Difficile de trouver une trace de la démo de ce premier album des natifs de Kenosha (Wisconsin) sortie en 1995, ou même de son corollaire studio de '96 dont seule la réédition de 2013 ressort - non pas sans anachronisme - sur les plateformes de streaming. Ceci dit, vu la qualité d’enregistrement de son successeur l’année suivante ("Slaughter The Weak"), peut-être est-ce finalement un mal pour un bien !

Cette reissue de 2013, sur laquelle nous nous baserons donc pour cette écoute, bénéficie d’un polissage de rigueur (ce qui n’est pas le cas pour l’artwork, qui resteront d’ailleurs immondes jusqu’aux années 2010) qui va permettre de souligner le Death brut de fonderie qui nous est proposé ici. Brut, mais avec tout de même un sacré soupçon de Groove, permettant à cette galette d’à peine vingt-cinq minutes de nous gratifier de riffs catchy et mémorables. Pour être réducteur, c’est un peu comme si la rythmique d’OBITUARY avait baisé avec les soli de CANNIBAL CORPSE.

Ah oui au fait, JUNGLE ROT tire son nom d’une infection bien crado de la peau qui empire avec l’humidité tropicale, et cette atmosphère exotique est plus que bien transposée au travers des quelques discrets interludes instaurant un air mi-martial, mi-tribal à l’ensemble. C’est ça, ou alors l’artwork du G.I. qui dépèce un autochtone au couteau de combat, je ne sais pas. Quoi qu’il en soit, les rythmes et les ambiances savent s’ajuster avec une relative subtilité entre les titres, muant dans des aspects plus thrashy par moments grâce aux fills bien sentis d’Harte, et d’une basse particulièrement audible asseyant une lourdeur sinistre, comme si la moiteur ambiante transpirait par tous les pores de la galette.

On jongle ainsi entre les titres coup de poing comme "Killing Spree" ou "Demon Souls", vers des éléments plus feutrés dans la limite des stocks disponibles sur "Tomb Of Armenus" ou "Black Candle Mass". On remarquera ainsi l’effort de sémantique réalisé pour assurer la cohérence entre les titres et les rythmes assénés. Mais de façon générale, les coups de plectre de Bell sur sa guitare ne tombent jamais dans la mollesse et violentent l’auditoire tout du long. Finalement, on appréciera la reprise de l’introduction dans l’outro avec son sample aux bruits équatoriaux qui achèveront l’instauration d’une logique d’ensemble dans cet album bien ficelé. Et bon Dieu qu’il vient de loin, si l’on en juge le tout premier E.P. du combo ("Rip Off Your Face") duquel certains titres ont été repris, dans un jus d’origine beaucoup plus… tourbeux dirons-nous pour rester dans le thème ?

En résulte une galette d’excellente facture pour un premier jet studio (bien que le pressage du disque ait dû être fait dans la foulée du bobinage de la cassette audio à l’époque), et que nous ne pouvons en juger que la version remasterisée de presque vingt ans sa cadette. Allez, ne pinaillons point plus, JUNGLE ROT est un autre groupe de Death comme il en existe des pelletées, mais avec ce petit soupçon de Groove qui viendra marquer les esprits de ceux qui prendront le temps de s’y aventurer, et qui concluront logiquement que : "Bah merde, c’est quand même sous-coté comme groupe !".

Morceaux préférés : "Killing Spree", "Demon Souls", "Tomb Of Armenus".