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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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- Style : Asia, Toto, Nothing In Writing
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LALU - The Fish Who Wanted To Be King (2023)
Par HAPLO le 26 Novembre 2024          Consultée 207 fois

Quoi que tu puisses imaginer au fil de cette Kro, Ö très cher lecteur (parfois) polémique, je nourris une grande estime pour ce petit frenchie aux yeux pétillants et aux univers colorés qu’est Vivien Lalu. Car sans tomber dans un patriotisme télévisuel de bas étage digne d’une période pré-électorale, comment ne pas se montrer un chouia fier de ce claviériste et compositeur français qui est tout de même parvenu à se faire une (jolie) renommée dans la galaxie labyrinthesque du Metal Prog, tant au niveau européen que chez nos amis anglo-saxons ? Comment ne pas saluer les trois offrandes très honorables pondues par cet inconnu célèbre depuis 2005 comme ses multiples contributions musicales sur des projets parallèles (comme celui des Allemands de TOMORROW’S EVE) ? Comment ne pas s’étonner de voir débouler dans le studio d’enregistrement de ce Parisien discret des pointures aux renommées mondiales et qui prennent le temps, malgré des emplois du temps de ministres, de venir poser leur patte sur des compos qui s’en trouvent magnifiées ?

Or, non content d’être un instrumentiste adroit doublé d’un compositeur imaginatif, cet artiste au réseau digne d’en rendre certains plus connus jaloux a su bâtir puis affermir sa signature musicale tout en la faisant évoluer. Le Metal Prog abrasif et technique des débuts ("Oniric Metal" en 2005 puis "Atomic Ark" pour 2013) basculant dans un Rock léché mais sachant rester punchy ("Paint the Sky" - 2022) fort d’une virtuosité instrumentale et d’un groove piquant dignes des pères fondateurs TOTOesques de mes années bénies. Vivien avance et ne se renie pas !

Il donne même d’ailleurs l’impression de se stabiliser avec ce quatrième opus studio poétiquement titré "The Fish Who Wanted to Be King" paru en octobre 2023 et sur lequel le français conserve un line-up intégralement reconduit à partir du grand frère de 2022 (à l’exception quand même d’un Matt Daniel venant seconder Vivien aux claviers). La courte période d’une année s’étant écoulée entre ces deux sorties pouvant même laisser à penser que les musiciens n’ayant pas eu la possibilité de s’exprimer pleinement sur "Paint the Sky", il leur fallait bien un album supplémentaire pour poursuivre leurs ébats. Mais méfions-nous des apparences…
Car avec une (brillante) équipe inchangée comme une couverture dont le style illustratif néo impressionniste n’est pas sans rappeler l’univers de son prédécesseur, ce "The Fish Who Wanted to Be King" apparaît comme la plus fidèle continuation du tournant stylistique raffiné et accrocheur qui m’avait alors tant séduit en 2022 (et dont tu pourras d’imprégner à volonté à la lecture de la Kro ad hoc).

Et il faut bien reconnaître que ce taquin de Vivien s’y emploie, ceci dès l’amorce de ce cru 2023, avec le très convaincant "Forever Digital" en proposant un Rock progressif punchy et enlevé à la cadence ultra-rythmée où la voix claire et translucide (mais puissante au besoin) d’un Damian Wilson plus groovy que jamais, vient admirablement se greffer sur les voltiges rythmiques proprement époustouflantes d’un Jelly Cardarelli à la frappe céleste. La guitare riffante de Joop Wolters est toujours bien présente, se payant même le luxe d’un solo tant rapide que nerveux en mode acoustique… Ouf, Je retrouve mes petits progueux inspirés en pleine forme !

Ainsi mis en appétit par cette entrée gourmande, j’ai dû cependant rapidement me rendre à l’évidence que celle-ci semblait servir d’appât pour un plat de résistance bien moins pimenté. Car s'il demeure attrayant sous de nombreux aspects, le reste de l’album atteste indiscutablement d’un glissement poppy-funky-jazzy où LALU explore des contrées s’éloignant clairement du Metal Prog en particulier voire du Metal tout court. Claviers omniprésents, lignes ultra-groovy flirtant avec le Funk Rock (de très bonne facture), guitare aérienne à la précision chirurgicale mais sur une posture légèrement en retrait par rapport à 2022, passages lorgnant clairement vers des gimmicks Pop s’allongeant au fil de l’album… Vivien Lalu et ses complices se laissent enivrer par des sonorités plus douces, des séquences en mode atmosphérique où la voix parlée de Wilson égraine doucement ses paroles. On a clairement changé de registre.

