Deuxième album après l’excellent Purple, Tiny Music…Songs From The Vatican Gift Shop débute comme son prédécesseur avait terminé, par une touche humoristique sympathique, cette courte intro légère et acidulée intitulée press play.

Le décor est planté et ne changera pas sensiblement acte après acte. Pop’s love suicide, comme son nom l’indique si bien, sent la pop à plein nez et la première constatation que fera le supporter de Purple est que cette voix autrefois rocailleuse, à la fois machiste et désespérée s’est transformée, a monté d’un octave, s’est édulcorée et a perdu une partie de sa virilité et de sa force. Scott Weiland retrouve un peu de coffre sur les premières mesures de tumble in the rough, mais le chanteur revient après quelques secondes à un timbre sucré à la limite de l’androgynie. Cette mue se confirme sur les titres suivants et Robert Deleo semble avoir subi les outrages du même chirurgien, comme semblent l’indiquer les refrains de big bang baby et lady picture show. Ce dernier morceau représente bien la facette pop (et de trois déjà) et sucrée du disque, cherchant son inspiration chez les incontournables BEATLES. And so I know…et l’instrumental Daisy sont, au contraire, les porte-parole d’une lounge music inoffensive qui a également pris ses quartiers sur une galette qui voit se dessiner en filigrane l’ombre d’un Ziggy Stardust maquillé, au caractère complexe et perturbé pratiquant un hard glam sensible et non dénué d’humour.

Il n’est pas très utile de s’étaler ici sur l’addiction à la cocaïne trop médiatisée du frontman puisque les quatre musiciens semblent ici plus soudés que jamais, chacun apportant sa contribution créative à l’ouvrage, ne laissant plus les seuls frères Deleo diriger le gouvernail d’un navire voguant en cette année 96 sur une mer peu agitée mais dans laquelle la baignade est plaisante.

Ce deuxième opus est un véritable patchwork musical revisitant les différents courants musicaux des années soixante et soixante-dix sans en trahir aucun. Il déroutera et convaincra difficilement les barbus amateurs de bière et de motos mais réjouira les amateurs de sonorités moins sévères.

Ne souhaitant pas faire perdre le temps de lecteurs soucieux d’exactitude, je leur dirai que je sais que Tiny Music…Songs From The Vatican Gift Shop est en fait le troisième lp de STONE TEMPLE PILOTS mais je pense sincèrement faire honneur au groupe en gommant volontairement Core de ma mémoire, ce disque ayant causé énormément de tort à son géniteur en lui collant une image d’opportuniste qu’il ne mérite plus du tout.