Voici le retour du roi italien du Metal Progressif moderne, efficace et accessible, mes amis ! Ce que j'appelle couramment du « Metal pour adultes », car quand on a des cheveux gris, on apprécie parfois la musique plus calme nous fournissant notre fix de manière détournée, pas juste frontalement comme un troupeau de musqués. Pour moi, KINGCROW est ce groupe dont les voyants lumineux sont parfaitement alignés et qui ont le pouvoir d'attirer l'attention de tous, métalleux, romantique ou accro à la Pop.

Et comme tout bon combo qui a tout pour lui, KINGCROW parsème sa musique d'irrésistibles vortex. Que ce soit la voix magique de Diego Marchesi, les ambiances feutrées et lumineuses, les passages intenses ou doucereux au synthé de Diego Caffola, ou le mix technicité et lourdeur de la section rythmique, ce huitième disque des Ritals est le buffet ultime pour quiconque a envie de piger comme un porc dans de la bouillie mangeable recherchée. Oui, car du Mathcore ou ce genre de bricole, c'est imbouffable et indigérable (©MefistoDico 2024) pour le con-mun (©MefistoDico 2024) des mortels.

Attention toutefois de flancher en raison de YouTube : le premier clip en renfort de l'album, "Night Drive", n'est pas le morceau le plus marquant, en raison de ce lent début (à croire que c'est une manie chez les groupes Prog de nous foutre trois-quatre minutes de feeling escargot en intro pour ensuite nous balancer la purée), aussi l'auditeur sera-t-il surpris par le reste. Remarquez que la structure de "Night Drive" se répète sur quelques autres réussites du skeud, dont mes préférés "White Rabbit's Hole" et "Hopium", alors je serais con de le passer sous silence. Sauf que, contrairement à un LEPROUS qui abuse de cette formule, l'osmose des Italiens me percute davantage et me fait planer dix fois plus. Je ne crierai pas hourra ! au « Crescendo Metal » (©MefistoDico 2024), mais s'il ne devait en rester qu'un représentant, KINGCROW serait mon choix ! Basta !

Les Italiens ne sont pas abonnés qu'au Crescendo Metal ; ses schémas sont variés et confirment que nous écoutons du Prog avant toute chose. "Parallel Lines" est un excellent fantassin dans le genre, avec ses hostilités lancées rapido, ses couloirs techniques et sa jolie ligne de synthé. Bon, rien n'est souvent parfait, n'est-ce pas ? "Losing Game" me fout un peu la déprime avec ses lyrics et sa trame, malgré ses soubresauts, j'y peux rien… D'ailleurs, dites-moi ce qui vous pue au nez dans les tergiversations de KINGCROW, je suis curieux. Le quintette racle assez large dans son carré de sable limité, alors les réactions contraires peuvent tomber en une pluie assez drue…

Alors que les esprits vont s'échauffer pour des broutilles style « goûts et couleurs », KINGCROW fera (encore) l'unanimité sur la majorité des aspects comptant vraiment pour lui et le Metal Prog de qualité en général : des putains d'instants d'éternité, des expérimentations évitant les explosions, des atmosphères où émotions fortes et malaises de vivre se côtoient sans s'engloutir. Un bel éventail bien ouvert et scintillant, qui aère les neurones de manière thérapeutique et lubrique.

Alors que "The Persistence" m'avait surtout marqué avec sa pièce-titre, "Hopium" risque de s'imprégner plus profondément dans ma mémoire défaillante avec sa collection de perles aux teintes argentées. Un salut bien bas à cet orchestre vétéran dont le brio n'est plus à démontrer. Suffit de l'écouter.

Podium : (or) "White Rabbit's Hole", (argent) "Hopium", (bronze) "Parallel Lines".

Indice de violence : 1,5/5.