Vous savez ce qui est pire que de chroniquer un album pourri ?

Chroniquer un album moyen.

Dit comme ça je peux comprendre que cela puisse sembler contre-intuitif, mais croyez-moi que lorsque l’album en question est aussi homogène qu’un gömböc est stable, on fait vite le tour de ses qualités (et de ses défauts). Alors quand il s’agit en prime d’un album qui a été sollicité dans la boîte à demandes, je me demande si parmi certains d’entre-vous ne se cachent pas quelques petits plaisantins ! Mais si, je vous aime quand même.

"What Horrors Await", sixième album de JUNGLE ROT éblouit ainsi de son éclat tel un lampadaire dans le brouillard et propose une recette aussi éculée qu’elle est efficace : un Death Metal tradi’ sans artifice et à la recherche du riff qui tuera plus fort que les autres. C’est ainsi avec leurs bites et leurs couteaux (de combat) que les Américains partent en guerre non pas pour zigouiller du Vietnamien par dizaines, mais un peu tout le monde dans une frénésie meurtrière incontrôlée. C’est beau la justice sociale. Et tout y passe pour motiver et décrire un tel carnage : l'armageddon, le jugement dernier, les prophètes déchus, le soulèvement de la société contre les élites corrompues, mais attendez…

"A global pandemic, a mass extinction
The end of an age… Devastation" - "End Of An Age"

Nostradamus sors de ce groupe ! Enfin, c’était sans compter sur Pfizer. Bref.

Oui je digresse et je m’écarte du sujet qui vous intéresse, mais comme je vous l’ai dit en préambule, je n’ai rien à raconter sur cette galette ! Eric House, le seul élément muable de la formation (*) fait du tagada-tagada derrière ses fûts, Matrise grogne avec application (il faut le souligner) et les riffs… Disons pour ne pas tergiverser davantage que les riffs de Bub sont terre-à-terre. Pour vous occuper, vous pouvez jouer au jeu des sept erreurs et trouver les autoplagiats plus ou moins flagrants (citons pour illustrer "Speak The Truth" avec "Deadly Force" de l’album "Slaughter The Weak"), ce qui est assez sollicitant niveau concentration au vu de la myriade de titres n’excédant que péniblement les trois minutes de moyenne. Pour l’entraînement cérébral, je préfère les sudokus ou le programme du Docteur Kawashima… Sans rire, ça défile à toute vitesse, et il n’y a que des variantes des trois accords qui se battent en duel !

Si j’arrêtais d’être tête de mule, je pourrais dénicher quelques nuances entre les titres plus groovy à la PANTERA comme "State Of War" ou à l’influence Hardcore sauce East Coast comme "Atrocity", quelques attaques plus catchy par moments (à défaut d’être audacieuses), mais point de soli (hormis sur "Braindead") pour pimenter la sauce, pas plus que de réelle prise de risques outre mesure.

Et attendez… Le "Black Candle Mass" après la cover honorable du DESTRUCTION là, ça ne vous dit pas quelque chose ? Comme un morceau paumé dans "Skin The Living" ? Il faut croire que la réédition de titres est une drôle d’habitude chez les natifs de Kenosha, surtout de titres passe-partout comme le sus-cité… Et là où des subtilités pouvaient mériter l’effort d’être chinées sur les premiers essais, l’homogénéisation du mixage et la standardisation de la démarche n’en demeurent que plus stériles désormais.

Monolithique, compact, protocolaire, et donc par conséquent constant dans l’acceptable, JUNGLE ROT livre un album "ni-ni". Ni rapide ni lent, ni révolutionnaire ni rétrograde, ni bon ni mauvais. Simple. Efficace malgré tout. La note tombe donc sous le sens.

Morceaux préférés : Faut-il vraiment que je m’impose cet exercice ? Bon… Disons "End Of An Age", la cover de "Invisible Force", et "State Of War". Dans un mouchoir de poche avec les onze autres.

- - -

(*) dont les autres membres tiennent bon depuis 2005 jusqu’à aujourd’hui, c’est dire la routine jusqu’au lineup !