L'album ouvre lentement sur fond de bruits de foule affolée, des détonations de coups de feu claquent, les nappes de synthé glauques posent une atmosphère sombre, et, progressivement, le morceau commence... Une mélodie de flûte désabusée part, et paf, dans la gueule, on se prend un gros riff heavy, avec guitares ultra-graves et rythmique cinglante. La magnifique voix de la magnifique Karen Gilligan à pris du coffre, de l'ampleur. Elle colle merveilleusement bien à des mélodies vocales recherchées, tour à tour lascive, trainante, limite voluptueuse (euh, la voix, pas Karen) sur les accalmies, et plus énergique, sautillante sur les couplets dynamiques... on pense parfois à Kimberley Goss de Sinergy (sur les titres "Bloody Sunday" ou "Ossian Return").

D'ailleurs, en parlant de "Ossian Return", c'est LE morceau qui synthétise l'album, il résume parfaitement Cruachan et même le Folk-métal. Il débute sur un gros riff trash, ensuite, plage calme, synthé, déclaration de Karen, puis c'est reparti pour s'énerver avec une grosse voix d'homme des cavernes, affrontement vocal chanteur /chanteuse qui se terminera par la victoire de cette derniére. Suit un break mélodique couplé à un passage narratif speedé et grisant sur fond de flûte exaltant, un riff MONSTRUEUX déboule de nulle part, avec toujours la flûte derrière, (et une putain de mélodie entêtante, indéboulonnable du cerveau, une fois que vous l'avez entendu, c'est baisé, c'est pour la journée), alors là c'est l'orgasme !

D'autres morceaux suivront, mais la grosse force de Cruchan, c'est leur sens de la mélodie en béton armé labelisé 'mur de Berlin', monté en batterie avec des riffs trashisant, le tout pour une puissance de feu égale à un super cuirassé japonais de la deuxiéme guerre.
Cetains titres ont une couleur plus "traditionnelle" (entendez par là "du cru") avec même un vieux monsieur qui chante en duo avec la belle Karen. Les morceaux sont trés souvent lardés de plages athmo, speederies bienvenues et quelques voix gutturales (d'ailleurs elles ne préviennent pas quand elles arrivent), qui font presque peur.
Ca me fait penser à un super bon râgout de pays; y'a plein de trucs dedans, des fois on sait pas trop ce que c'est, ni ce que ça fout là, mais en tout cas c'est copieux et trés digeste. Putain, elles sont nazes mes comparaisons.
Quelques reproches ? Ouais, le batteur faudra qu'il apprenne à faire des breaks, ça sera pas mal. Pour le reste, je vois pas, à si, ça me fait faire des chroniques trop longues, je pourrais en écrire 10 pages sur cet album...

Un digne outsider de Skyclad, plus poétique et abordable que ce dernier, un peu moins fouillé et varié, mais trés digne, ce n'est que leur 3éme album ! Une tuerie... A noter le jeu de mot sur le titre et un livret bien foutu expliquant la signification des paroles de chaque titre (oscillant entre critique historique - Cruachan est un groupe d'Irlande du Sud, majoritairement -, textes traditionnels et légendes celtiques)

Ecouter en priorité The Children of Lir, Bloody Sunday, Ossian Return et Ride On à l'occasion.