Je pense que cela va finir par se voir que je prends des libertés en chroniquant de plus en plus d’EP. À ma décharge, ces albums succincts font partie intégrante de la vie des groupes, sont souvent les témoins de leur genèse, permettent d'expliquer d’où ils viennent et où ils vont, et méritent donc leur part du gâteau, c’est-à-dire d’être disséqués par votre serviteur, pour le bien de la science évidemment.

Le Crew De NIME : "Non mais Remissa arrête de te foutre de notre gueule, il dure dix minutes ton EP de feignasse-là, tu veux une mise à pied pour insuffisance professionnelle ou quoi ?"

Il fait ONZE minutes d’abord. Et vous en avez pour votre pognon, sans bourse délier, je vous l’assure.

VITRIOL donc, ou V.I.T.R.I.O.L., bien que ce soit très pénible à écrire, fait plutôt référence ironiquement à la formule maçonnique "Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultum Lapidem", et au demeurant un groupe de Death américain, nous gratifie en cette année 2021 d’une réédition sous forme d’EP de leur première démo sortie en 2013. Et non, je ne traduirai pas cette locution latine pour des raisons de prosélytisme évident. L’artwork digne d’un groupe de Black scandinavien a ainsi été troqué pour une jaquette non pas moins cryptique mais tout aussi menaçante, représentant un gros dogue américain gonflé aux hormones et aux babines sanguinolentes concentrant visiblement son Ki façon Dragon Ball sur un fond de château/chapelle en proie aux flammes dans un décor post-apocalyptique. Ouaip, Kamoulox.

"Tu vas arrêter de gagner du temps et de te la jouer Beaux-Arts et la commencer ta putain de chronique qui dure autant de minutes que Philippe Croizon n’a de doigts ?"

OK. Ces trois titres remasterisés avec un réenregistrement du chant de Rasmussen est aussi court qu’il est agressif et brutal. C’était pas dur. Franchissant allègrement les frontières du Death Technique, et sans tomber dans du Brutal de par l’essence de sa composition intense mais assez épurée, "Antichrist" met le pied au plancher de la première à la dernière seconde. Le riffing dudit Rasmussen est véloce et exagérément aigu, incluant de nombreux sweeps et tremolos lui donnant un relief Black, collant parfaitement à la thématique et l’ambiance dispensée. Ainsi, "The Sun Named Moon" dissone tout du long avec sa rythmique assénée en boucle de quelques secondes, "Antichrist" assoit son ambiance maléfique avec des accords en tritons slidés - par définition diaboliques - au sein desquels déboulent des soli fugaces et déconstruits, appuyant le chaos général et assénant volontairement trop d’informations pour notre cerveau, esclave du déluge qui s’abat sur nous.

"Death, Become Me" laisse la part belle à la batterie de Dorfman, remplissant ce qui reste d’espace par son introduction au tempo moins soutenu de blasts et de fills lancinant, et nous permet de percevoir enfin la basse maltraitée par Roethlisberger à grands coups de plectres tel un butor, enivré par la violence ambiante. Un martèlement sourd et perceptible, tellement vif qu’il est difficile de déceler s’il s’agit de gravity blasts ou de slap bouncing/double thumb sur la basse. Et d’un ultime râle, tout s’achève. Ce fut bref, mais intense.

La production générale rappelle HATE ETERNAL, mais avec plus de nervosité, comme si le trio avait fauté avec du Grindcore sauce CATTLE DECAPITATION, et assimilé la folie d’un ANAAL NATHRAKH. Le cocktail est quoi qu’il arrive détonnant, et ces onze minutes valent leur pesant de cacahuètes, si tant est que vous n’y soyez pas allergique. C’est bon, on renouvelle mon contrat les copains ?

"Allez passe ton chemin le bleu, ça ira pour cette fois."

Morceau préféré : "The Sun Named Moon".