Des titres emblématiques se succèdent, tel le surprenant "Deoxyribonucleic Acid" à la ligne très orientée funky et dont la vraie-fausse montée en puissance ne m’a pas entraîné avec elle, le très Pop Rock "Is That a London Number" avec sa gentille petite ritournelle claviers mais que je n’ai apprécié que pour sa fin en escalade où le ton se durcit (enfin !) ou encore le décevant "The Wondering Kind" qui clôt selon moi cet opus d’une manière qui ne reflète pas vraiment la somme de travail comme la qualité intrinsèque des différentes prestations des musiciens… un chouïa à l’emporte-pièce quoi.

Et pourtant… Et pourtant je le dis et le répète, "The Fish Who Wanted to Be King" est bourré de talent comme de belles choses : une mise en place irréprochable ainsi qu’une cohérence d’ensemble à faire pâlir des plus grands et des plus connus, un mix dynamique et équilibré (on entend toutes les arabesques que commet la basse !) ainsi que certains passages qui valent clairement le détour.
Avec le titre d’ouverture déjà cité, c’est le long et très attrayant "Amnesia 1916" qui m’a attiré dans ses arcanes tant rapides que techniques avec une richesse de plans à faire frémir tous les pros du circuit : les séquences plus lentes ou plus groovy sont bien présentes mais compensent par leur douceur une richesse instrumentale et une science des variations qui amèneraient sans cela le gentil auditeur à une vraie surcharge pondérale. Le dosage est juste et du coup très digeste.

Ce quatrième album studio du talentueux trublion musical qu’est Vivien Lalu matérialise ainsi l’évolution artistique du Français vers un Rock progressif sophistiqué ou l’aspect soft prend clairement le dessus sur une signature à l’origine plus métallique. Loin d’être insipide ou chiant à mourir comme un certain nombre de ses confrères dans le style concerné, "The Fish Who Wanted To Be King" se veut irréprochable en termes de virtuosité instrumentale comme en matière de feeling. C’est beau et ça groove… mais ça n’est plus du Metal ! Mes si délicates oreilles de progueux, même si elles sont toujours attirées par les circonvolutions rythmiques et mélodiques restent ici quand même sur leur faim en matière d’assaisonnement exotique et d’une rugosité dont la brûlure me manque : Trop fin et trop éthéré pour le Haplo d’aujourd’hui !

Nageant la brasse coulée dans mon bassin Pop Rock FM, j’écarte délicatement des monstres qui ont marqué ma jeunesse au fer rouge : TOTO bien sûr, mais également JOURNEY ou encore ASIA sans oublier mon petit Français de cœur avec SINCLAIR. Privés des lunettes qui éclairent leur vie, mes yeux bigleux heurtent soudain la pochette d’un "The Fish Who Wanted to Be King" qui s’inscrit brillamment dans cette lignée… qui n’est plus la mienne aujourd’hui. Le goût est fidèle mais l’envie n’est plus vraiment là. J’inscris un 3/5 nostalgique sur la pochette aux teintes bleutées en souhaitant le meilleur pour l’ami LALU et ses sbires.

- pour l’entrée en trompe-l’œil : "Forever Digital".
- pour le rythme et la technique : "Amnesia 1916".
- pour la curiosité : "A Reversal of Fortune" (instrumental).

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   HAPLO

 
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- Damian Wilson (voix,)
- Joop Wolters (guitares & basse,)
- Vivien Lalu (claviers ,)
- Matt Daniel (claviers, orgue hammond, piano,)
- Jelly Cardarelli (batterie impériale.)


1. Forever Digital
2. The Fish Who Wanted To Be King
3. Deoxyribonucleic Acid
4. Is That A London Number
5. Amnesia 1916
6. A Reversal Of Fortune
7. The Wondering Kind



             



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