Aujourd’hui sur Nightfall In Metal Earth, cours d’histoire. Je ne fais pas l’appel, j’espère que tout le monde est présent. Les jeunes à casquette au fond, ôtez vos couvre-chef s’il vous plait.

Les premières années de l’ultime décennie du siècle dernier (on joue au jeu de la tournure de phrase minable?) virent l’œil des medias metalliques se tourner vers la froide Norvège. Un nouveau genre musical aurait éclot, dont le nom était tiré d’un disque peu recommandable de VENOM. Les plus studieux d’entre vous savent bien que cette nouvelle esthétique musicale ne naquit pas dans un fjord glacé mais que ses sources de fécondité sont multiples et que les plus riches et les plus anciennes se trouvent en Helvétie et dans le royaume voisin de l’autre pays cité en amont de cette phrase et qui partage avec celui-ci une frontière étendue et un même régime politique (bien alambiqué et pourri ça, on continue). Malheureusement, seuls les gardiens les plus avisés du temple de la mémoire gardent, rangé dans un de leurs encéphales, le souvenir d’autres formations pratiquant un art similaire et à l’antériorité avérée sur DARKTHRONE ou encore IMMORTAL. Probablement l’une des plus inspirées de celles-ci se nomme MASTER’S HAMMER et ses membres ont étrenné leurs premiers pataugas sur le sol de (roulement de tambour) cette démocratie d’Europe Centrale au passé impérial, prise dans les tourments d’une histoire récente imprégnée d’une couleur rouge révolution et dont la capitale, cœur vital de la Bohême irrigué par une artère nommée Vltava, connut un printemps assombri par l’acier militaire soviétique et qui…Stop! On a compris, t’as gagné.

Cette formation aujourd’hui apparemment disparue s’inspire énormément, comme à peu près tous les groupes de la même époque, de l’incontournable CELTIC FROST. Là où nos camarades tchèques se démarquent d’une concurrence somme toute encore éparse est qu’ils ne se contentent pas de repiquer les riffs typiques de la bête de Tom G Warrior ou ce son de guitare si particulier. Certes, comme les autres, ils se réapproprient ces deux attributs mais tentent, à la manière du maître, de créer leur propre univers fait de violence black thrash et de mélodies dépressives.

Le guitariste Necrocock possède, je le concède, un nom de scène totalement misérable (traduit par mes propres soins «grosse bite de la mort qui tue»), il n’en manie pas moins son instrument avec ses deux amis bri et io. Sachant étoffer son jeu d’une touche classique suffisamment palpable pour en devenir vibrante, il constitue avec le vocaliste Storm, dont le timbre étrange me fait me poser des questions sur l’anatomie de ses cordes vocales, la locomotive de ce combo au talent trop peu reconnu. Pourvoyeurs d’ambiances tristes, presque cafardeuses, ils permettent à MASTER’S HAMMER de jouer dans un registre plus vaste que la simple agression sonore de leurs pairs.

Indispensable à ceux qui cherchent à reconstituer le puzzle black depuis sa création, Ritual représentera pour les moins ambitieux un très bon moment de plaisir sombre, moins extraordinaire que certaines sectes élitistes le proclament mais surtout nettement moins nul que des journalistes assassins ont osé l’écrire à l’époque de sa sortie.