Qui, parmi la horde acharnée des fans de prog, n’a jamais rêvé de faire un retour dans le temps pour vivre (ou revivre) la naissance de notre musique chérie et assister aux prestations endiablées des groupes fondateurs du mouvement ? La question étant…combien de temps en arrière devrions-nous pédaler sur notre vélo inter temporel pour assister à cela ? La majorité d’entre nous tomberaient d’accord (je pense !) pour les 60s et 70s, époque bénie pour le prog qui a vu fleurir nombre de talentueux musiciens à la créativité phénoménale et exacerbée avec ou sans l’aide de substances illicites il faut bien l’avouer. Pour ne citer que les plus connus de ces précurseurs, on peut mentionner Yes, Genesis, Kansas ou encore Emerson Lake and Palmer (ELP).

C’est de ces derniers que Cairo a décidé de s’inspirer et de tenter de remettre au goût du jour la prépondérance des claviers dans le prog. Il semblerait en effet que ces derniers temps, les riffs de guitare l’emportent dans ce duel fratricide et on n’entend que très peu résonner le doux son de l’orgue Hammond (si cher à Deep Purple) ou du Moog (plus prisé par Keith Emerson justement). C’est donc en véritables croisés que Cairo investit le marché prog-metal en 1994 avec un album éponyme fort bien accueilli. Conflict and dreams (1998) passa plus inaperçu malgré les bons titres présents sur la galette. Près de 3 ans s’écoulèrent avant que le désormais trio nous ponde ce Time of legends à cause notamment de l’implication des membres dans de nombreux autres projets.

Nous voilà donc à la partie intéressante de la chronique. A quoi peut bien ressembler un ELP des années 2000 ? Et bien la réponse est à découvrir en écoutant Time of legends. Les caractéristiques qui faisaient de la musique d’ELP une expérience très enrichissante se retrouvent ici, à savoir des compos à tiroirs, riches en soli et parties instrumentales plus folles les unes que les autres. Le côté « space » d’ELP qui pouvait un peu en rebuter quelques uns est bien moins présent toutefois. Par contre, les fans de Keith Emerson et de ses fameux sons de claviers reconnaissables entres milles vont être ravis !!! Du Moog, du Hammond en veux-tu en voilà, des synthés plus classiques, du piano enfin bref, Mark Robertson est le principal compositeur et il le fait savoir le bougre ! La comparaison (voulue par les membres du groupe) avec ELP est donc très forte mais pour ceux qui n’ont jamais entendu ces derniers, on pourrait aussi comparer la musique de Cairo à Kansas période Masque ou Leftoverture. Y a quand même pire comme comparaison non ?

Ce Time of legends est donc plus qu’honorable. Les titres sont très accrocheurs et assez catchy dans l’ensemble. Prenez la première piste "Underground": un accord et le chant déboule sans intro, sans prévenir, sans rien ! D’ailleurs, le chanteur Bret Douglas a une très bonne voix, puissante, claire et pleine d’émotion…une très bonne surprise. Les lignes de chant sont une véritable force de cet album car après 4mins d’intro ("Prophecy"), il faut pouvoir accrocher l’auditeur. L’album ne souffre pas de remplissage car même les instru sont de bonnes qualité (le très reposant "Scottish Highlands", le bon "Fuse" qui sonne comme du Rudess Morgenstein, seul le délire de claviers "Cosmic approach" me parait dispensable). L’album ne comporte que 8 titres mais ils frisent tous les 8 minutes et se bonifient avec le temps car assez lourds à digérer (du fait des longues parties instrumentales). Un très bon album donc qui plaira à tous les fans d’ELP, Rick Wackeman en solo ou Rudess Morgeinstein dans une moindre mesure.

Morceau préféré : Prophecy