En 1991, Saigon Kick sort un 1er album éponyme qui apparait comme un ovni dans le paysage hard/metal en raison du savoureux mélange musical entre les mélodies des Beatles et la puissance de METALLICA. 1 an plus tard, le quartette americain remet le couvert avec comme 2ème album "The lizard" qui doit, en principe, lui permettre de franchir un pallier supplémentaire et, pourquoi pas, d'obtenir une plus grande consécration.

Pas de profonds bouleversements en vue pour Saigon Kick, "The lizard" s'inscrit dans la continuité de son illustre prédécesseur. Après une introduction instrumentale("Cruelty") pour bien se mettre dans l'ambiance, voilà que déboule "Hostile youth", un très bon mid-tempo heavy-Rock pêchu et mélodique bien servi par les riffs et le solo du guitariste Jason Bieler, ainsi que les vocaux de Matt Kramer.
Le titre qui suit, "Feel the same way", est plus catchy, plus aérien et la guitare plus résolument heavy et la voix de Matt Kramer plus hargneuse. Au beau milieu du titre, apparaît un break mélodique juste avant le solo(court, mais direct). Dans le registre heavy, justement, Saigon Kick se debrouille plutôt bien. Jason Bieler balance des riffs bien tranchants et inspirés.
"Peppermint tribe" en est la preuve et représente assez bien ce fameux équilibre entre les mélodies pop des Beatles et l'énergie metallique de METALLICA (je parle de celui qu'on a connu jusqu'au Black album). "The lizard" est un mid-tempo qui progresse crescendo, tout en oscillant entre lourdeur et finesse.

Quelques titres à tendance Hard US sont également présents sur cette galette et Saigon Kick s'en sort remarquablement. "All alright" se rapprocherait de Skid Row, mais en moins explosif; tandis que le superbe et percutant "Body bags" a des touches big-Rock avec toutefois un côté plus agressif. "Miss Jones", tout en étant hard US, est plus conforme à ce que Saigon Kick a l'habitude de faire et il y a fort à parier que les Beatles auraient fait ce genre de morceau s'ils avaient continué d'exister dans les 80's/début 90's et avaient tâté du Hard Rock. Enfin, avec des si... "World goes round" s'ecarte résolument des sentiers battus en oscillant entre hard et pop avec, en plus,des mélodies quasi-orientales.

Je ne pouvais pas passer sous silence la ballade acoustique "Love is on the way" qui fut un vrai succès pour le groupe, une porte d'entrée à la consécration (relative) internationale, notamment en Indonésie. Ce titre fut pour le groupe une arme à double tranchant car le public le percevra comme un "one hit wonder". Pour ma part, je trouve cette ballade quelconque, un peu légère, malgré de belles mélodies de guitare. On serait plutôt tentés de préferer les ballades "beatlesques" "God of 42nd street" et "Chanel" sur lesquelles plane l'ambiance de Abbey Road.

"The lizard" est un album bien ficelé, une belle réussite, malgré quelques petits défauts ici et là. Par rapport au précédent album, l'effet de surprise s'est estompé mais Saigon Kick a confirmé son potentiel, son aptitude à délivrer des compos solides. Avec "The lizard", Saigon Kick a connu le plus gros succès de sa carrière (disque d'or aux USA, notamment).