Cette musique vaut ce qu'elle vaut. Entendez par-là qu'il serait un peu futile de chroniquer ici la qualité artistique intrinsèque du single proposé ici. Après tout, « Lonely Day » est un gentil petit tube, avec un gentil petit clip. Simplement, c'est juste que System of a Down, parfois, saoule un peu. On ne va raviver de vieilles querelles : précisons simplement que si Mezmerize semblait consacrer le groupe comme un monstre de créativité et d'énergie, l'album suivant – Hypnotize – a sérieusement douché les ardeurs de certains d'entre nous. D'aucuns diraient même qu'il est un peu vain aujourd'hui de faire de la pub à un maxi single étant donné que le groupe nous a déjà proposé un album bourré à craquer de faces B. Mais bien sûr, ce serait un peu excessif. Mieux vaut donc taire tout jugement sur la qualité musicale de « Lonely Day », et éviter ainsi la polémique pour tenter d'évaluer l'intérêt – pour les fans – des morceaux qui l'accompagnent.

Un premier soulagement : on échappe aux extraits live approximatifs ou aux remix foireux. Cela veut dire qu'en plus de la chanson précitée, System of a Down nous fait cadeau de quatre compositions qui, si elles ne sont ni inédites, ni très récentes, remplissent confortablement ce disque. Pour tout amateur du groupe qui n'aurait pas poussé son adoration – ou son aveuglement – jusqu'à traquer la moindre chanson sur la moindre compilation, l'achat de ce maxi single peut donc se révéler assez judicieux. D'autant que ce qui est présenté ici date d'une époque plus ancienne où System of a Down ne s'était pas encore assoupi langoureusement sur son tas d'or. C'est pourquoi on peut légitimement espérer ne pas entendre dix fois les mêmes délires speedés suivis des mêmes mélodies à la fois exotiques et larmoyantes. En clair, ce disque est un peu la trace d'une époque révolue : celle où ce groupe était un jeune espoir fringant du néo-métal.

On commence avec « Shame », bien bourrin, totalement rapcore : c'est une reprise d'un classique du Wu-Tang Clan joué ici avec RZA. L'association des deux genres – le rap et le métal – est un peu forcée, mais le morceau est quand même assez sympa et costaud. Puis vient « Snowblind », une reprise honnête de Black Sabbath que beaucoup doivent d'ailleurs avoir déjà entendue. Mais ce sont peut-être les deux autres morceaux les plus intéressants. Le premier, « Metro », est une reprise dynamique et enjouée du groupe Berlin (?), qui figurait notamment sur la bande originale de Dracula 2000 – chef d'œuvre impérissable du cinéma contemporain. Pour finir, le dernier cadeau est le fameux « Marmalade », que les fans purs et durs connaissent sans doute par cœur. Après, certains diront encore que n'importe lequel de ces morceaux vaut mieux que n'importe lequel de ceux qui figurent sur Hypnotize, et notamment le single mollasse proposé ici. Mais là aussi, ce serait exagéré.

Pas de polémique, on a dit.