REVOLUTION SAINTS était des plus prometteurs quand il émergea des studios d’Alessandro Del Vecchio ; proposant une version un peu plus vitaminée de JOURNEY avec leur batteur-chanteur alors en délicatesse avec la dope, il réunissait deux autres cadors, à savoir Doug Aldrich, dont les saillies dans WHITESNAKE nous manqueront, et la légende Jack Blades. Après ce coup d’éclat initial, le projet, qui mettait toujours plus en valeur Deen Castronovo, est devenu son projet principal, éclipsant au fur et à mesure ses deux camarades, en bonne partie réduits au statut d’exécutants de luxe à peu de choses près. Et il était évident que sur "Rise" il apparaissait que la formule avait vécu.

Ce n’est pas pour rien donc que Del Vecchio et Castronovo ont restructuré le projet avec deux nouvelles recrues très occupées mais qui apportent une plus value, et surtout un bagage plus Heavy. Jeff Pilson, en sus des activités ralentissantes de FOREIGNER, a épaulé Robin McAuley sur les deux très albums de BLACK SWAN. L’ex DOKKEN est régulier en qualité, et il bétonne chaque section rythmique qu’il intègre. Deen est ultra expérimenté, et sa batterie sonne excellement bien, et encore plus Heavy avec Jeff Pilson. Et pour la guitare, le redoutable Joel Hoekstra n’en finit plus de nous épater, avec un niveau de jeu largement au-dessus de la moyenne, et il va littéralement illuminer "Eagle Flight". Il suffit d’écouter le début de "Set Yourself Free" pour s’en convaincre, oui encore le mid-tempo en apparence plan-plan de "I’ll Cry For You Tonight".

Deen Castronovo voulait avec cette nouvelle mouture du groupe (déjà pas feignante, un nouvel opus "Against The Winds" pointant le bout de son nez moins d’un an après "Eagle Flight") s’éloigner de ce côté JOURNEY-like, qui selon moi avait atteint son paroxysme sur "Rise", et pas dans le bon sens du terme. Et "Eagle Flight" malgré son départ en trompe l’œil (la première chose qu’on écoute c’est le piano d’Alessandro) est assurément plus offensif que ses deux prédécesseurs et plus musclé également. Deen Castronovo, quand bien même il doute encore de ses capacités de frontman, possède déjà tout ce qu’il faut en tant que vocaliste de premier plan. Son grain éraillé fait merveille, et quand les refrains sont bons, il les magnifie ("Talking To Strangers" fait décoller l’album dès la deuxième piste).

Et puis même si on dit que tout a déjà été écrit en matière de Hard Mélodique, quand les compos sont bien ficelées, qu’elles sont interprétées avec talent et bon goût, et bien ça ne peut que faire mouche. Entre le jeu multi-facette de Joel et la basse puissante de Jeff, le trio américain, sous la houlette de son boulimique Italien, réussit à relever son défi haut la main. "Talking To Strangers", "Kids Will Be Kids" (même si le titre peine à maintenir la stupeur provoquée par son intro funky à la MR. BIG), "I’ll Cry For You Tonight", "Set Yourself Free", "Sacred", l’album, en plus d’avoir le bon goût d’être compact, ne commet aucune faute, le piano de "Save It All" annonçant un titre certes mesuré, mais bien arrangé, presque MAGNUM dans l’esprit.

Si vous aviez aimé le projet REVOLUTION SAINTS sur son très bon premier album, "Eagle Flight" vient le compléter à merveille, en proposant une version plus plombée et aboutie, enrichie par des musiciens motivés, loin d’avoir dit leur dernier mot. Seul regret, cette pochette qui manque singulièrement d’imagination, et qui semble avoir été créée au même moment que "Light In The Black". Pour inspirer une certaine continuité ?