Recherche avancée       Liste groupes



      
POP ROCK / METAL  |  STUDIO

Commentaires (3)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

1991 Babyteeth
2009 Crooked Timber
2012 A Brief Crack Of Ligh...
2015 Disquiet
2023 Hard Cold Fire
 

- Membre : Jaaw

THERAPY? - Semi-detached (1998)
Par BAAZBAAZ le 8 Novembre 2005          Consultée 5215 fois

Aucun fan de Therapy? n'a jamais pu écouter ce disque en entier. Si l'un d'eux vous dit le contraire, c'est qu'il ment. Ce disque est d'une tristesse sans nom, une rupture définitive dans la carrière d'un groupe qui avait alors pourtant réussi un sans-faute. Déjà, la date : 1998. Immédiatement, on sait que quelque chose ne va pas. En effet, entre 1993 et 1995, Therapy? a sorti trois disque – trois chefs d'œuvre – en trois ans. Que le disque suivant ait alors demandé le même temps pour un résultat aussi désolant est la marque indiscutable d'une crise profonde traversée par le groupe. Des problèmes de label, le départ de Fyfe Ewing, le batteur fou qui emmène avec lui sa ferraille et ses boites de conserve : le son si caractéristique des premiers albums. La musique en ressort affadie, plus plate et presque monotone. Mais au-delà de ces changements, C'est Cairns, surtout, qui s'effondre. Lui qui fut le principal compositeur du groupe est ici incapable d'écrire une chanson.

D'ailleurs, des chansons il n'y en a pas sur Semi-Detached. Si quelqu'un, là encore, ose prétendre le contraire, c'est qu'il ment effrontément. Ce disque ne contient que des esquisses, des tentatives ratées. Aucun morceau qui soit écoutable du début jusqu'à la fin. Aucun qui ne devienne à un moment ou un autre odieux ou ennuyeux. Sans inspiration, sans folie, Therapy? se mime et s'auto-parodie, se singe, se copie. Sans jamais parvenir à atteindre ne serait-ce que le centième de sa classe d'autrefois. Tout n'est que stagnation et répétition, la fureur en moins, la créativité et l'inventivité disparues à jamais. Il y a les Troublegum-like, des imitations souvent un peu gênantes, à la manière de « Black Eye Purple Sky » dont le mauvais refrain vient confirmer la médiocrité. A la manière aussi de ce « Born Too Soon », où l'on croit qu'il va se passer quelque chose. Et puis non, rien. La musique tourne en rond et, à peine commencé, le morceau se termine déjà dans une profonde morosité.

Dans cette catégorie, on mettra aussi le single navrant. Ou plutôt la parodie de tube, vaguement décalquée sur les mélodies éternelles d'un temps révolu : « Lonely, Cryin', Only ». A en pleurer, effectivement.

Puis ce sont les angoissants Nurse-like. Avec « Tightrope Walker » ou « Straight Life », le groupe recherche en vain la sécheresse sonore de son premier disque. Mais ce n'est-là qu'une copie de copie, la vague réminiscence d'un art oublié, un peu comme le souvenir lointain d'une gloire passée dont l'image est déjà largement estompée. Chaque chanson est prévisible et routinière : Therapy? est en roue libre, inerte. Et Cairns n'a pas seulement perdu son inspiration. Sa voix aussi, est partie. Bien sûr, il chante toujours. Mais sans force mélodique. Sans l'ivresse des couplets rugueux et des refrains en spirale qui faisaient la richesse de ses lignes vocales exigeantes. C'est même presque avec acharnement – « trampline » fait mal – qu'il saccage son propre talent. Comment parler autrement de ce stupide truc bruitiste qui vient crisser vers la fin du disque ? Coup de maître, si du moins l'objectif est de perdre d'un seul coup ses fans et sa crédibilité artistique.

Et que l'on ne vienne pas brandir encore l'argument du groupe qui se remet en cause et bouleverse son style musical. Cette fois, ça n'a strictement rien à voir. Les trois albums précédents abordaient des genres distincts avec une incroyable constance dans le génie. Avec Semi-Detached, on a l'éradication systématique de toute forme de talent. La preuve est là : dans la perte du riff. La maîtrise qu'avait Therapy? de l'agencement rythmique de murs de guitare sans cesse plus ravageurs et tempétueux a disparue. Ici, rien. Parfois on sent l'arôme d'un riff sorti de Troublegum, mais rendu plus banal, un peu périmé. Il ne reste donc pas grand-chose de ce qui faisait la force du groupe quelques années auparavant. Un petit espoir sur la dernière chanson, « The Boy's Asleep », peut-être. Mais là encore il n'y qu'une idée, répétée sans effort. La médiocrité a gagné. Et sur « Don't Expect Roses », elle prend la forme d'un genre de punk rock un peu facile et linéaire. Ce sera l'armature principale de Shameless, un album à venir, un peu plus nerveux mais tout aussi fastidieux.

Après toutes ces années, Semi-Detached dégage quelque chose de particulier. La cassure d'une destinée, et une pensée nostalgique pour tout ce qui aurait pu être. Car Therapy?, à une époque, c'était l'avenir. Que cet avenir, en fin de compte, ait été écrit par d'autres n'y change rien. Il restera toujours la stupeur devant la rapidité extrême avec laquelle l'oubli a succédé brutalement à un élan en apparence irrésistible. Une telle trajectoire, avec le recul, est une curiosité. Mais l'album en lui-même n'est alors qu'un symptôme. Ce n'est pas lui qui, seul, a entraîné la chute du groupe : il est simplement le révélateur obscur de la convergence entre l'étrange épuisement soudain d'une inspiration fabuleuse et l'évolution de la mode. C'est-à-dire aussi la fatigue du marché, d'une scène rock alternative que le grunge avait sans doute vidée de toute son énergie ; et le néo-métal, et le renouveau du speed européen, et l'échec face à une Amérique qui n'écoutera finalement jamais Therapy? : le pire, au plus mauvais moment.

Le groupe a brûlé en trois albums toute sa force stupéfiante. Jamais il ne s'en est remis. Aujourd'hui encore, il sort des disques. Dans son coin, un peu par habitude. Mais quand l'un redonne espoir, le suivant replonge. Et ainsi de suite.

Peut-être Semi-Detached n'aurait-il jamais dû voir le jour. Ce disque-là est le cercueil dans lequel Therapy? a tout balancé : son art, sa musique, ses fans, son succès, sa gloire naissante. Ce disque-là est une énigme.

Il n'a aucun sens.

A lire aussi en POP ROCK / METAL par BAAZBAAZ :


THERAPY?
Infernal Love (1995)
Sous vos yeux : l'effondrement d'un empire

(+ 1 kro-express)



RED HOT CHILI PEPPERS
By The Way (2002)
La merveille pop absolue du nouveau millénaire

(+ 1 kro-express)

Marquez et partagez




 
   BAAZBAAZ

 
  N/A



- Andy Cairns (vocaux, guitare)
- Martin Mccarrick (guitare, violon)
- Michael Mckeegan (basse)
- Graham Hopkins (batterie)


1. Church Of Noise
2. Tightrope Walker
3. Black Eye Purple Sky
4. Lonely, Cryin', Only
5. Born Too Soon
6. Stay Happy
7. Safe
8. Straight Life
9. Heaven's Gate
10. Don't Expect Roses 4
11. Tramline
12. The Boy's Asleep



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod