement du premièrement, METAL CHURCH ne joue pas du thrash, enfin pas tout le temps, ou pas vraiment, ou pas tout à fait.

Examinons les partitions des morceaux. Les schémas sont connus, la filiation presque évidente. Jeff Hanneman aurait parfaitement pu composer une grande partie des riffs qui peuplent cette galette. Seulement, lui et ses trois acolytes les auraient joués en accélérant notablement le tempo. Pas question de supercherie, encore moins de tromperie, METAL CHURCH n’est pas un SLAYER au ralenti…mais alors pas du tout. Tout d’abord parce que cette seule perte de bpm rend déjà le disque incroyablement singulier. Ensuite, parce que les soli, sans posséder la brillance de ceux de certains chatouilleurs de manche, sont suffisamment mélodiques pour rester à bonne distance, quel bonheur, de l’abattoir à notes made in King/Hanneman. Il y aussi ces quelques incursions au sein d’un heavy plus classique, parfois testostéroné comme sur Battalions, hymne speed aux paroles typiques d’un style et d’une époque, ce Gods Of Wrath que le dictionnaire de l’époque aurait appelé power ballade, et le timbre de voix particulièrement réjouissant de David Wayne, râpeux, légèrement aigre, ne tombant qu’en de très rares occasions dans l’agressivité. Et comme la technique du chanteur surpasse celle de quelques-uns de ses coreligionnaires…

La qualité d’un disque tient aussi à son équilibre. Beyond the black constitue une ouverture de choix, la position médiane de Gods of wrath semble idéale, Highway star clôt le discours sans fausse note. Reprise au risque modéré, le titre se fond facilement dans un répertoire thrash ou quasi thrash, surtout accéléré de façon aussi conséquente.

Voilà, on évitera de se poser la question à la merde «ah mais pourquoi, les METAL CHURCH, ils sont-ils pas aussi connus que les METALLICA et les ANTHRAX et tout ça, quoi?», et on dira juste, faute d’inspiration que Metal Church est un très bon album.