Mon tour de France du black metal s’arrête aujourd’hui dans le Gard. PESTE NOIRE est le dernier avatar du Malin ayant atterri sur la scène hexagonale. Peut-être pour éviter toute confusion avec toute la clique fascisante des Légions Noires qui a sévi dans les années 90, La Sale Famine De Valfunde (oui, oui, c’est son nom, mais avant, il s’appelait Feu Cruel donc ça va) estime que PESTE NOIRE joue un black pur orienté vers les rituels sataniques, et pas un pseudo black metal humaniste et national socialiste. Surenchère devenue pénible ? Oui, très probablement.

L’univers de PESTE NOIRE est douteux. L’étrange association entre la poésie baudelairienne et une imagerie que beaucoup qualifieront d’abjecte déroute. Sur le banc des accusés siège cette pochette dont seuls les ignares ne comprendront pas de quoi il s'agit.
Mais à aucun moment, PESTE NOIRE ne tombe dans une apologie, même déguisée, de quoi que ce soit de réellement répréhensible.
Admettons alors l’hypothèse selon laquelle les choix visuels du duo vont dans une seule et même direction. "Macabre Transcendance" est une œuvre malsaine et il n’y a finalement aucune raison de ne pas user de tous les stratagèmes imaginables pour souligner ce trait de caractère.

Cette hypothèse prend tout son sens à l’écoute des cinq morceaux nauséabonds qui composent cette admirable démo. Les titres qui ne font pas référence à Baudelaire ne prêtent alors plus à sourire, le pseudonyme du principal responsable de cette immondice pestilentiel que j’ai bêtement raillé il y a de cela une dizaine de lignes devient un argument supplémentaire contribuant à développer un climat méphitique et malade.
Félicitations pour ce décorum réussi. Mais que dire de la substantifique moelle qui, pour une œuvre musicale, consiste en… la musique ?

Compte tenu de l’opportunisme associé à un manque total de talent et de réflexion d’une majorité d’apprentis blackeux, les éloges portés à PESTE NOIRE n’en seront que plus grands.
Une production adaptée au style, une mise en place instrumentale sans faille (pour ce genre de musique, entendons-nous bien), une voix fielleuse et incurable seraient des éléments déjà suffisants pour que Macabre Transcendance surnage au milieu d’un océan de médiocrité. Mais ce sont les guitares qui lui permettent d’atteindre les sommets. Les interventions solitaires de ces instruments sont d’un à-propos indiscutable, leur immixtion parfois mélancolique dans le putride magma musical, qu’elle se fasse en son clair ou couverte d’une distorsion répugnante, est exceptionnelle de pertinence. Difficile alors de parler de minimalisme et de répétitivité, deux termes souvent indissociables de l’analyse de tout ouvrage de true black. Il arrive même à cette formation sudiste de sonner heavy, sans que cela ne puisse choquer qui que ce soit !
Alors PESTE NOIRE, True heavy black fétide ? Les spécialistes de la vente par correspondance décideront.

En tout cas, la thématique principale de PESTE NOIRE semble de plus en plus identifiable. Ce patronyme (rappelons que la peste noire fût une pandémie de peste bubonique qui eu raison, selon les sources les plus alarmistes, d’un tiers de la population de l’Europe au milieu du quatorzième siècle) évoque la mort. Non pas la mort dans un accoutrement gothique et adolescent mais celle, bien tangible, qui aura tôt ou tard raison de notre être, celle qui invitera notre enveloppe charnelle à la putréfaction, au pourrissement et finalement, à l’oubli éternel.